Quel est le réel potentiel de l’exploration gazière et pétrolière au Maroc ? C’est pour répondre à cette question que la Chambre de commerce britannique a organisé, mardi 13 novembre, une conférence-débat en présence notamment de la DG de l’ONHYM Amin Benkhadra, ainsi que des directeurs de Sound Energy Maroc et de Clarke Energy.
Après des années de prospection, le Maroc demeure sous-exploré par les compagnies pétrolières: « le nombre total de puits forés à fin juin 2017 est de 340, dont 43 en offshore. Soit une densité moyenne de 4 forages par 1.000 km², contre 10 par 100 km² à l’échelle mondiale » précise d’emblée Amina Benkhadra, directrice de l’ONHYM. Au total, le Maroc dénombre également 800 sites à fort potentiel, qui mériteraient d’être sondés.
Malgré la modestie des forages, des résultats prometteurs ont été enregistrés. Surtout dans la région de l’Oriental, à Tendrara (province de Figuig). La production de ce site débutera dès 2021, suite à l’obtention par le Britannique Sound Energy, en septembre dernier, d’une concession de 25 ans auprès de l’Onhym.
D’autres sites laissent augurer d’intéressantes perspectives, telles que présentées par Amina Benkhadra. Car si le Maroc s’est résolument engagé en faveur des énergies renouvelables, les combustibles fossiles ont encore de beaux jours devant eux. Représentant actuellement 86% de l’énergie mondiale, ces combustibles auront toujours la cote à l’horizon 2050 – assurant 75% de la demande mondiale en énergie. Avec certes un repli du pétrole et du charbon, parallèlement à la montée en puissance du gaz naturel.
« Afin de sécuriser l'approvisionnement en énergie, le Maroc a fait le choix d’un mix énergétique ouvert. C’est pour cette raison que nous œuvrons à renforcer la prospection dans les bassins sédimentaires du Royaume. C’est un secteur risqué et très capitalistique, où 95% des investissements ont été réalisés par des partenaires étrangers », précise la DG de l’Onhym.
A ce jour, l’activité de prospection au Maroc compte 15 partenaires internationaux, disposant de 86 permis de recherche. Les investissements consentis par ces compagnies s’élèvent à 27,5 milliards de dollars, sur la période 2000-2018. L’Etat peut prétendre à un maximum de 25% au titre des redevances d’exploitation, et des mesures incitatives ont été spécifiquement instaurées pour ce secteur : exonération de l’IS pendant 10 ans, exonération de la TVA et des droits de douane sur les équipements… « Le Maroc a mis en place l’un des cadres les plus attractifs au monde, en faveur des compagnies de prospection », souligne Amina Benkhadra.
Tour d’horizon des principaux sites de prospection pétrolière et gazière au Maroc.
Gaz et pétrole
Tendrara (Oriental): comme mentionné plus haut, ce site est exploité par Sound Energy, qui a décroché une concession de 25 ans auprès de l’Onhym. D’une superficie de 14.500 km², ce site justifie d’un potentiel de 952 milliards de mètres-cube de gaz. La production démarre en 2021, et bénéficiera du raccordement avec le gazoduc Maghreb-Europe, via un pipeline de 120 km de long.
Sidi Mokhtar (Essaouira): également exploité par Sound Energy, le potentiel de ce site de 4.000 km² est évalué à 308 milliards de mètres-cube de gaz.
Une précision toutefois, « ces potentiels d’exploitation ne sont pas des volumes existants certifiés, mais de fortes prévisions », explique Mohammed Seghiri, DG de Sound Energy Maroc. Ces prévisions sont cependant suffisamment sérieuses pour justifier les investissements consentis au Maroc par la compagnie britannique, qui s’élèvent à plus de 100 millions de dollars.
Les coûts de prospection fluctuent essentiellement en fonction des cours du gaz et du pétrole. D’autres facteurs entrent en ligne de compte, ce qui fait déplorer au DG de Sound Energy « l’absence d’un écosystème de prospection au Maroc, contrairement à l’Algérie ou à la Tunisie. Ce qui impacte à la hausse les coûts de prospection ».
Gharb onshore: présence de poches de gaz de petite taille, mais économiquement viables en raison de la présence d’infrastructures et d’un marché local – notamment le site industriel de Kénitra. Les entreprises positionnées dans le Gharb sont Circle Oil, Cabre, Gulfsands et SDX.
>>Agadir-Tarfaya offshore: 7 puits ont été forés. 3 d’entre eux sur une faible profondeur, dont deux attestent de la présence de pétrole. Les 4 autres puits ont été forés en profondeur, du pétrole et du gaz ayant été détectés dans trois d’entre eux.
L’Onhym a par ailleurs commandité une étude portant sur la cartographie de la zone Agadir-Ifni, afin d’établir un modèle géologique de dépôt et de distribution. Les résultats de cette étude seront disponibles en 2019.
>>Boujdour offshore: une zone prometteuse de 200.000 km² a été identifiée. Un puits de gaz a déjà été découvert, mais qui s’est avéré économiquement non viable. L’Onhym compte renforcer les forages dans cette région afin de mettre en évidence de nouveaux gisements. Des équipes de l’office minier ont en ce sens effectué un road-show en Angleterre et aux USA, plusieurs compagnies ayant manifesté leur intérêt selon Amina Benkhadra.
Schistes bitumineux
Les prospections ont mis en évidence un fort potentiel dans le Rif, l’Atlas et le grand Sud.
Timahdit: potentiel évalué à 15 milliards de barils de pétrole.
Tarfaya: potentiel de 23 milliards de barils.
Gaz de schiste
Le Maroc présente « la 3è meilleure opportunité en Afrique du Nord», selon Benkhadra. Les bassins identifiés comme présentant le meilleur potentiel sont: Drâa, Zag, Boudenib, Ouarzazate, Tadla et le Haouz.
L’ensemble de ces sites de prospection laissent augurer de découvertes prometteuses, aussi bien de gaz que de pétrole. Ceci parallèlement à la construction du gazoduc Nigéria-Maroc, qui a bien été confirmée par Benkhadra. L’Onhym compte mettre les bouchées doubles afin de multiplier les prospections et attirer un plus grand nombre de compagnies, surtout parmi les majors. Amina Benkhadra semble en tout cas très confiante, affirmant sans détour que «le tour du Maroc viendra bientôt». L’avenir nous le dira.
Par ZAKARIA BOULAHYA
Après des années de prospection, le Maroc demeure sous-exploré par les compagnies pétrolières: « le nombre total de puits forés à fin juin 2017 est de 340, dont 43 en offshore. Soit une densité moyenne de 4 forages par 1.000 km², contre 10 par 100 km² à l’échelle mondiale » précise d’emblée Amina Benkhadra, directrice de l’ONHYM. Au total, le Maroc dénombre également 800 sites à fort potentiel, qui mériteraient d’être sondés.
Malgré la modestie des forages, des résultats prometteurs ont été enregistrés. Surtout dans la région de l’Oriental, à Tendrara (province de Figuig). La production de ce site débutera dès 2021, suite à l’obtention par le Britannique Sound Energy, en septembre dernier, d’une concession de 25 ans auprès de l’Onhym.
D’autres sites laissent augurer d’intéressantes perspectives, telles que présentées par Amina Benkhadra. Car si le Maroc s’est résolument engagé en faveur des énergies renouvelables, les combustibles fossiles ont encore de beaux jours devant eux. Représentant actuellement 86% de l’énergie mondiale, ces combustibles auront toujours la cote à l’horizon 2050 – assurant 75% de la demande mondiale en énergie. Avec certes un repli du pétrole et du charbon, parallèlement à la montée en puissance du gaz naturel.
« Afin de sécuriser l'approvisionnement en énergie, le Maroc a fait le choix d’un mix énergétique ouvert. C’est pour cette raison que nous œuvrons à renforcer la prospection dans les bassins sédimentaires du Royaume. C’est un secteur risqué et très capitalistique, où 95% des investissements ont été réalisés par des partenaires étrangers », précise la DG de l’Onhym.
A ce jour, l’activité de prospection au Maroc compte 15 partenaires internationaux, disposant de 86 permis de recherche. Les investissements consentis par ces compagnies s’élèvent à 27,5 milliards de dollars, sur la période 2000-2018. L’Etat peut prétendre à un maximum de 25% au titre des redevances d’exploitation, et des mesures incitatives ont été spécifiquement instaurées pour ce secteur : exonération de l’IS pendant 10 ans, exonération de la TVA et des droits de douane sur les équipements… « Le Maroc a mis en place l’un des cadres les plus attractifs au monde, en faveur des compagnies de prospection », souligne Amina Benkhadra.
Tour d’horizon des principaux sites de prospection pétrolière et gazière au Maroc.
Gaz et pétrole
Tendrara (Oriental): comme mentionné plus haut, ce site est exploité par Sound Energy, qui a décroché une concession de 25 ans auprès de l’Onhym. D’une superficie de 14.500 km², ce site justifie d’un potentiel de 952 milliards de mètres-cube de gaz. La production démarre en 2021, et bénéficiera du raccordement avec le gazoduc Maghreb-Europe, via un pipeline de 120 km de long.
Sidi Mokhtar (Essaouira): également exploité par Sound Energy, le potentiel de ce site de 4.000 km² est évalué à 308 milliards de mètres-cube de gaz.
Une précision toutefois, « ces potentiels d’exploitation ne sont pas des volumes existants certifiés, mais de fortes prévisions », explique Mohammed Seghiri, DG de Sound Energy Maroc. Ces prévisions sont cependant suffisamment sérieuses pour justifier les investissements consentis au Maroc par la compagnie britannique, qui s’élèvent à plus de 100 millions de dollars.
Les coûts de prospection fluctuent essentiellement en fonction des cours du gaz et du pétrole. D’autres facteurs entrent en ligne de compte, ce qui fait déplorer au DG de Sound Energy « l’absence d’un écosystème de prospection au Maroc, contrairement à l’Algérie ou à la Tunisie. Ce qui impacte à la hausse les coûts de prospection ».
Gharb onshore: présence de poches de gaz de petite taille, mais économiquement viables en raison de la présence d’infrastructures et d’un marché local – notamment le site industriel de Kénitra. Les entreprises positionnées dans le Gharb sont Circle Oil, Cabre, Gulfsands et SDX.
>>Agadir-Tarfaya offshore: 7 puits ont été forés. 3 d’entre eux sur une faible profondeur, dont deux attestent de la présence de pétrole. Les 4 autres puits ont été forés en profondeur, du pétrole et du gaz ayant été détectés dans trois d’entre eux.
L’Onhym a par ailleurs commandité une étude portant sur la cartographie de la zone Agadir-Ifni, afin d’établir un modèle géologique de dépôt et de distribution. Les résultats de cette étude seront disponibles en 2019.
>>Boujdour offshore: une zone prometteuse de 200.000 km² a été identifiée. Un puits de gaz a déjà été découvert, mais qui s’est avéré économiquement non viable. L’Onhym compte renforcer les forages dans cette région afin de mettre en évidence de nouveaux gisements. Des équipes de l’office minier ont en ce sens effectué un road-show en Angleterre et aux USA, plusieurs compagnies ayant manifesté leur intérêt selon Amina Benkhadra.
Schistes bitumineux
Les prospections ont mis en évidence un fort potentiel dans le Rif, l’Atlas et le grand Sud.
Timahdit: potentiel évalué à 15 milliards de barils de pétrole.
Tarfaya: potentiel de 23 milliards de barils.
Gaz de schiste
Le Maroc présente « la 3è meilleure opportunité en Afrique du Nord», selon Benkhadra. Les bassins identifiés comme présentant le meilleur potentiel sont: Drâa, Zag, Boudenib, Ouarzazate, Tadla et le Haouz.
L’ensemble de ces sites de prospection laissent augurer de découvertes prometteuses, aussi bien de gaz que de pétrole. Ceci parallèlement à la construction du gazoduc Nigéria-Maroc, qui a bien été confirmée par Benkhadra. L’Onhym compte mettre les bouchées doubles afin de multiplier les prospections et attirer un plus grand nombre de compagnies, surtout parmi les majors. Amina Benkhadra semble en tout cas très confiante, affirmant sans détour que «le tour du Maroc viendra bientôt». L’avenir nous le dira.
Par ZAKARIA BOULAHYA
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