EL WATAN
ZINE CHERFAOUI 30 MAI 2019
Des observateurs notent que Mohammed VI est plus proche des Israéliens que des Palestiniens. Du temps du roi Hassan II, Tel-Aviv avait beaucoup conseillé le Maroc sur la gestion du conflit du Sahara occidental.
Le gendre et conseiller de Donald Trump, Jared Kushner, en tournée régionale pour trouver des appuis à son plan de paix israélo-palestinien, a rencontré mardi à Rabat le roi du Maroc, Mohammed VI. Ses prochaines étapes seront la Jordanie et Israël. Pourquoi Mohammed VI ? Il préside le Comité Al Qods qui regroupe les soutiens arabes de la cause palestinienne et dont le but est d’œuvrer à la préservation du patrimoine religieux, culturel et urbanistique de la Ville sainte.
C’est donc à ce titre que Jared Kushner à demander à le rencontrer. Dans les faits, le Comité Al Qods ne pèse cependant pas grand-chose. Il ne s’est distingué par aucune action digne d’être signalée en près d’un demi-siècle d’existence. Le Maroc se sert surtout de ce comité, créé à l’initiative de l’Organisation de la conférence islamique, comme d’un outil diplomatique d’appoint.
Quelle position adoptera Mohammed VI vis-à-vis de la feuille de route de Jared Kushner, décriée par les Palestiniens ? Il devrait soutenir la démarche américaine et lâcher les Palestiniens, estiment des observateurs. En échange, poursuivent-ils, le roi du Maroc pourrait demander un coup de pouce de Washington dans le dossier du conflit du Sahara occidental. Mohammed VI, assure-t-on, n’hésitera pas à faire dans la vente concomitante.
L’hypothèse se tient, d’autant que les Etats-Unis sont devenus, au fil des années, un acteur crucial des discussions sur l’avenir du Sahara occidental. Un acteur qui plus est soutient encore le droit du peuple sahraoui à l’autodétermination. Et du Sahara occidental il est en a été forcément question puisque, selon un porte-parole du palais royal marocain, les discussions entre Mohammed VI et Jared Kushner ont porté sur le «renforcement du partenariat stratégique entre les Etats-Unis et le Maroc et des développements que connaît la région de l’Afrique du Nord et du Moyen-Orient».
Les mêmes observateurs notent que Mohammed VI est plus proche des Israéliens que des Palestiniens. Du temps du roi Hassan II, rappellent-ils, Tel-Aviv a beaucoup conseillé aussi le Maroc sur la gestion du conflit du Sahara occidental. Ce n’est d’ailleurs pas un hasard si les spécialistes évoquent des similitudes entre les conflits sahraoui et palestino-israélien. Yahia Zoubi, directeur de recherche en géopolitique à la Kedge Business School, estime à ce propos que le conflit du Sahara occidental a été «israélisé» pour imposer une situation d’occupation de fait.
«L’israélisation du conflit du Sahara occidental consiste à acquérir des territoires, faire une colonisation de peuplement et faire en sorte que ce genre d’occupation soit agréé par la communauté internationale», a-t-il souligné lundi lors d’un colloque intitulé «Le Sahara occidental : actualités d’une question ancienne», organisé à Amiens, en France. C’est le même procédé utilisé par les Israéliens depuis 1967 pour s’accaparer des terres palestiniennes.
Le Maroc risque bien d’être le seul pays de la Ligue arabe à soutenir le plan de paix de Jared Kushner, qui a récemment fait l’objet d’un rejet du roi Salmane d’Arabie Saoudite. Quant à eux, les Palestiniens boycottent l’administration américaine depuis décembre 2017, date à laquelle le président Donald Trump a rompu avec des décennies de consensus en reconnaissant Al Qods comme capitale d’Israël.
Ils considèrent la partie orientale de la ville comme la capitale de l’Etat auquel ils aspirent et ont rejeté par avance le plan de paix américain, considérant l’administration Trump pro-israélienne. L’autre raison du refus palestiniens est que Jared Kushner – que son beau-père a chargé de parvenir à «l’accord ultime» entre Israéliens et Palestiniens – refuse de parler de la solution dite «à deux Etats», pourtant au cœur de la diplomatie internationale depuis des années. Les Palestiniens le soupçonnent donc de vouloir tuer leur rêve d’avoir un jour leur propre Etat.
– Les Palestiniens scandalisés
Le volet économique du plan de paix américain pour le conflit israélo-palestinien doit être dévoilé les 25 et 26 juin prochain lors d’une conférence internationale à Manama. Quels pays y participeront ? La question, cruciale pour le devenir de ce plan dont le contenu politique n’a toujours pas été dévoilé, fait l’objet d’intenses spéculations.
Si les Emirats arabes unis ont confirmé leur présence, les Palestiniens ont, sans surprise, confirmé qu’il ne faudrait pas compter sur eux. Intitulé «De la paix à la prospérité», le rendez-vous de Bahreïn doit réunir, outre des responsables gouvernementaux, des représentants de la société civile et du monde des affaires.
Selon la Présidence américaine, il s’agit d’une opportunité pour «encourager le soutien à des investissements et initiatives économiques potentiels qui pourraient être rendus possibles par un accord de paix».
Mais les Palestiniens ont dénoncé avec force, par la voix de Saëb Erakat, secrétaire général de l’Organisation de libération de la Palestine (OLP), les tentatives visant à promouvoir «une normalisation économique de l’occupation israélienne de la Palestine». «Notre objectif n’est pas d’améliorer les conditions de vie sous l’occupation, mais d’atteindre le plein potentiel de la Palestine en mettant fin à l’occupation israélienne», a-t-il martelé. A. Z.
ZINE CHERFAOUI 30 MAI 2019
Des observateurs notent que Mohammed VI est plus proche des Israéliens que des Palestiniens. Du temps du roi Hassan II, Tel-Aviv avait beaucoup conseillé le Maroc sur la gestion du conflit du Sahara occidental.
Le gendre et conseiller de Donald Trump, Jared Kushner, en tournée régionale pour trouver des appuis à son plan de paix israélo-palestinien, a rencontré mardi à Rabat le roi du Maroc, Mohammed VI. Ses prochaines étapes seront la Jordanie et Israël. Pourquoi Mohammed VI ? Il préside le Comité Al Qods qui regroupe les soutiens arabes de la cause palestinienne et dont le but est d’œuvrer à la préservation du patrimoine religieux, culturel et urbanistique de la Ville sainte.
C’est donc à ce titre que Jared Kushner à demander à le rencontrer. Dans les faits, le Comité Al Qods ne pèse cependant pas grand-chose. Il ne s’est distingué par aucune action digne d’être signalée en près d’un demi-siècle d’existence. Le Maroc se sert surtout de ce comité, créé à l’initiative de l’Organisation de la conférence islamique, comme d’un outil diplomatique d’appoint.
Quelle position adoptera Mohammed VI vis-à-vis de la feuille de route de Jared Kushner, décriée par les Palestiniens ? Il devrait soutenir la démarche américaine et lâcher les Palestiniens, estiment des observateurs. En échange, poursuivent-ils, le roi du Maroc pourrait demander un coup de pouce de Washington dans le dossier du conflit du Sahara occidental. Mohammed VI, assure-t-on, n’hésitera pas à faire dans la vente concomitante.
L’hypothèse se tient, d’autant que les Etats-Unis sont devenus, au fil des années, un acteur crucial des discussions sur l’avenir du Sahara occidental. Un acteur qui plus est soutient encore le droit du peuple sahraoui à l’autodétermination. Et du Sahara occidental il est en a été forcément question puisque, selon un porte-parole du palais royal marocain, les discussions entre Mohammed VI et Jared Kushner ont porté sur le «renforcement du partenariat stratégique entre les Etats-Unis et le Maroc et des développements que connaît la région de l’Afrique du Nord et du Moyen-Orient».
Les mêmes observateurs notent que Mohammed VI est plus proche des Israéliens que des Palestiniens. Du temps du roi Hassan II, rappellent-ils, Tel-Aviv a beaucoup conseillé aussi le Maroc sur la gestion du conflit du Sahara occidental. Ce n’est d’ailleurs pas un hasard si les spécialistes évoquent des similitudes entre les conflits sahraoui et palestino-israélien. Yahia Zoubi, directeur de recherche en géopolitique à la Kedge Business School, estime à ce propos que le conflit du Sahara occidental a été «israélisé» pour imposer une situation d’occupation de fait.
«L’israélisation du conflit du Sahara occidental consiste à acquérir des territoires, faire une colonisation de peuplement et faire en sorte que ce genre d’occupation soit agréé par la communauté internationale», a-t-il souligné lundi lors d’un colloque intitulé «Le Sahara occidental : actualités d’une question ancienne», organisé à Amiens, en France. C’est le même procédé utilisé par les Israéliens depuis 1967 pour s’accaparer des terres palestiniennes.
Le Maroc risque bien d’être le seul pays de la Ligue arabe à soutenir le plan de paix de Jared Kushner, qui a récemment fait l’objet d’un rejet du roi Salmane d’Arabie Saoudite. Quant à eux, les Palestiniens boycottent l’administration américaine depuis décembre 2017, date à laquelle le président Donald Trump a rompu avec des décennies de consensus en reconnaissant Al Qods comme capitale d’Israël.
Ils considèrent la partie orientale de la ville comme la capitale de l’Etat auquel ils aspirent et ont rejeté par avance le plan de paix américain, considérant l’administration Trump pro-israélienne. L’autre raison du refus palestiniens est que Jared Kushner – que son beau-père a chargé de parvenir à «l’accord ultime» entre Israéliens et Palestiniens – refuse de parler de la solution dite «à deux Etats», pourtant au cœur de la diplomatie internationale depuis des années. Les Palestiniens le soupçonnent donc de vouloir tuer leur rêve d’avoir un jour leur propre Etat.
– Les Palestiniens scandalisés
Le volet économique du plan de paix américain pour le conflit israélo-palestinien doit être dévoilé les 25 et 26 juin prochain lors d’une conférence internationale à Manama. Quels pays y participeront ? La question, cruciale pour le devenir de ce plan dont le contenu politique n’a toujours pas été dévoilé, fait l’objet d’intenses spéculations.
Si les Emirats arabes unis ont confirmé leur présence, les Palestiniens ont, sans surprise, confirmé qu’il ne faudrait pas compter sur eux. Intitulé «De la paix à la prospérité», le rendez-vous de Bahreïn doit réunir, outre des responsables gouvernementaux, des représentants de la société civile et du monde des affaires.
Selon la Présidence américaine, il s’agit d’une opportunité pour «encourager le soutien à des investissements et initiatives économiques potentiels qui pourraient être rendus possibles par un accord de paix».
Mais les Palestiniens ont dénoncé avec force, par la voix de Saëb Erakat, secrétaire général de l’Organisation de libération de la Palestine (OLP), les tentatives visant à promouvoir «une normalisation économique de l’occupation israélienne de la Palestine». «Notre objectif n’est pas d’améliorer les conditions de vie sous l’occupation, mais d’atteindre le plein potentiel de la Palestine en mettant fin à l’occupation israélienne», a-t-il martelé. A. Z.
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