Interview.
Fouad Mourtada. “Je ne regrette rien”
Après un mois et demi d’emprisonnement, Fouad Mourtada, le faux prince de Facebook, a enfin été libéré sur grâce royale. Joint par TelQuel au lendemain de sa libération, le jeune ingénieur, pas encore remis de son séjour carcéral, livre ses premières impressions.
Vous venez d’être gracié par le roi, après avoir passé 43 jours à la prison de Oukacha. Vous êtes soulagé ?
Oui, c’est sûr ! Cet épisode a été difficile à vivre. Je vais beaucoup mieux, mais je reste éprouvé. Je voudrais d'abord remercier le roi pour
avoir remis les choses à leur place. Je remercie aussi toutes les personnes qui m’ont soutenu, en premier lieu ma famille, les associations de défense des droits de l’homme, les internautes et la presse. Je tiens aussi à remercier mon avocat Ali Amar, et, plus généralement, tous ceux qui ont compris, dès le début, que je n’avais rien fait de mal.
Quand avez-vous appris votre libération ?
C’était mardi soir. J’étais dans ma cellule, quand le directeur de la prison m’a convoqué pour m’annoncer que le roi m’avait gracié.
Votre famille a dû être ravie d’apprendre la nouvelle…
Ma famille n’était au courant de rien. Quand je suis sorti de prison, personne ne m'attendait. J’ai pris un taxi pour me rendre à mon appartement. Ce n’est qu’une fois sur place que j’ai passé un coup de fil à ma famille, pour leur dire que j’étais libre. Evidemment, ils étaient très heureux.
À quoi pensiez-vous quand vous étiez en prison ?
J’essayais de positiver. Certains de mes codétenus m’ont aidé. Ils étaient eux aussi convaincus de mon innocence.
À ce propos, comment se sont-ils comportés avec vous ?
À Oukacha, j’ai été emprisonné avec des détenus de droit commun. Disons que je n’étais pas serein. Je craignais pour ma sécurité. Certains avaient un comportement violent. Mais bon, on finit par s’adapter. C’était vivable. Les deux dernières semaines, j’ai été transféré dans une autre aile de la prison. Là-bas, les prisonniers étaient plus respectueux.
Qu’avez-vous fait depuis votre libération ?
Dès le lendemain, j’ai rejoint les miens à Rabat, pour passer la fête du Mouloud et le week-end en famille. J'ai envie de me reposer et de réorganiser ma vie.
Comptez-vous retravailler ?
Pas tout de suite, en tout cas. Pour l’instant, je compte faire une sorte de pause.
Votre employeur est-il prêt à vous réintégrer ?
Tout le long de mon incarcération, mon patron m’a soutenu. Je garde une excellente relation avec lui.
D’après votre avocat, la direction de la prison ne vous a remis aucun document attestant votre libération. Qu’en est-il ?
C’est exact. On ne m'a rien remis du tout.
Pourquoi, selon vous ?
Je ne suis pas vraiment au fait des pratiques administratives. On m’a dit que j’étais libre et que je pouvais sortir. Cela me suffisait.
Finalement, pourquoi avoir créé un profil au nom du prince Moulay Rachid ?
Pour la simple raison que j’admire le prince. Je ne pensais pas mal faire. Je souhaitais que tous les fans de Moulay Rachid sur Facebook puissent accéder à cette page sur le Net, et exprimer eux aussi leur admiration. À aucun moment, je n'ai imaginé que cela puisse être interprété comme une usurpation d’identité.
Si vous aviez l’occasion de rencontrer le prince Moulay Rachid, vous lui diriez quoi aujourd’hui ?
Je lui dirais mon admiration inconditionnelle. Je reste persuadé qu’il n’a rien à voir avec ce qui c’est passé.
Certains vous ont accusé d’avoir créé ce profil à mauvais escient. Que leur répondez-vous ?
Que je n’ai jamais rien fait de mal avec ce profil. Le seul message que j’ai envoyé était un smiley, point. Je n’ai rien à me reprocher.
Donc vous ne regrettez pas votre geste ?
Je ne regrette rien, si ce n’est la mauvaise interprétation qui a été faite de mon geste.
Comment avez-vous vécu votre période d’emprisonnement ?
Difficilement. J’ai d’abord été kidnappé en pleine rue, puis maltraité. On m’a frappé, craché dessus. Mes yeux étaient bandés. Je crois d’ailleurs qu’on m’a emmené hors de Casablanca. Mais je suis incapable de vous dire où exactement. Mon calvaire a duré plus de 36 heures, durant lesquelles je n’ai rien eu à manger ni à boire. J'avais même perdu la notion du temps, si bien que mercredi soir (Ndlr : le lendemain de son enlèvement), je pensais qu’on était encore mardi. Ces 36 heures sont passées sans que je ne m’en rende compte.
Que vous reprochaient vos geôliers ?
À mon avis, rien du tout. Je pense qu'ils savaient dès le départ que je n’avais rien fait de mal.
Envisagez-vous de porter plainte contre ceux qui vous ont torturé ?
Pour cela, j'ai besoin de preuves et je n’en ai aucune.
Fouad Mourtada. “Je ne regrette rien”
Après un mois et demi d’emprisonnement, Fouad Mourtada, le faux prince de Facebook, a enfin été libéré sur grâce royale. Joint par TelQuel au lendemain de sa libération, le jeune ingénieur, pas encore remis de son séjour carcéral, livre ses premières impressions.
Vous venez d’être gracié par le roi, après avoir passé 43 jours à la prison de Oukacha. Vous êtes soulagé ?
Oui, c’est sûr ! Cet épisode a été difficile à vivre. Je vais beaucoup mieux, mais je reste éprouvé. Je voudrais d'abord remercier le roi pour
Quand avez-vous appris votre libération ?
C’était mardi soir. J’étais dans ma cellule, quand le directeur de la prison m’a convoqué pour m’annoncer que le roi m’avait gracié.
Votre famille a dû être ravie d’apprendre la nouvelle…
Ma famille n’était au courant de rien. Quand je suis sorti de prison, personne ne m'attendait. J’ai pris un taxi pour me rendre à mon appartement. Ce n’est qu’une fois sur place que j’ai passé un coup de fil à ma famille, pour leur dire que j’étais libre. Evidemment, ils étaient très heureux.
À quoi pensiez-vous quand vous étiez en prison ?
J’essayais de positiver. Certains de mes codétenus m’ont aidé. Ils étaient eux aussi convaincus de mon innocence.
À ce propos, comment se sont-ils comportés avec vous ?
À Oukacha, j’ai été emprisonné avec des détenus de droit commun. Disons que je n’étais pas serein. Je craignais pour ma sécurité. Certains avaient un comportement violent. Mais bon, on finit par s’adapter. C’était vivable. Les deux dernières semaines, j’ai été transféré dans une autre aile de la prison. Là-bas, les prisonniers étaient plus respectueux.
Qu’avez-vous fait depuis votre libération ?
Dès le lendemain, j’ai rejoint les miens à Rabat, pour passer la fête du Mouloud et le week-end en famille. J'ai envie de me reposer et de réorganiser ma vie.
Comptez-vous retravailler ?
Pas tout de suite, en tout cas. Pour l’instant, je compte faire une sorte de pause.
Votre employeur est-il prêt à vous réintégrer ?
Tout le long de mon incarcération, mon patron m’a soutenu. Je garde une excellente relation avec lui.
D’après votre avocat, la direction de la prison ne vous a remis aucun document attestant votre libération. Qu’en est-il ?
C’est exact. On ne m'a rien remis du tout.
Pourquoi, selon vous ?
Je ne suis pas vraiment au fait des pratiques administratives. On m’a dit que j’étais libre et que je pouvais sortir. Cela me suffisait.
Finalement, pourquoi avoir créé un profil au nom du prince Moulay Rachid ?
Pour la simple raison que j’admire le prince. Je ne pensais pas mal faire. Je souhaitais que tous les fans de Moulay Rachid sur Facebook puissent accéder à cette page sur le Net, et exprimer eux aussi leur admiration. À aucun moment, je n'ai imaginé que cela puisse être interprété comme une usurpation d’identité.
Si vous aviez l’occasion de rencontrer le prince Moulay Rachid, vous lui diriez quoi aujourd’hui ?
Je lui dirais mon admiration inconditionnelle. Je reste persuadé qu’il n’a rien à voir avec ce qui c’est passé.
Certains vous ont accusé d’avoir créé ce profil à mauvais escient. Que leur répondez-vous ?
Que je n’ai jamais rien fait de mal avec ce profil. Le seul message que j’ai envoyé était un smiley, point. Je n’ai rien à me reprocher.
Donc vous ne regrettez pas votre geste ?
Je ne regrette rien, si ce n’est la mauvaise interprétation qui a été faite de mon geste.
Comment avez-vous vécu votre période d’emprisonnement ?
Difficilement. J’ai d’abord été kidnappé en pleine rue, puis maltraité. On m’a frappé, craché dessus. Mes yeux étaient bandés. Je crois d’ailleurs qu’on m’a emmené hors de Casablanca. Mais je suis incapable de vous dire où exactement. Mon calvaire a duré plus de 36 heures, durant lesquelles je n’ai rien eu à manger ni à boire. J'avais même perdu la notion du temps, si bien que mercredi soir (Ndlr : le lendemain de son enlèvement), je pensais qu’on était encore mardi. Ces 36 heures sont passées sans que je ne m’en rende compte.
Que vous reprochaient vos geôliers ?
À mon avis, rien du tout. Je pense qu'ils savaient dès le départ que je n’avais rien fait de mal.
Envisagez-vous de porter plainte contre ceux qui vous ont torturé ?
Pour cela, j'ai besoin de preuves et je n’en ai aucune.
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