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Les assassins impunis d’enfants palestiniens

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  • Les assassins impunis d’enfants palestiniens

    " Une armée qui tue des enfants ne préoccupe pas le public... Mais une armée qui tue des enfants avec facilité et approuve pleinement ses soldats devrait nous préoccuper autant que les réserves d’approvisionnement de guerre dans le nord du pays."

    Un enfant par semaine, presque chaque semaine. Dans les dernières semaines, je suis de nouveau parti enquêter sur les circonstances du meurtre de plusieurs enfants et adolescents, tués par des soldats israéliens. Un vent très mauvais souffle de nouveau sur l’armée israélienne et personne ne dit rien à son sujet.

    Une armée qui tue des enfants ne préoccupe pas le public. Aucune commission d’enquête n’a été mise en place, et personne ne sera formé pour traiter ce genre d’affaires. Mais une armée qui tue des enfants avec facilité, et approuve pleinement ses soldats, devrait nous préoccuper autant que les réserves d’approvisionnement de guerre dans le nord du pays. Les ramifications d’un tel comportement ne sont pas seulement morales : finalement les capacités opérationnelles d’une armée diminuent quand les enfants deviennent des cibles à partir des guérites des soldats.

    Le jeune Jamil Jibji, du camp d’Askar, qui aimait les chevaux, a reçu une balle dans la tête après que les soldats d’une jeep blindée aient dispersé un groupe d’enfants qui leur jetaient des pierres. Il avait 14 ans. Jamil était le quatrième enfant à être tué dans ce secteur dans des circonstances semblables.

    Abir, la fille de Bassam Aramin, un membre de l’organisation des « combattants pour la paix », sortait de son école à Anata quand une jeep de la patrouille de police des frontières a tourné autour de l’école - personne ne sait pourquoi - et lancé des grenades de gaz lacrymogène dont une l’a frappée à la tête. Elle avait 11 ans.

    Taha Al-Jawi a touché la clôture de sécurité près du terrain d’aviation abandonné de Atarot et comme réponse, les soldats lui ont tiré dans les jambes avec des balles réelles et l’ont apparemment laissé, saignant à mort, mourir de ses blessures. Il était le huitième enfant à mourir dans des circonstances similaires. Il n’avait pas encore 17 ans.

    Tous ces enfants ont été tués de sang froid ; ils ne constituaient une menace pour la vie de quiconque.

    Sauf pour le cas de Jamil, l’armée, comme d’habitude, n’a même pas pris la peine d’ouvrir une enquête sur les circonstances de la mort de ces enfants. Lorsqu’elle ne fait pas d’enquête, il est évident que l’armée n’a aucune intention de mettre un terme au meurtre des enfants. Ses commandants ne se sont même pas préoccupés de cette question.

    Le dernier cas, le plus significatif peut-être est celui de Taha. Le porte-parole de l’armée défend la décision d’ouvrir le feu avec les balles réelles contre un groupe d’enfants qui ont peut-être endommagé une barrière de barbelés, comme le prétendent les soldats Israëliens, ou peut-être qui jouaient au football près de la barrière, comme le disent les enfants, et tout cela en plein jour.

    Pas un mot de regret, pas un mot de condamnation, mais seulement un soutien absolu au tireur à balles réelles, de loin, sur un groupe d’enfants sans armes, et sans avertissement préalable. Taha est mort d’une balle dans la jambe. Et, selon ses amis, il a saigné pendant une bonne heure dans un fossé boueux où il est tombé.

    L’affirmation du porte-parole de l’armée disant que Taha a reçu une aide médicale immédiate ne colle pas avec le fait qu’une blessure par balle à la jambe n’est mortelle que si la perte de sang se prolonge. Mais même si l’aide médicale a été immédiate comme le prétend l’armée, pouvons-nous accepter des tirs de loin sur des sur des adolescents sans armes ? N’y a-t-il pas d’autres moyens pour disperser des adolescents qui seraient « suspects », comme le prétend le porte-parole de l’armée ? Que se passe-t-il dans la tête d’un soldat qui vise avec son arme un tel groupe, tire à balles réelles, les abat, enlevant la vie à de tels jeunes enfants ? Et quel message donne l’armée à ses soldats quand elle soutient une telle action inhumaine ?

    Ces histoires, et d’autres encore, ne soulèvent pas d’indignations parmi nous. Certaines n’ont même pas été rapportés dans la presse. Le massacre d’un garçon ou d’une fille palestinienne ne dérange pas le public israélien. La Cisjordanie est calme, il n’y a presque plus d’attaques terroristes, l’attention est portée sur d’autres affaires, et sous cette fausse tranquillité temporaire, nos soldats, nos meilleurs fils, tuent des douzaines d’enfants et d’adolescents de façon routinière et hors de nos vues.

    Le meurtre horrible de Tair Rada à Katzrin a secoué le pays à juste titre. C’était une enfant innocente de 13 ans assassinée dans son école avec une brutalité satanique. Quelle est la différence entre le meurtre de Tair et le massacre d’Abir, à l’entrée à son école ?

    La différence entre Tair et Abir, c’est que Abir était palestinienne et Tair était israélienne.

    Israélien ? Taha a également porté une carte d’identité israélienne. Mais il était un Palestinien.

    Est-ce que quelqu’un peut sérieusement affirmer que le soldat qui a visé la tête de Jamil n’avait pas l’intention de le tuer ?

    La deuil est le même deuil ; l’horreur est la même horreur. Tout comme Tair était la joie de ses parents, Abir, l’était aussi, elle, petite fille qui voulait devenir ingénieur quand elle serait grande. Mais alors qu’il reste des doutes sur l’identité du meurtrier de Tair, il est très facile d’identifier les tueurs de Taha, de Jamil et d’Abir. Nous n’avons même le temps de les dénoncer ; ils ont été automatiquement blanchis sans enquête. Et comme l’écrit Aharon Shabtai dans son poème Culture : « La marque de Caïn ne poussera pas sur un soldat qui tire sur la tête d’un enfant, monté sur un monticule de saletés près de la barrière d’un camp de réfugiés ».

    Ainsi, nos soldats ont tué 815 enfants et adolescents pendant les sept dernières années. Toutes les raisons données pour avoir tué plus de 3 000 adultes pendant la même période, ce qui est horrible également en soi, perdent leur sens quand il s’agit d’enfants. On devrait entendre le cri du cœur du père endeuillé d’Anata, quand il dit qu’il ne perdra pas la tête parce qu’il a déjà perdu le coeur : « Je ne veux pas me venger. Ma vengeance est que ce « héros, » qui « a été menacé » par ma fille et qui lui a tiré dessus soit traduit en justice. Ils envoient un garçon de 18 ans avec un M-16 et lui disent que nos enfants sont ses ennemis, et lui sait qu’il ne sera pas traduit en justice alors il tire de sang froid et devient un meurtrier. »

    Le père d’Anata dit tout cela dans un hébreu courant, qui s’est amélioré au cours de ses conférences dans tout Israel pour promouvoir la paix.


    Gidéon Lévy,paru dans Ha’aretz le 11 février 2007

  • #2
    Cet article est à envoyer à ses proche et à imprimer et à distribuer à ses collègues de travail et dans les boites aux lettres de son immeuble et de son quartier....

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