Stanislav Petrov, l’homme qui a sauvé le monde en décidant... de ne rien faire
Tout s’est passé le 26 septembre 1983. Le lieutenant-colonel des forces aériennes soviétiques Stanislav Petrov, 44 ans, est en service dans un bunker secrètement installé près de Moscou, Serpukhov-15, raconte The Atlantic. Sa mission: évaluer les données d’Oko, le système d’alerte satellite précoce, et le cas échéant, prévenir sa hiérarchie militaire en cas d’attaque nucléaire.
Ce soir-là, un peu après minuit, l’alarme retentit, l’un des satellites a détecté cinq missiles balistiques américains qui foncent vers l’URSS. Sirènes hurlantes, un écran-rouge clignote avec le mot «LANCEMENT».
Trois semaines plus tôt, les Russes avaient abattu un avion sud-coréen qui s’était perdu dans l’espace aérien soviétique. L’Otan avait réagi avec une démonstration de forces militaires. La guerre froide, psychologique, même au début des années 1980, se poursuivait, et la menace nucléaire planait toujours.
Stanislav Petrov, cependant, a un pressentiment, «une drôle de sensation dans (le) ventre» qui n’était que du bon sens, analysera-t-il plus tard selon les archives du Washington Post. Le système d’alarme ne détecte que cinq missiles; si les Etats-Unis étaient en train de lancer une attaque nucléaire, elle ne pourrait qu’être massive. Petrov s’aperçoit que le radar au sol anti-missile ne corrobore pas les informations –même au bout de quelques minutes.
Petrov n’avait pas une confiance absolue dans la précision de la technologie antibalistique (qu’il décrira plus tard comme «grossière»), mais voilà, il est tout seul dans ce bunker, dans des conditions de stress oppressantes, et il doit faire un choix crucial en moins de cinq minutes: suivre le protocole et prévenir illico l’état-major, ou faire confiance à son instinct.
Petrov a prévenu sa hiérarchie que ce qui était en train de se dérouler n'était qu’une fausse alerte, et comme le dit Wired, «il suppliait le ciel d’avoir raison». Et il avait raison. S’il avait fait le choix inverse, l’état-major aurait probablement lancé une attaque nucléaire de riposte sur les Etats-Unis et ses alliés. Qui auraient à leur tour probablement répliqué.
«C’était mon travail, mais ils ont eu de la chance que je sois aux manettes ce soir-là.»
Ses collègues et lui, en bon professionnels de l’armée, avaient été formés à transmettre l’information coûte que coûte.
Quelques années avant sa mort, Petrov vivait de sa petite pension militaire dans un village près de Moscou.
Slate fr
Commentaire