Avancées politiques1. Les femmes ont des droits
Les Marocaines ont désormais des droits, et plus seulement des devoirs. Ce simple constat vaut tous les discours dans une société où la femme a toujours été lésée par un Code de la Famille résolument phallocrate. Elévation de l’âge du mariage à 18 ans, levée de la tutelle, quasi-interdiction de la polygamie, divorce consensuel, dispositions garantissant les droits de l’enfant et surtout avènement du principe de l’égalité entre l’homme et la femme… voilà les avancées révolutionnaires
consacrées par le nouveau Code de la Famille. Grâce au roi Mohammed VI. Poids de la tradition oblige, les mentalités mettront du temps à s’adapter. Mais un retour en arrière est désormais impossible.
2. La reine a un visage
Les harems royaux où pullulent épouses et concubines, c’est fini ! Dorénavant, la femme du roi a un nom, Salma Bennani, un titre, princesse royale (à défaut de reine)… et un visage. Depuis son mariage, elle n’a cessé de faire la Une des journaux et des magazines, au Maroc et ailleurs. La starisation de la "reine du Maroc" va de pair avec l’officialisation du "couple royal". On les voit ensemble pendant les grands évènements culturels, comme le festival du film de Marrakech. La médiatisation de la vie privée de Lalla Salma, faite avec doigté par nos confrères d’Al Jarida Al Oukhra, leur a valu la colère du Monsieur protocole du Palais. Preuve que la modernité d’une fille du peuple (elle est d’origine modeste) peut chambouler les pesanteurs les plus immuables.
3. La monarchie n’est plus un tabou...
On connaît désormais le salaire du roi, et même le budget annuel de la famille royale dans ses moindre détails. On connaît aussi les plats favoris de Lalla Salma, épouse du roi, et le parfum qu’elle préfère. Sur un registre moins privé, on sait aussi les penchants républicains de Abdellah Zaâzaâ et, depuis peu, de Nadia Yassine. Il est donc possible d’être ouvertement contre la monarchie, et de rester vivant et en liberté. Il est même possible d’être pour, et de penser qu’elle n’est pas gérée de la meilleure manière. Le roi prend une décision discutable ? Elle est aussitôt discutée, sans langue de bois (ou presque). Pour faire court, la ligne rouge " monarchie " a volé en éclats dès la mort de Hassan II. C’est un grand, un très grand acquis démocratique.
4. ... L’armée non plus
Dans la liste des responsables d'actes de tortures et d'assassinats politiques, publiée par l'Association Marocaine des Droits de l'Homme, on trouve une bonne dizaine de hauts gradés militaires. Aucun des journaux qui ont osé publier la liste n’a eu à subir les foudres de la grande muette, généralement très prompte à réagir dès que l’un des siens est touché. Aujourd’hui, on évoque volontiers et sans complexes la fortune colossale des Bennani, Kadiri et autres Benslimane. Le caractère "sacré" de l’armée, établi de facto par Hassan II au lendemain des deux putschs, avait pour objectif de laisser les officiers s’enrichir dans l’impunité la plus totale. Aujourd’hui, Mohammed VI semble avoir décidé, sans jeter en pâture ses officiers supérieurs, d’en faire de hauts fonctionnaires comme les autres.
5. ... le Sahara encore moins
Officiellement, c’est toujours notre cause nationale n°1. Mais le sujet n’est plus tabou du tout. Aujourd’hui, tout le monde ou presque a un avis sur la question et des propositions audacieuses sont même formulées par quelques intellectuels, hommes politiques et groupes de réflexion. Polisario n’est plus un mot interdit, pas plus que la revendication indépendantiste. Récemment, l’état a même rallié les partis politiques à sa nouvelle stratégie de défense de la marocanité du Sahara. C’est une première. Encore faut-il espérer que les responsables de ces partis ne soient pas frileux et ne croient pas qu’ils ne sont là que pour "réaffirmer la marocanité de cette partie indivisible de notre chère patrie".
6. Des Marocains refusent d’embrasser la main du roi
"Le responsable du protocole m’a demandé de me plier à l’étiquette, mais j’ai suivi mon éthique personnelle. Le roi n’en a pas semblé offensé". Celui qui parle est un membre de l’Institut Royal de la Culture Amazighe, dont tous les administrateurs, reçus au Palais, avaient décidé de s’abstenir d’embrasser la main du roi. Ils ne sont pas les seuls. Bien avant eux, des intellectuels, écrivains, et artistes reçus par Mohammed VI lui avaient serré la main, les yeux dans les yeux. Parmi les ministres, seul feu Abderrazak Mossadek, digne jusqu’au bout, n’a jamais cédé à la pression du protocole. Pour le reste, les audacieux sont rares. Mais le refus du baisemain, passeport de la citoyenneté, est en progrès.
7. L’islam est repensé
Grand séminaire à la fondation Abdelaziz sur "la relecture du Coran", série de conférences de Rachid Benzine sur "les nouveaux penseurs de l’Islam", retour du même Benzine pour un débat très civilisé avec le leader islamiste Saâd Eddine Othmani à Casa, refonte de la politique religieuse de l’état après le 16 mai, mise en place d’une instance chargée de centraliser les fatwas, nouveau cursus de formation des imams, ouvert sur les sciences humaines et les autres religions… Officiellement, l’islam idéologique cède le pas à une approche pragmatique, qui veut faire du roi le garant d’un islam renouvelable. Ce n’est pas encore gagné, mais c’est en cours. Et c’est très bien.
Les Marocaines ont désormais des droits, et plus seulement des devoirs. Ce simple constat vaut tous les discours dans une société où la femme a toujours été lésée par un Code de la Famille résolument phallocrate. Elévation de l’âge du mariage à 18 ans, levée de la tutelle, quasi-interdiction de la polygamie, divorce consensuel, dispositions garantissant les droits de l’enfant et surtout avènement du principe de l’égalité entre l’homme et la femme… voilà les avancées révolutionnaires

2. La reine a un visage
Les harems royaux où pullulent épouses et concubines, c’est fini ! Dorénavant, la femme du roi a un nom, Salma Bennani, un titre, princesse royale (à défaut de reine)… et un visage. Depuis son mariage, elle n’a cessé de faire la Une des journaux et des magazines, au Maroc et ailleurs. La starisation de la "reine du Maroc" va de pair avec l’officialisation du "couple royal". On les voit ensemble pendant les grands évènements culturels, comme le festival du film de Marrakech. La médiatisation de la vie privée de Lalla Salma, faite avec doigté par nos confrères d’Al Jarida Al Oukhra, leur a valu la colère du Monsieur protocole du Palais. Preuve que la modernité d’une fille du peuple (elle est d’origine modeste) peut chambouler les pesanteurs les plus immuables.
3. La monarchie n’est plus un tabou...
On connaît désormais le salaire du roi, et même le budget annuel de la famille royale dans ses moindre détails. On connaît aussi les plats favoris de Lalla Salma, épouse du roi, et le parfum qu’elle préfère. Sur un registre moins privé, on sait aussi les penchants républicains de Abdellah Zaâzaâ et, depuis peu, de Nadia Yassine. Il est donc possible d’être ouvertement contre la monarchie, et de rester vivant et en liberté. Il est même possible d’être pour, et de penser qu’elle n’est pas gérée de la meilleure manière. Le roi prend une décision discutable ? Elle est aussitôt discutée, sans langue de bois (ou presque). Pour faire court, la ligne rouge " monarchie " a volé en éclats dès la mort de Hassan II. C’est un grand, un très grand acquis démocratique.
4. ... L’armée non plus
Dans la liste des responsables d'actes de tortures et d'assassinats politiques, publiée par l'Association Marocaine des Droits de l'Homme, on trouve une bonne dizaine de hauts gradés militaires. Aucun des journaux qui ont osé publier la liste n’a eu à subir les foudres de la grande muette, généralement très prompte à réagir dès que l’un des siens est touché. Aujourd’hui, on évoque volontiers et sans complexes la fortune colossale des Bennani, Kadiri et autres Benslimane. Le caractère "sacré" de l’armée, établi de facto par Hassan II au lendemain des deux putschs, avait pour objectif de laisser les officiers s’enrichir dans l’impunité la plus totale. Aujourd’hui, Mohammed VI semble avoir décidé, sans jeter en pâture ses officiers supérieurs, d’en faire de hauts fonctionnaires comme les autres.
5. ... le Sahara encore moins
Officiellement, c’est toujours notre cause nationale n°1. Mais le sujet n’est plus tabou du tout. Aujourd’hui, tout le monde ou presque a un avis sur la question et des propositions audacieuses sont même formulées par quelques intellectuels, hommes politiques et groupes de réflexion. Polisario n’est plus un mot interdit, pas plus que la revendication indépendantiste. Récemment, l’état a même rallié les partis politiques à sa nouvelle stratégie de défense de la marocanité du Sahara. C’est une première. Encore faut-il espérer que les responsables de ces partis ne soient pas frileux et ne croient pas qu’ils ne sont là que pour "réaffirmer la marocanité de cette partie indivisible de notre chère patrie".
6. Des Marocains refusent d’embrasser la main du roi
"Le responsable du protocole m’a demandé de me plier à l’étiquette, mais j’ai suivi mon éthique personnelle. Le roi n’en a pas semblé offensé". Celui qui parle est un membre de l’Institut Royal de la Culture Amazighe, dont tous les administrateurs, reçus au Palais, avaient décidé de s’abstenir d’embrasser la main du roi. Ils ne sont pas les seuls. Bien avant eux, des intellectuels, écrivains, et artistes reçus par Mohammed VI lui avaient serré la main, les yeux dans les yeux. Parmi les ministres, seul feu Abderrazak Mossadek, digne jusqu’au bout, n’a jamais cédé à la pression du protocole. Pour le reste, les audacieux sont rares. Mais le refus du baisemain, passeport de la citoyenneté, est en progrès.
7. L’islam est repensé
Grand séminaire à la fondation Abdelaziz sur "la relecture du Coran", série de conférences de Rachid Benzine sur "les nouveaux penseurs de l’Islam", retour du même Benzine pour un débat très civilisé avec le leader islamiste Saâd Eddine Othmani à Casa, refonte de la politique religieuse de l’état après le 16 mai, mise en place d’une instance chargée de centraliser les fatwas, nouveau cursus de formation des imams, ouvert sur les sciences humaines et les autres religions… Officiellement, l’islam idéologique cède le pas à une approche pragmatique, qui veut faire du roi le garant d’un islam renouvelable. Ce n’est pas encore gagné, mais c’est en cours. Et c’est très bien.
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