Le discours virulent de Wafa Sultan n’a qu’un avantage : il “explose” à la figure des extrémistes.
Wafa Sultan dérange, perturbe, excite toutes les passions et toutes les haines. Depuis les interventions sur Al Jazeera qui ont fait d’elle une célébrité mondiale (la dernière remonte au 8 mars), cette intellectuelle syrienne installée aux Etats-Unis, qui se définit comme “une laïque née musulmane et éduquée comme telle”, est l’objet de multiples condamnations à mort émises par une foultitude d’extrémistes. Depuis, sa famille a du déménager dans un lieu secret, et elle est sous la protection permanente du FBI.
Ce qu’on lui reproche, c’est d’avoir dit, très ouvertement et à visage découvert, ce qu’elle pensait de l’islam : en gros, que c’est “une religion fondamentalement violente qui maintient ses adeptes dans l’incapacité d’utiliser leur raison”, et que, plutôt qu’un “choc des civilisations”, ce que nous vivons aujourd’hui est un “choc entre la civilisation (occidentale) et l’arriération (musulmane)”. Dans l’interview exclusive qu’elle accorde cette semaine à TelQuel (sans que, pour autant, nous endossions tous ses propos), Wafa Sultan déclare sans ambages que “l’islam, en tant que dispositif religieux, est le premier et le dernier responsable de la faillite intellectuelle des musulmans”. Qu’en sait-elle ? “Je le sais, puisque j’ai étudié les exégèses du Coran et les livres de science islamique de A à Z”. C’est là-dessus que je ne suis pas d’accord. Sans lui renier son intelligence, Mme Sultan pèche tout de même par immodestie. Personne ne peut prétendre avoir lu les ouvrages de sciences religieuses “de A à Z”. Le cumul de tels ouvrages est tel, en 14 siècles d’histoire de l’Islam, que c’est tout bonnement impossible. Aujourd’hui encore, selon qu’on soit sunnite ou chiite, adepte du rite malékite ou hanafite, du salafisme de Mohammed Abdou ou de celui d'Ibn Taïmiya, on aura des visions radicalement différentes, et radicalement opposées, de ce qu’est vraiment l’islam. Les extrémistes me crispent tout autant que les rêveurs qui font le tour des plateaux télé pour expliquer que “l’islam est une religion de paix et d’amour”. L’islam est tout et son contraire, tout dépend des références.
Voilà pourquoi (on finit toujours par y revenir) la laïcité est le cadre de vie idéal pour maintenir la paix civile : que la vie en société soit régie par des règles humaines, rationnelles, équilibrées. Et que les exégètes – les illuminés comme les béats – continuent à s’étriper jusqu’à la fin des temps, s’ils le veulent, dans des cénacles qui leur seront réservés. On verra s’ils finiront par s’entendre un jour. Les chrétiens et les juifs, pour info, n’y sont toujours pas arrivés.
À la différence près (et elle est de taille) qu’elle n’a jamais prêché la violence contre personne, Wafa Sultan est aussi une extrémiste. Comme celui de ses adversaires, son discours est virulent et sans nuances. Il n’a en fait qu’un “avantage” : il secoue les intégristes et, pour ainsi dire, leur “explose” à la figure. Ses interventions sur Al Jazeera (Internet en regorge) sont des morceaux d’anthologie. Généralement, dans les débats opposant intégristes et “modérés” (dans l’interview qu’elle nous accorde, Mme Sultan donne d’ailleurs une définition très intéressante à ce concept), les seconds se font systématiquement manger tout crus par les premiers. Parce que les premiers hurlent plus fort, qu’ils menacent comme ils respirent, et qu’ils font facilement peur. Wafa Sultan, elle, ne s’en laisse compter par personne. à l’outrance, elle répond par une outrance équivalente. Du coup elle crée la polémique et dans les esprits de beaucoup, le doute. Or le doute a été le point de départ de Descartes, l’inventeur du rationalisme moderne. Le doute est toujours le point de départ des remises en question. Et l’islam, comme les musulmans, ont désespérément besoin d’une remise en question.
TELQUEL
=== MODERATION ===
Indiquez des titres explicites pour vos sujets de discussions, svp : http://www.algerie-dz.com/forums/faq...edaction_topic
Wafa Sultan dérange, perturbe, excite toutes les passions et toutes les haines. Depuis les interventions sur Al Jazeera qui ont fait d’elle une célébrité mondiale (la dernière remonte au 8 mars), cette intellectuelle syrienne installée aux Etats-Unis, qui se définit comme “une laïque née musulmane et éduquée comme telle”, est l’objet de multiples condamnations à mort émises par une foultitude d’extrémistes. Depuis, sa famille a du déménager dans un lieu secret, et elle est sous la protection permanente du FBI.
Ce qu’on lui reproche, c’est d’avoir dit, très ouvertement et à visage découvert, ce qu’elle pensait de l’islam : en gros, que c’est “une religion fondamentalement violente qui maintient ses adeptes dans l’incapacité d’utiliser leur raison”, et que, plutôt qu’un “choc des civilisations”, ce que nous vivons aujourd’hui est un “choc entre la civilisation (occidentale) et l’arriération (musulmane)”. Dans l’interview exclusive qu’elle accorde cette semaine à TelQuel (sans que, pour autant, nous endossions tous ses propos), Wafa Sultan déclare sans ambages que “l’islam, en tant que dispositif religieux, est le premier et le dernier responsable de la faillite intellectuelle des musulmans”. Qu’en sait-elle ? “Je le sais, puisque j’ai étudié les exégèses du Coran et les livres de science islamique de A à Z”. C’est là-dessus que je ne suis pas d’accord. Sans lui renier son intelligence, Mme Sultan pèche tout de même par immodestie. Personne ne peut prétendre avoir lu les ouvrages de sciences religieuses “de A à Z”. Le cumul de tels ouvrages est tel, en 14 siècles d’histoire de l’Islam, que c’est tout bonnement impossible. Aujourd’hui encore, selon qu’on soit sunnite ou chiite, adepte du rite malékite ou hanafite, du salafisme de Mohammed Abdou ou de celui d'Ibn Taïmiya, on aura des visions radicalement différentes, et radicalement opposées, de ce qu’est vraiment l’islam. Les extrémistes me crispent tout autant que les rêveurs qui font le tour des plateaux télé pour expliquer que “l’islam est une religion de paix et d’amour”. L’islam est tout et son contraire, tout dépend des références.
Voilà pourquoi (on finit toujours par y revenir) la laïcité est le cadre de vie idéal pour maintenir la paix civile : que la vie en société soit régie par des règles humaines, rationnelles, équilibrées. Et que les exégètes – les illuminés comme les béats – continuent à s’étriper jusqu’à la fin des temps, s’ils le veulent, dans des cénacles qui leur seront réservés. On verra s’ils finiront par s’entendre un jour. Les chrétiens et les juifs, pour info, n’y sont toujours pas arrivés.
À la différence près (et elle est de taille) qu’elle n’a jamais prêché la violence contre personne, Wafa Sultan est aussi une extrémiste. Comme celui de ses adversaires, son discours est virulent et sans nuances. Il n’a en fait qu’un “avantage” : il secoue les intégristes et, pour ainsi dire, leur “explose” à la figure. Ses interventions sur Al Jazeera (Internet en regorge) sont des morceaux d’anthologie. Généralement, dans les débats opposant intégristes et “modérés” (dans l’interview qu’elle nous accorde, Mme Sultan donne d’ailleurs une définition très intéressante à ce concept), les seconds se font systématiquement manger tout crus par les premiers. Parce que les premiers hurlent plus fort, qu’ils menacent comme ils respirent, et qu’ils font facilement peur. Wafa Sultan, elle, ne s’en laisse compter par personne. à l’outrance, elle répond par une outrance équivalente. Du coup elle crée la polémique et dans les esprits de beaucoup, le doute. Or le doute a été le point de départ de Descartes, l’inventeur du rationalisme moderne. Le doute est toujours le point de départ des remises en question. Et l’islam, comme les musulmans, ont désespérément besoin d’une remise en question.
TELQUEL
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