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La faim et les marchés financiers

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    Moins d’une année après l’emballement du marché mondial des céréales, les premières émeutes sérieuses de la faim s’étendent en Afrique. Cette semaine, c’est au tour, après le Burkina Faso, le Cameroun, le Zimbabwe et d’autres, du Sénégal de connaître les manifestations de foules menacées dans leur subsistance. Au même moment, en Europe, les anti-OGM redoublent d’activisme. En France, des hommes politiques dénoncent «l’ampleur des pressions qui frisent parfois les tentatives d’intimidation». D’autres assurent que «jamais nous n’avons été autant matraqués par les anti-OGM». D’autres, enfin, parlent carrément de «menaces».

    Les poids lourds de la communication mondiale s’acharnent à mettre au compte de nouvelles habitudes alimentaires des Chinois dont le pays connaît un formidable développement économique, le déséquilibre entre l’offre et la demande céréalière, qui explique, selon eux, la flambée des prix. Alors que la production des biocarburants se poursuit et va même crescendo, enveloppée du silence indécent des repus de la terre. Des repus qui ne sont tout de même pas à l’abri des autres formes d’inflation qui convulsent le monde. Les Etats-Unis font face à une crise financière sans précédent. L’Europe se démène comme elle peut pour retarder et espérer amortir les effets, à longue portée, des «subprimes».

    La planète tout entière est en proie à un terrorisme financier qui n’en est qu’à ses premières actions. Un terrorisme qui utilise des mécanismes d’une rare complexité pour mettre à genoux des puissances économiques parmi les plus fortes comme les USA, l’Allemagne et la France. Seule la Grande-Bretagne semble, pour l’instant, hors de portée.

    Si les grandes puissances, structurées en ensembles, disposent de moyens relativement forts pour se battre contre les multiples tentacules de la pieuvre, sur le continent africain, il en va tout autrement. L’Union africaine n’est pas encore cet ensemble homogène et bien structuré qui aurait permis de se mesurer au défi. Les pays de ce continent aux ressources naturelles d’une extrême richesse comme le pétrole, l’or, le diamant, l’uranium et on en passe, ont été, depuis leur décolonisation, plus convoités par leurs anciens colonisateurs, qui ont, circonstances obligent, adopté une nouvelle démarche d’aliénation, qu’aidés dans leur développement. Face à ce constat, on mesure mieux l’intérêt de ce nouveau mécanisme qu’est le Nepad avec lequel l’Afrique veut s’en sortir. Malheureusement, le continent accuse un énorme déficit difficile à combler à court ou moyen terme. C’est précisément sur le temps que ces adversaires comptent agir.

    Du Biafra et du Katanga, hier, au pétrole du Nigeria aujourd’hui en passant par la crise du Darfour, sans oublier la décennie noire infligée à notre pays, les régions d’Afrique à riche potentiel ont toutes connu des conflits à même de les maintenir dans le sous-développement. L’histoire retiendra que les pays occidentaux, les anciennes puissances colonisatrices en tête, ont diaboliquement orchestré ces conflits. La subtilité de leurs interventions, comme l’ingérence humanitaire ou la démocratie contre l’aide au développement, ne pourra en aucun cas masquer leur implication.

    La pression exercée sur les produits alimentaires sur le marché mondial est faite pour durer. Ce qui veut dire que le pire reste à venir. La guerre civile mondiale que certains s’évertuent à vouloir attribuer aux changements climatiques n’est que pure diversion. Elle ne pourra être engendrée que par la faim causée par la production des biocarburants. Et demain par la soif qui suivra l’inévitable guerre de l’eau. Les signes avant-coureurs sont éblouissants. Malheur à ceux qui ne les auront pas vu venir!

    Par Zouhir MEBARKI, l'Expression
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