Des Irakiennes condamnées à se prostituer en Syrie
RÉFUGIÉS : Un million et demi d'Irakiens sont actuellement réfugiés en Syrie. Dans ce pays où le marché de l'emploi est déjà saturé, certains en sont réduits à accepter n'importe quel travail. Surtout depuis que Damas leur a interdit de travailler.
Elles attirent tous les regards. S'exhibant en habits ultramoulants au milieu de femmes voilées de la tête aux pieds, un groupe d'adolescentes irakiennes crée un choc dans Jaramana, un des quartiers les plus conservateurs de Damas. Leur présence témoigne d'une conséquence du chaos irakien encore méconnue: la prostitution.
Un exil misérable a forcé des milliers de femmes, dont des centaines de mineures, à vendre leur corps afin de survivre. Leurs clients, principalement des Syriens, profiteront de l'occasion pour s'offrir des soirées agréables à peu de frais. Les réseaux de proxénétisme en Syrie et dans les pays environnants se sont en effet développés à une vitesse spectaculaire depuis le début de la guerre en 2003.
Le phénomène prend une telle ampleur que Zeina, une jeune journaliste syrienne, a effectué un reportage pour prouver à ses compatriotes que toutes les Irakiennes ne se prostituent pas. Cette tragédie jette donc plus encore l'opprobre sur la communauté syrienne; de nombreux Syriens les accusent déjà d'avoir provoqué l'augmentation des prix du logement et de la nourriture.
Le recours croissant à cette activité n'étonne pas la porte-parole de l'UNHCR en Syrie, Astrid van Genderen Stort. La responsable note que l'énorme majorité d'entre eux arrive dans le pays dans un dénouement total. «Dans les sociétés arabes, les hommes sont les piliers économiques de la famille. La guerre détruit les réseaux de solidarité, privant les femmes de soutien et de protection. Ce bouleversement les force à chercher n'importe quel moyen de survie.»
Femmes célibataires de moins de 35 ans refoulées
Une nouvelle loi, décidée il y a quelques semaines, stipule qu'aucune femme de moins de 35 ans n'a le droit d'entrer en Syrie sans un homme de sa famille, afin de lutter contre le phénomène. Mais selon Hassan Al Malik*, directeur d'un centre pour les droits humains, cette législation est absurde. «Ce sont parfois leurs pères, frères ou époux qui les poussent à se vendre.»
Le gouvernement a en effet récemment interdit aux Irakiens de travailler et ne leur accorde aucune aide financière. La République craint que ce million et demi d'exilés ne cherche à rester, ce qui menacerait l'équilibre démographique de la Syrie. Ces mesures précipitent des milliers de familles dans une existence totalement précaire. Dépendant de leurs économies ou de la générosité de leurs proches à l'étranger, il ne leur reste souvent qu'à accepter n'importe quel travail au noir, quitte à se retrouver par la suite au ban de la société.
Car faire le tapin, dans cette communauté patriarcale fortement conservatrice, est synonyme d'une déchéance dont celles qui en sont victimes ne se relèveront jamais. «Aucune femme de leur famille ne pourra se marier. Salies, elles n'ont aucune chance de réintégrer leur clan», souligne Hassan Al Malik.
Une loi interdit aux femmes de faire le trottoir; invisibles au public, leur drame reste donc secret. La prostitution reste cantonnée dans des night-clubs contrôlés par les services de renseignements syriens, qui veillent scrupuleusement à ce que silence soit gardé sur ce phénomène
. Le militant souligne que faire connaître ce drame totalement tabou aurait des conséquences politiques incalculables. «Parler de l'exploitation sexuelle des réfugiées alors que le président Al Assaad vante l'hospitalité de la Syrie mettrait en lumière ses véritables motivations. Accueillir les Irakiens est en fait un bon moyen d'obtenir une contrepartie en pétrole, de faire pression sur les USA et l'Union européenne et de redorer son blason dans le monde arabe.»:22:
La tribune de Genève
RÉFUGIÉS : Un million et demi d'Irakiens sont actuellement réfugiés en Syrie. Dans ce pays où le marché de l'emploi est déjà saturé, certains en sont réduits à accepter n'importe quel travail. Surtout depuis que Damas leur a interdit de travailler.
Elles attirent tous les regards. S'exhibant en habits ultramoulants au milieu de femmes voilées de la tête aux pieds, un groupe d'adolescentes irakiennes crée un choc dans Jaramana, un des quartiers les plus conservateurs de Damas. Leur présence témoigne d'une conséquence du chaos irakien encore méconnue: la prostitution.
Un exil misérable a forcé des milliers de femmes, dont des centaines de mineures, à vendre leur corps afin de survivre. Leurs clients, principalement des Syriens, profiteront de l'occasion pour s'offrir des soirées agréables à peu de frais. Les réseaux de proxénétisme en Syrie et dans les pays environnants se sont en effet développés à une vitesse spectaculaire depuis le début de la guerre en 2003.
Le phénomène prend une telle ampleur que Zeina, une jeune journaliste syrienne, a effectué un reportage pour prouver à ses compatriotes que toutes les Irakiennes ne se prostituent pas. Cette tragédie jette donc plus encore l'opprobre sur la communauté syrienne; de nombreux Syriens les accusent déjà d'avoir provoqué l'augmentation des prix du logement et de la nourriture.
Le recours croissant à cette activité n'étonne pas la porte-parole de l'UNHCR en Syrie, Astrid van Genderen Stort. La responsable note que l'énorme majorité d'entre eux arrive dans le pays dans un dénouement total. «Dans les sociétés arabes, les hommes sont les piliers économiques de la famille. La guerre détruit les réseaux de solidarité, privant les femmes de soutien et de protection. Ce bouleversement les force à chercher n'importe quel moyen de survie.»
Femmes célibataires de moins de 35 ans refoulées
Une nouvelle loi, décidée il y a quelques semaines, stipule qu'aucune femme de moins de 35 ans n'a le droit d'entrer en Syrie sans un homme de sa famille, afin de lutter contre le phénomène. Mais selon Hassan Al Malik*, directeur d'un centre pour les droits humains, cette législation est absurde. «Ce sont parfois leurs pères, frères ou époux qui les poussent à se vendre.»
Le gouvernement a en effet récemment interdit aux Irakiens de travailler et ne leur accorde aucune aide financière. La République craint que ce million et demi d'exilés ne cherche à rester, ce qui menacerait l'équilibre démographique de la Syrie. Ces mesures précipitent des milliers de familles dans une existence totalement précaire. Dépendant de leurs économies ou de la générosité de leurs proches à l'étranger, il ne leur reste souvent qu'à accepter n'importe quel travail au noir, quitte à se retrouver par la suite au ban de la société.
Car faire le tapin, dans cette communauté patriarcale fortement conservatrice, est synonyme d'une déchéance dont celles qui en sont victimes ne se relèveront jamais. «Aucune femme de leur famille ne pourra se marier. Salies, elles n'ont aucune chance de réintégrer leur clan», souligne Hassan Al Malik.
Une loi interdit aux femmes de faire le trottoir; invisibles au public, leur drame reste donc secret. La prostitution reste cantonnée dans des night-clubs contrôlés par les services de renseignements syriens, qui veillent scrupuleusement à ce que silence soit gardé sur ce phénomène

La tribune de Genève
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