Parler arabe en France? Nabil Wakim raconte la "triple honte" des enfants d'immigrés
Journaliste au "Monde", Nabil Wakim publie "L'Arabe pour tous", un essai intime et politique sur la difficulté de s'approprier sa langue maternelle en France.
IMMIGRATION - “Papa, pourquoi tu as perdu ta langue?” La question a été posée par la petite fille de cinq ans du journaliste Nabil Wakim, né au Liban et arrivé en France à peu près au même âge. Aux Éditions du Seuil, cet expert Énergie pour le journal Le Monde publie “L’Arabe pour tous, pourquoi ma langue est taboue en France”. Un essai intime et politique sur les enfants d’immigrés d’origine arabe. Avec du Najat Vallaud-Belkacem et du Myriam El Khomri dedans.
Pourquoi Nabil Wakim a-t-il perdu sa langue maternelle? Et pourquoi de nombreuses personnalités, comme les deux anciennes ministres, ou encore la chanteuse Camélia Jordana, la journaliste Nassira El Moaddem et bien d’autres, portent-elles cette contradiction en elles? À savoir: avoir parlé la langue arabe plus jeune avant de la perdre. Pire, se retrouver quasiment incapable de la réapprendre plus tard.
La triple honte de la langue arabe
Pour y répondre, l’auteur plonge dans son enfance. Né de parents immigrés du Liban, Nabil Wakim imagine adolescent que l’insertion vaut mieux que la conservation de sa culture d’origine. Et que les deux ne sont pas compatibles. L’arabe, “c’était la langue du pauvre”, explique-t-il au HuffPost, la langue de la maison, celle des ordres maternels, celle utilisée pour parler tout bas du conflit libanais...Il se plonge dans la littérature française, interdit à ses parents de parler arabe à la sortie de l’école et perd petit à petit complètement sa langue qu’il comprenait et parlait facilement plus jeune.
C’est à l’âge adulte que Nabil Wakim le réalise. En mission au Moyen-Orient, il est incapable de parler à ses interlocuteurs, incapable d’apprendre sa langue, incapable de la transmettre à sa fille. “Je suis paralysé en quelque sorte”, confie-t-il. Et c’est la honte inverse qui l’envahit lorsqu’il constate que des personnes sans origine arabe pratiquent bien mieux la langue que lui.
Alors que le projet de loi sur le séparatisme fait des émules en France et que le débat sur l’apprentissage de l’arabe à l’école fait rage à nouveau, l’auteur prône une réappropriation des langues issues de l’immigration. L’arabe, c’est “une langue de France”, pense le journaliste, pas une langue de l’Islam et encore moins une langue de terroristes...
Parlée par quatre millions de personnes en France, la langue arabe devient pour Nabil Wakim “un trésor qu’on pourrait chérir tous ensemble”. Et pas seulement une ligne de plus, valorisée sur le CV de milliers d’étudiants des grandes écoles.
Journaliste au "Monde", Nabil Wakim publie "L'Arabe pour tous", un essai intime et politique sur la difficulté de s'approprier sa langue maternelle en France.
IMMIGRATION - “Papa, pourquoi tu as perdu ta langue?” La question a été posée par la petite fille de cinq ans du journaliste Nabil Wakim, né au Liban et arrivé en France à peu près au même âge. Aux Éditions du Seuil, cet expert Énergie pour le journal Le Monde publie “L’Arabe pour tous, pourquoi ma langue est taboue en France”. Un essai intime et politique sur les enfants d’immigrés d’origine arabe. Avec du Najat Vallaud-Belkacem et du Myriam El Khomri dedans.
Pourquoi Nabil Wakim a-t-il perdu sa langue maternelle? Et pourquoi de nombreuses personnalités, comme les deux anciennes ministres, ou encore la chanteuse Camélia Jordana, la journaliste Nassira El Moaddem et bien d’autres, portent-elles cette contradiction en elles? À savoir: avoir parlé la langue arabe plus jeune avant de la perdre. Pire, se retrouver quasiment incapable de la réapprendre plus tard.
La triple honte de la langue arabe
Pour y répondre, l’auteur plonge dans son enfance. Né de parents immigrés du Liban, Nabil Wakim imagine adolescent que l’insertion vaut mieux que la conservation de sa culture d’origine. Et que les deux ne sont pas compatibles. L’arabe, “c’était la langue du pauvre”, explique-t-il au HuffPost, la langue de la maison, celle des ordres maternels, celle utilisée pour parler tout bas du conflit libanais...Il se plonge dans la littérature française, interdit à ses parents de parler arabe à la sortie de l’école et perd petit à petit complètement sa langue qu’il comprenait et parlait facilement plus jeune.
C’est à l’âge adulte que Nabil Wakim le réalise. En mission au Moyen-Orient, il est incapable de parler à ses interlocuteurs, incapable d’apprendre sa langue, incapable de la transmettre à sa fille. “Je suis paralysé en quelque sorte”, confie-t-il. Et c’est la honte inverse qui l’envahit lorsqu’il constate que des personnes sans origine arabe pratiquent bien mieux la langue que lui.
Alors que le projet de loi sur le séparatisme fait des émules en France et que le débat sur l’apprentissage de l’arabe à l’école fait rage à nouveau, l’auteur prône une réappropriation des langues issues de l’immigration. L’arabe, c’est “une langue de France”, pense le journaliste, pas une langue de l’Islam et encore moins une langue de terroristes...
Parlée par quatre millions de personnes en France, la langue arabe devient pour Nabil Wakim “un trésor qu’on pourrait chérir tous ensemble”. Et pas seulement une ligne de plus, valorisée sur le CV de milliers d’étudiants des grandes écoles.
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