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Robots tueurs / L’armée américaine à l’avant-garde

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  • Robots tueurs / L’armée américaine à l’avant-garde

    Convaincu que la guerre du futur se gagnera avec les armes autonomes, Washington met le paquet. Derrière, Pékin et Moscou tentent de suivre.

    Les hauts gradés du Pentagone en sont persuadés : la guerre des robots aura bien lieu. Et la superpuissance américaine s’y prépare activement, mobilisant son complexe militaro-industriel dans cette nouvelle course aux armements comme jamais, sans doute, depuis le projet Manhattan qui donna naissance à la bombe atomique.

    «Nous sommes à la veille d’un tournant fondamental dans l’histoire de la guerre», expliquait fin juillet le lieutenant général Sean MacFarland lors de la bien nommée conférence Mad Scientist. Ce vétéran de l’intervention en Irak prédit que des «systèmes autonomes» seront bientôt déployés sur le champ de bataille aux côtés des troupes, «pour porter des équipements et actionner des armes».

    Le tabou de l’autonomie de tir donnée à la machine, qui pourrait décider de son propre chef de «traiter une cible», serait-il en train de tomber ? Election de Donald Trump aidant, le docteur Folamour aurait-il repris du service au sein du haut commandement américain ? A ce jour, si l’on en croit le Pentagone, aucun robot «tueur» agissant de son propre chef, à partir de ce que lui dictent ses algorithmes, ne serait déployé. Mais depuis qu’un drone Predator dirigé par un pilote de l’Air Force est entré dans l’histoire, en novembre 2001, en pulvérisant d’un tir de missile Hellfire Mohammed Atef, l’un des lieutenants de Ben Laden, la machine de guerre américaine s’est lancée dans un programme de robotisation sans équivalent.

    Monstres

    En Irak et en Afghanistan, l’US Army, qui cherche à limiter au maximum ses pertes, a déjà largement déployé des robots télécommandés, démineurs de type PackBot, ou armés, comme les Swords et Maars : des petits monstres montés sur chenillettes, bardés de capteurs, et équipés de mitrailleuses et autres lance-grenades. Les Etats-Unis chercheraient aujourd’hui à développer ce que les spécialistes appellent des «Laws» pour «Lethal autonomous weapons systems» : des soldats mécaniques pilotés par l’intelligence artificielle (IA) qui opéreront sur terre, dans les airs, et en mer, obéiront toujours aux ordres, ne ressentiront ni la fatigue ni la douleur, n’auront jamais de problèmes de conscience, ni de famille à indemniser…

    Le budget alloué par le Pentagone à cette seule guerre des robots est impressionnant : 18 milliards de dollars
    (15 milliards d’euros) d’ici 2018 sur les quelque 600 milliards de dépenses militaires annuelles américaines. C’est au laboratoire national de Los Alamos, dans le désert du Nouveau-Mexique, là même où fut créée la bombe, que la Darpa, la très secrète Agence de recherche pour les projets de défense avancés, s’emploie à faire converger IA et systèmes d’armes robotisés pour «créer et prévenir une surprise stratégique», comme l’expliquait fin 2015 le Dr Garrett Kenyon au magazine Time.

    Et selon le New York Times, le département de la défense a bel et bien testé des drones autonomes pouvant décider quelle cible attaquer «sans aucune aide humaine». L’avion furtif sans pilote X-47B développé par la Navy serait la préfiguration de ces nouveaux drones tueurs.

    Double discours

    Une chose est sûre, avec l’avènement de la Chine au rang des superpuissances militaires et le retour de la grande Russie, la doctrine stratégique américaine a opéré un virage à grande vitesse vers cette guerre du futur. Jouant sur un double discours pour dissuader les «régimes autoritaires» de se lancer dans cette course. Officiellement, «il y aura toujours un humain dans la boucle. Le Skynet du film de science-fiction [Terminator], ce n’est pas notre vision», assurait ainsi fin 2016 l’ancien secrétaire adjoint à la défense, Robert O. Work. Auteur d’un rapport intitulé Preparing for War in the Robotic Age, il expliquait que le Pentagone s’inspirait plutôt «d’Iron Man que de Terminator».

    En clair, les robots seraient déployés pour coopérer avec les soldats, jouer les éclaireurs ou transporter des munitions - comme le fameux et effrayant «BigDog» de Boston Dynamics - en obéissant toujours aux ordres. Ou encore la robotique servira à démultiplier les capacités du combattant du futur équipé d’exosquelette : la Darpa y travaille.

    La doctrine dite du «Centaur Warfighting», alliant et subordonnant la machine à l’homme, l’emporterait. Mais un général de l’US Air Force, Paul Selva, a aussi prévenu que les Etats-Unis étaient «à moins d’une décennie de disposer de la technologie du robot pleinement autonome», capable de décider qui et quand tuer. Du coup, les Russes tentent de suivre : ils ont récemment dévoilé une vidéo montrant un robot humanoïde baptisé Fedor faisant feu avec deux pistolets de gros calibre.

    Et l’on ne sait ce que préparent les Chinois qui dépensent plus de 180 milliards d’euros par an pour moderniser leur armée. La France, qui arrive loin derrière avec son budget défense de 32 milliards d’euros, planche, elle, sur un programme de petit «robot tactique polyvalent», des drones navals et des avions sans pilotes comme le Neuron de Dassault. A aucun moment il n’est question que ces engins deviennent des tueurs autonomes. Parole de militaire.

    Jean-Christophe Féraud
    Libération
    Si vous ne trouvez pas une prière qui vous convienne, inventez-la.” Saint Augustin
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