RAFAH, bande de Gaza
- L'armée égyptienne s'est retirée dans la nuit de la frontière avec la bande de Gaza, près de la localité palestinienne de Rafah, permettant à des milliers de Gazaouis de pénétrer en Egypte sans rencontrer d'opposition, ont rapporté des témoins.Vendredi, des activistes palestiniens avaient ouvert avec un bulldozer une nouvelle brèche dans le mur séparant les deux territoires et des heurts avaient opposé les soldats égyptiens à la foule, faisant plusieurs blessés.
Samedi matin, des dizaines de camions et de voitures portant des plaques d'immatriculation de Gaza ont franchi la frontière pour aller chercher en Egypte des vivres et du carburant, conséquence du blocus imposé par Israéliens au petit territoire palestinien contrôlé depuis juin par les islamistes du Hamas.
Aucun soldat égyptien n'était en vue. Une source proche des services de sécurité a déclaré que les militaires avaient reçu l'ordre du Caire de se retirer et d'éviter tout affrontement avec les Palestiniens.
"Je vais en Egypte chercher du diesel. Il n'y en a pas dans les stations-service de Rafah, alors il faut en acheter sur le marché noir", explique au volant de son taxi Abou Djihad, 48 ans, de Khan Younès, dans le sud de la bande de Gaza.
Mohamed Ali al Chahed, un pharmacien de 32 ans, ramène, lui, des médicaments commandés en Egypte et dont le blocus israélien empêchait la livraison. "Cela faisait sept mois que je n'avais pas de nouveaux médicaments", dit-il.
L'agence de presse égyptienne MENA rapporte que 22 membres des services de sécurité égyptiens ont été blessés vendredi en tentant de contenir la foule. Sur place, on fait état de sept blessés, six atteints par des jets de pierre, un septième blessé au pied par une balle.
ABBAS VA DEMANDER À OLMERT LA LEVÉE DU BLOCUS
Selon une source proche des services de sécurité égyptiens, l'ordre aurait été reçu de laisser la frontière ouverte pendant au moins trois jours.
Le président de l'Autorité palestinienne Mahmoud Abbas, qui doit rencontrer dimanche le Premier ministre israélien Ehud Olmert, lui demandera de mettre fin au blocus de la bande de Gaza, décidé après de nouveaux tirs de roquettes sur le sud d'Israël, a-t-on appris samedi de source palestinienne à Ramallah, en Cisjordanie.
Il lui demandera aussi la levée immédiate des restrictions de mouvements imposées aux Palestiniens en Cisjordanie occupée, avec la levée des barrages, a-t-on ajouté.
L'Egypte avait entrepris vendredi de colmater les brèches ouvertes quarante-huit heures plus tôt dans le "mur" de métal et de béton qui la sépare de la bande de Gaza au niveau de la localité de Rafah mais des activistes palestiniens ont ouvert une nouvelle brèche en se servant d'un bulldozer.
Depuis mercredi, des dizaines de milliers de Gazaouis ont profité des trouées pratiquées à coup d'explosif par des activistes du Hamas pour contourner le blocus imposé par Israël.
La chute du mur de Rafah a porté un coup aux efforts d'Israël et des Etats-Unis pour asphyxier le Hamas dans l'étroite bande côtière surpeuplée qui lui sert de citadelle et pour renforcer la main du président palestinien Mahmoud Abbas replié sur la Cisjordanie.
Le gouvernement égyptien est confronté à un dilemme. Il ne veut pas donner l'impression d'aider le blocus israélien mais il est soumis à des pressions américaines et israéliennes pour reprendre le contrôle de la situation. Il redoute également la contagion islamiste ainsi que les conséquences de l'arrivée sur son territoire d'un grand nombre de Palestiniens sans papier.
Avec Mohamed Yousouf à Rafah et Wafa Amr à Ramallah, version française Guy Kerivel.
Par William Rasmussen.
Sources.LeMonde/Reuters.
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