iraqirabita.org , 13 janvier 2007 et albarsah.net, 14 octobre 2006
Traduit par Ahmed Manaï et révisé par Marcel Charbonnier et Fausto Giudice
La Grande-Bretagne vient de refuser un visa d’entrée sur son territoire au député irakien Mohamed Al Daïni, invité à Londres par des parlementaires, des organisations anti-guerre et des associations des droits de l’homme.
Le député irakien Mohamed Al Daïni estoriginaire de Diyala et a été élu sur une liste indépendante lors des dernières élections en Irak. C’est lui qui a révélé le premier à la presse internationale, les graves abus et les tortures les plus ignobles que subissent les détenus irakiens sunnites dans les prisons irakiennes de la part des escadrons de la mort et avec la complicité des fonctionnaires du ministère de l’intérieur et de l’administration pénitentiaire. Ses enquêtes ont coûté la vie à 10 membres de sa famille, tous assassinés à Diyala, à la suite de leur publication. Elles ont été utilisées dans un documentaire britannique sur les escadrons de la mort en Irak.
Le député irakien tout comme ses hôtes ont été surpris par la décision du Foreign Office. Pour sa part le député britannique Georges Galloway compte interpeller le gouvernement, lors de la prochaine session parlementaire, sur les raisons d’un tel refus, pour un député irakien « élu démocratiquement, dans un processus politique que le gouvernement britannique avait soutenu de toutes ses forces ».
Ci-dessous la traduction d’une interview du député Mohamed Al Daïni, accordée à Ahmed Abou Salah pour albarsah.net le 14 octobre 2006
Un documentaire et des rapports médicaux attestent des scandales de l’occupation et de ses agents.
Le viol de 300 détenus irakiens, hommes et femmes, à la prison de Bâakouba.
L’Imam d’une mosquée, âgé de plus de 60 ans, raconte les détails de sa sodomisation à deux reprises.
120 000 détenus dans les prisons de l’occupation, dont des milliers ont été violés. Des parlementaires et des responsables irakiens sont impliqués dans les crimes de l’occupant.
Les viols touchent autant les femmes que les enfants et les imams. Les soldats usaméricains violent une adolescente devant ses parents puis les brûlent tous !
Un salon élégant avec un grand bureau et de nombreuses chaises. Le directeur de la prison est derrière son bureau, à sa droite un officier usaméricain, faisant face aux membres de la délégation parlementaire irakienne en visite à la prison de Bâakouba (gouvernorat de Diyala), et puis des militaires usaméricains et irakiens qui discutent.
Ce sont les premières images du décor d’un documentaire que nous a remis le député Mohamed Daïni, du Front irakien du dialogue national, représentant le gouvernorat de Diyala et qui a provoqué un scandale bien qu’il n’ait été communiqué qu’à un seul journal, l’hebdomadaire « Al Ousbou’ ». À l’appui du documentaire, des rapports de médecine légale qui attestent que plus de 300 citoyens irakiens, en plus de 6 femmes, détenus dans la prison de Bâakouba, ont été violés.
Le film montre la prison qui consiste en 7 chambrées archicombles où cohabitent des détenus allant de l’âge de 12 à 70 ans. La caméra entre dans une chambrée de 60 à 70 m² qui accueille plus de 120 détenus, alors qu’elle est prévue pour accueillir 40 détenus, selon les normes officielles. On peut se faire une petite idée : le linge étendu sur des cordes sur toute la surface de la salle. Il y a en tout et pour tout trois ou quatre lucarnes de moins de 1/4m² de surface pour l’aération, deux sources de lumière et deux ventilateurs électriques accrochés au plafond, avec une température dépassant les 50° en moyenne !
La délégation entre dans la salle, accompagnée de militaires irakiens et usaméricains. Un brouhaha indescriptible l’accueille, les pleurs de certains détenus, des cris et des appels à l’aide de certains autres. De nombreux détenus enlèvent leurs vêtements pour montrer les traces des tortures ignobles sur diverses parties de leurs corps. Un vieillard qui a dépassé les soixante ans, raconte à qui veut l’entendre, les abus qu’il a subis. Un jeune crie : il y a plus de 70% des 300 détenus ici qui ont été violés, et ce ne sont que les gens qui ont subi un contrôle médical.
Dans une autre chambrée, se tient un vieillard qui en impose malgré tout ce qu’il a subi. Il s’appelle Cheikh Nafâa Addahlaki, un religieux respecté. Il s’appuie sur la porte de fer et raconte en détail comment il a été violé devant les siens. En l’écoutant, appuyé sur la porte, on ne peut que pleurer.
Dans une autre chambrée, se tiennent 6 femmes, toutes vêtues de noir. Quatre d’entre elles s’adossent au mur, se couvrant le visage de honte et la plus âgée, plus hardie, affronte les visiteurs en pleurant. Elle répond aux questions par des larmes, rien que des larmes, des cris de douleur et des prières. Plus le député précise se questions, plus elle pleure et se tord de douleur. La caméra s’arrête sur le visage déshumanisé d’une femme, qui semble nous interpeller tous sans rien attendre de nous tous. Alors elle implore Dieu de la sortir ainsi que ses compagnes d’infortune de cette existence honteuse.
Des documents portant l’en-tête de la présidence de la république irakienne avec le maudit écusson de l’aigle. Le formulaire est le même mais les noms des victimes sont nombreuses. C’est le formulaire d’une expertise médicale : la commission médicale a examiné le détenu (…) les 8 et 9 janvier 2006 et conclut à la présence des signes suivants :
1) Perte des dents de la mâchoire supérieure et lésions au front et à la partie supérieure du nez.
2) Présence de lésions consécutives à des brûlures au niveau des bras et des avant-bras.
3) Présence de traits parallèles d’écorchures sur le dos, les pieds et les plantes des pieds, témoignant de pressions externes.
4) Allégations de sodomisation : l’examen a démontré l’existence d’une plaie cicatrisée sur le côté gauche de l’anus et ces traces témoignent des séquelles de torture.
Signé : Docteur Mohamed Attia (membre), Docteur Imed Taleb (membre), Docteur Mahmoud Amine (président de la commission).
Nous avons entre les mains plus de 120 formulaires d’examen médicaux tous remplis. Il y a par ailleurs à la prison de Bâakouba de nombreux détenus que la honte a empêchés de subir cet examen médical pour apporter les preuves de ce crime grave. Il y en a des milliers d’autres dans d’autres prisons
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