Surentraînés, surarmés, surpayés… Les gardes du corps de Mohammed VI sont pourtant au cœur de multiples scandales. Et ils n’arrêtent pas de changer. Plongée dans les arcanes de la sécurité royale, un corps en permanente implosion depuis 8 ans.
Samedi 6 octobre 2007. Un bruit court dans les couloirs de tous les états-majors du pays. Mohammed VI aurait limogé une trentaine de ses gardes du corps personnels. Certains appartiendraient même au premier cercle de sécurité du monarque. La raison de ce remue-ménage ? Le roi, comme on nous l'a expliqué, aurait surpris l'un
de ses bodyguards… en pleine discussion téléphonique à l'intérieur du palais royal de Fès. Grosse colère de Sa Majesté ! “Ce n'est pas la première fois que le roi opère des changements sérieux dans sa sécurité rapprochée, mais il est assez rare que sa colère s'abatte sur autant de personnes à la fois”, explique un militaire à la retraite, qui a également servi dans la sécurité royale sous Hassan II.
L'usage du GSM serait-il interdit dans les appartements privés de la famille royale ? “Oui et depuis toujours. Un téléphone portable peut aujourd'hui servir à beaucoup de choses comme prendre une photo ou actionner une charge explosive. Son usage est interdit aux invités du Palais, la règle est donc également valable pour le personnel”, affirme un habitué des palais royaux.
Fin novembre, un autre “scandale”, largement relayé par la presse, éclate au grand jour : des membres de l'entourage royal auraient divulgué des informations sur les itinéraires empruntés par le souverain dans ses déplacements. “Ces informations tombent régulièrement dans l'oreille des demandeurs d'agréments ou de services en tous genres, qui peuvent obstruer dangereusement le passage du roi”, explique notre source. Un risque (pour la sécurité royale) aussi important qu'inutile. “Les itinéraires et les horaires de déplacements du roi sont des informations strictement confidentielles. Les divulguer revient à mettre en danger la vie et la sécurité du monarque”, confirme notre source.
Résultat des courses : une vingtaine de personnes sont finalement arrêtées et présentées à la justice. On les soupçonne d'appartenir à un réseau spécialisé dans la “commercialisation” des agréments glanés aux passages du roi et destinés, a priori, aux nécessiteux… “Tous ceux qui accostent le roi ne sont pas sincères. Certains demandent, et obtiennent, des agréments mais au nom d'autres personnes, qui ne sont pas dans le besoin”, explique notre interlocuteur. Ce qui est sûr, c'est que la “mafia” des agréments a pu bénéficier de plusieurs collaborations avant d'accéder aux itinéraires du roi dans ses déplacements publics. Plusieurs fonctionnaires des palais et des résidences royales et princières sont montrés du doigt, même si aucun garde personnel du roi n'est directement accusé. Mais le mal est fait et, en attendant d'y voir plus clair, des bodyguards sont mis au placard. “Le souverain recevait depuis quelques mois déjà des rapports peu flatteurs concernant son service de sécurité. Lorsqu'il a surpris deux de ses collaborateurs accrochés à des téléphones portables à Fès, ses doutes n'ont fait que se préciser. C'est pour cela qu'il a opéré une purge générale en attendant une clarification des rôles et des responsabilités des uns et des autres”, explique une source proche de l'enquête judiciaire.
En se propageant, l'information a alimenté les rumeurs les plus folles. Le téléphone arabe prête à Khalid Fikri, celui qui suit Mohammed VI comme son ombre, d'être “interné” à l'Académie de police de Kénitra. Soumis à la même procédure de recyclage, Mohamed Mehrad serait interné dans un autre centre où, comble de l'humiliation, des matons zélés lui auraient rasé le crâne. Et Fikri comme Mehrad se seraient, à plusieurs reprises, jetés aux pieds de Mohammed VI pour demander pardon, en vain !
Vrai, faux ? “C'est exactement le genre de ragots qui amusent les collaborateurs du roi. Khalid Fikri a certes été obligé de suivre un stage de recyclage à l'Académie de Kénitra. Mais c'était juste pour la forme. Il ne faisait d'ailleurs que pointer à 10 heures du matin pour disparaître au volant de sa berline quelques minutes plus tard. Quant à Mehrad, sa crinière poivre et sel se porte à merveille”, ironise un familier du Palais.
Dans les faits, Fikri est vite réapparu aux côtés de Mohammed VI lors de sa dernière tournée dans la région de Guelmim. “C'est devenu habituel que le roi révoque puis réintègre ses gardes du corps. Ce qui est en revanche nouveau, c'est que ces mouvements deviennent un sujet public. Sous Hassan II, on ne connaissait que l’haj Mediouri. Aujourd'hui, Fikri, Jaïdi, Mehrad et les autres sont devenus des personnalités publiques. Sur les photos, ils sont de plus en plus visibles. Lors des déplacements du roi, ils orchestrent un véritable show autour de Mohammed VI. Tout cela ne passe pas inaperçu chez le grand public”, analyse un parlementaire, qui s'intéresse aux questions sécuritaires.
L'intronisation de Mohammed VI en 1999 a en effet constitué un tournant majeur dans l'histoire de la sécurité royale au Maroc. Relativement discret sous l'ère Hassan II, le département a gagné en “visibilité” avec l'avènement du nouveau règne. Car Mohammed VI multiplie les tournées à travers les quatre coins du pays, cadençant ses visites de fréquents bains de foule. Et, fatalement, on finit par faire attention à ses gardes du corps, dont la présence devient de plus en plus spectaculaire. Jeunes, baraqués, équipés d'oreillettes, les men in black aux costards bien coupés semblent directement sortis d'une production hollywoodienne. Sur les forums de discussion du Web, ils déchaînent les passions. On décortique leurs méthodes de déploiement autour du roi, on commente leurs gestes, on s'attarde sur la “beau-gosse-attitude” des uns ou des autres, on remarque les absences, les retours, les mises à l'écart, les changements de look, etc.
Samedi 6 octobre 2007. Un bruit court dans les couloirs de tous les états-majors du pays. Mohammed VI aurait limogé une trentaine de ses gardes du corps personnels. Certains appartiendraient même au premier cercle de sécurité du monarque. La raison de ce remue-ménage ? Le roi, comme on nous l'a expliqué, aurait surpris l'un
de ses bodyguards… en pleine discussion téléphonique à l'intérieur du palais royal de Fès. Grosse colère de Sa Majesté ! “Ce n'est pas la première fois que le roi opère des changements sérieux dans sa sécurité rapprochée, mais il est assez rare que sa colère s'abatte sur autant de personnes à la fois”, explique un militaire à la retraite, qui a également servi dans la sécurité royale sous Hassan II.
L'usage du GSM serait-il interdit dans les appartements privés de la famille royale ? “Oui et depuis toujours. Un téléphone portable peut aujourd'hui servir à beaucoup de choses comme prendre une photo ou actionner une charge explosive. Son usage est interdit aux invités du Palais, la règle est donc également valable pour le personnel”, affirme un habitué des palais royaux.
Fin novembre, un autre “scandale”, largement relayé par la presse, éclate au grand jour : des membres de l'entourage royal auraient divulgué des informations sur les itinéraires empruntés par le souverain dans ses déplacements. “Ces informations tombent régulièrement dans l'oreille des demandeurs d'agréments ou de services en tous genres, qui peuvent obstruer dangereusement le passage du roi”, explique notre source. Un risque (pour la sécurité royale) aussi important qu'inutile. “Les itinéraires et les horaires de déplacements du roi sont des informations strictement confidentielles. Les divulguer revient à mettre en danger la vie et la sécurité du monarque”, confirme notre source.
Résultat des courses : une vingtaine de personnes sont finalement arrêtées et présentées à la justice. On les soupçonne d'appartenir à un réseau spécialisé dans la “commercialisation” des agréments glanés aux passages du roi et destinés, a priori, aux nécessiteux… “Tous ceux qui accostent le roi ne sont pas sincères. Certains demandent, et obtiennent, des agréments mais au nom d'autres personnes, qui ne sont pas dans le besoin”, explique notre interlocuteur. Ce qui est sûr, c'est que la “mafia” des agréments a pu bénéficier de plusieurs collaborations avant d'accéder aux itinéraires du roi dans ses déplacements publics. Plusieurs fonctionnaires des palais et des résidences royales et princières sont montrés du doigt, même si aucun garde personnel du roi n'est directement accusé. Mais le mal est fait et, en attendant d'y voir plus clair, des bodyguards sont mis au placard. “Le souverain recevait depuis quelques mois déjà des rapports peu flatteurs concernant son service de sécurité. Lorsqu'il a surpris deux de ses collaborateurs accrochés à des téléphones portables à Fès, ses doutes n'ont fait que se préciser. C'est pour cela qu'il a opéré une purge générale en attendant une clarification des rôles et des responsabilités des uns et des autres”, explique une source proche de l'enquête judiciaire.
En se propageant, l'information a alimenté les rumeurs les plus folles. Le téléphone arabe prête à Khalid Fikri, celui qui suit Mohammed VI comme son ombre, d'être “interné” à l'Académie de police de Kénitra. Soumis à la même procédure de recyclage, Mohamed Mehrad serait interné dans un autre centre où, comble de l'humiliation, des matons zélés lui auraient rasé le crâne. Et Fikri comme Mehrad se seraient, à plusieurs reprises, jetés aux pieds de Mohammed VI pour demander pardon, en vain !
Vrai, faux ? “C'est exactement le genre de ragots qui amusent les collaborateurs du roi. Khalid Fikri a certes été obligé de suivre un stage de recyclage à l'Académie de Kénitra. Mais c'était juste pour la forme. Il ne faisait d'ailleurs que pointer à 10 heures du matin pour disparaître au volant de sa berline quelques minutes plus tard. Quant à Mehrad, sa crinière poivre et sel se porte à merveille”, ironise un familier du Palais.
Dans les faits, Fikri est vite réapparu aux côtés de Mohammed VI lors de sa dernière tournée dans la région de Guelmim. “C'est devenu habituel que le roi révoque puis réintègre ses gardes du corps. Ce qui est en revanche nouveau, c'est que ces mouvements deviennent un sujet public. Sous Hassan II, on ne connaissait que l’haj Mediouri. Aujourd'hui, Fikri, Jaïdi, Mehrad et les autres sont devenus des personnalités publiques. Sur les photos, ils sont de plus en plus visibles. Lors des déplacements du roi, ils orchestrent un véritable show autour de Mohammed VI. Tout cela ne passe pas inaperçu chez le grand public”, analyse un parlementaire, qui s'intéresse aux questions sécuritaires.
L'intronisation de Mohammed VI en 1999 a en effet constitué un tournant majeur dans l'histoire de la sécurité royale au Maroc. Relativement discret sous l'ère Hassan II, le département a gagné en “visibilité” avec l'avènement du nouveau règne. Car Mohammed VI multiplie les tournées à travers les quatre coins du pays, cadençant ses visites de fréquents bains de foule. Et, fatalement, on finit par faire attention à ses gardes du corps, dont la présence devient de plus en plus spectaculaire. Jeunes, baraqués, équipés d'oreillettes, les men in black aux costards bien coupés semblent directement sortis d'une production hollywoodienne. Sur les forums de discussion du Web, ils déchaînent les passions. On décortique leurs méthodes de déploiement autour du roi, on commente leurs gestes, on s'attarde sur la “beau-gosse-attitude” des uns ou des autres, on remarque les absences, les retours, les mises à l'écart, les changements de look, etc.
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