Les manifestations contre la famine et le déclin des conditions économiques et politiques révèlent la fin de tout projet socialiste
Les manifestations contre le long cauchemar national du socialisme continuent au Venezuela, alors qu’on a atteint 37 morts le mois dernier et que des manifestants ont démoli il y a deux semaines une statue d’Hugo Chavez, l’ancien président qui a conduit le pays dans l’ère du chavisme, sa déclinaison du socialisme latino-américain, ou « socialisme bolivarien ». Les manifestations représentent l’inévitable fin de toute expérience socialiste.
À son apogée, Chavez était considéré comme un modèle du socialisme démocratique par une bonne partie de la gauche occidentale. Après sa mort en 2013, le réalisateur Michael Moore s’extasiait sur la nationalisation de l’industrie pétrolière. Il avait tweeté :
Il a utilisé les dollars du pétrole pour éradiquer 75% de l’extrême pauvreté, fourni des soins et une éducation gratuits pour tous.
Le chef du Parti Travailliste britannique Jeremy Corbyn disait que Chavez avait montré au monde que « les pauvres comptent et que la richesse peut être partagée » et qu’il avait apporté des « contributions énormes au Venezuela » et au monde.
Chavez a cédé la place à son vice-président, Nicolas Maduro, qui a continué sa politique, sans le charisme qui masquait l’incompétence de son prédécesseur et l’incohérence du « socialisme bolivarien », et au final sans les prix élevés du pétrole pour financer les larges dépenses publiques. Laissée face à ses propres mécanismes, la planification centralisée du socialisme a spectaculairement échoué.
Le socialiste préféré des États-Unis, Bernie Sanders, a lui aussi désigné le Venezuela comme un modèle. En 2011, dans une tribune libre, il écrit :
Ces temps-ci, le rêve américain est plus susceptible d’être réalisé en Amérique du Sud, dans des lieux tels que l’Équateur, le Venezuela ou l’Argentine, où les revenus sont en réalité plus égaux aujourd’hui qu’ils ne le sont dans le pays d’Horatio Alger. Qui est la république bananière maintenant ?
L’année dernière, le Vénézuélien moyen vivant dans l’extrême pauvreté a perdu 19 livres1 en pleine pénurie de nourriture en grande partie créée puis aggravée par le contrôle gouvernemental des prix ; 60% des Vénézuéliens déclaraient devoir sauter au moins un repas par jour.
Les fonctionnaires et les loyalistes ont été quasiment les seuls à applaudir la plaisanterie de Maduro selon laquelle le « Régime Maduro », nom donné à cette disette d’origine gouvernementale, permettait de meilleurs rapports sexuels. Il y a eu des pénuries de nourriture mais aussi de biens tels que le papier hygiénique, les déodorants, les préservatifs et même la bière.
Quelques socialistes radicaux ont été plus critiques à l’égard de Chavez, critiquant la passion éphémère de la gauche occidentale pour Chavez, à qui le Parti socialiste de Grande-Bretagne reprochait de n’avoir pas compris le socialisme. Leur argument se réduisait au fait que, pour paraphraser Rick & Morty, il aurait dû essayer le socialisme avec quelques étapes supplémentaires.
Le Socialist Worker a condamné la dérive autoritaire de Maduro au début de ce mois-ci, bien que l’autoritarisme ait commencé peu de temps après l’arrivée au pouvoir de Chavez. L’idée que le socialisme puisse un jour efficacement éradiquer le lobbying alors qu’il accumule les pouvoirs auxquels les lobbyistes sont liés est absurde.
Sanders, dans sa course à la présidentielle l’année dernière, n’a plus évoqué l’exemple vénézuélien du socialisme. À la place, il s’est appuyé sur la méconnaissance des pays scandinaves par les Américains pour les faire passer pour des paradis socialistes. Mais les pays scandinaves comme la Suède se caractérisent par « la dérèglementation, le libre-échange, un système national de chèque-éducation, des retraites partiellement privatisées, pas d’impôt sur la propriété, pas d’impôt sur l’héritage, et une plus faible imposition des sociétés », comme l’écrivait Johan Norberg l’année dernière.
La gauche occidentale ne devrait pas être autorisée à prendre ses distances avec ce fruit gâté qu’est le socialisme au Venezuela, qu’elle encensait encore il y a quelques années. Les pays d’Amérique du Sud ont abrité différentes versions du socialisme sur les deux dernières décennies, souvent saluées à l’Ouest, et, comme le souligne The Economist dans son dernier Indice de la Démocratie, les électeurs sud-américains en ont assez de ce populisme de gauche et reviennent lentement à des politiques de centre droit, ouvertes au marché libre.
Les politiques de libre marché s’avèrent aussi être les meilleurs antidotes à l’actuel populisme montant et à l’autoritarisme économique, parce que ce sont elles qui parviennent le mieux à réduire les mauvaises conditions économiques sur lesquelles prospère le populisme.
Maduro et ses soutiens jusqu’au-boutistes accusent les États-Unis des malheurs du Venezuela, une position de plus en plus intenable face à l’évidence du contraire. Même ThinkProgress, dans un article sur la catastrophe au Venezuela qui parvient à ne pas mentionner une seule fois le socialisme (ni le chavisme ou le bolivarisme d’ailleurs), rejette les délires de Maduro sur la prétendue responsabilité des États-Unis concernant les blessures économiques et politiques du pays.
L’opposition au Venezuela a gagné le contrôle du corps législatif aux élections de 2015, qui furent suivies par un travail assidu du gouvernement Maduro pour consolider encore plus son propre pouvoir. Les manifestants au Venezuela ont réclamé des élections anticipées, tandis que Maduro propose une nouvelle constitution, qualifiée de coup d’État par les manifestants.
Le leader emprisonné de l’opposition, Leopold Lopez, a appelé à continuer les manifestations.
contrepoints
Les manifestations contre le long cauchemar national du socialisme continuent au Venezuela, alors qu’on a atteint 37 morts le mois dernier et que des manifestants ont démoli il y a deux semaines une statue d’Hugo Chavez, l’ancien président qui a conduit le pays dans l’ère du chavisme, sa déclinaison du socialisme latino-américain, ou « socialisme bolivarien ». Les manifestations représentent l’inévitable fin de toute expérience socialiste.
À son apogée, Chavez était considéré comme un modèle du socialisme démocratique par une bonne partie de la gauche occidentale. Après sa mort en 2013, le réalisateur Michael Moore s’extasiait sur la nationalisation de l’industrie pétrolière. Il avait tweeté :
Il a utilisé les dollars du pétrole pour éradiquer 75% de l’extrême pauvreté, fourni des soins et une éducation gratuits pour tous.
Le chef du Parti Travailliste britannique Jeremy Corbyn disait que Chavez avait montré au monde que « les pauvres comptent et que la richesse peut être partagée » et qu’il avait apporté des « contributions énormes au Venezuela » et au monde.
Chavez a cédé la place à son vice-président, Nicolas Maduro, qui a continué sa politique, sans le charisme qui masquait l’incompétence de son prédécesseur et l’incohérence du « socialisme bolivarien », et au final sans les prix élevés du pétrole pour financer les larges dépenses publiques. Laissée face à ses propres mécanismes, la planification centralisée du socialisme a spectaculairement échoué.
Le socialiste préféré des États-Unis, Bernie Sanders, a lui aussi désigné le Venezuela comme un modèle. En 2011, dans une tribune libre, il écrit :
Ces temps-ci, le rêve américain est plus susceptible d’être réalisé en Amérique du Sud, dans des lieux tels que l’Équateur, le Venezuela ou l’Argentine, où les revenus sont en réalité plus égaux aujourd’hui qu’ils ne le sont dans le pays d’Horatio Alger. Qui est la république bananière maintenant ?
L’année dernière, le Vénézuélien moyen vivant dans l’extrême pauvreté a perdu 19 livres1 en pleine pénurie de nourriture en grande partie créée puis aggravée par le contrôle gouvernemental des prix ; 60% des Vénézuéliens déclaraient devoir sauter au moins un repas par jour.
Les fonctionnaires et les loyalistes ont été quasiment les seuls à applaudir la plaisanterie de Maduro selon laquelle le « Régime Maduro », nom donné à cette disette d’origine gouvernementale, permettait de meilleurs rapports sexuels. Il y a eu des pénuries de nourriture mais aussi de biens tels que le papier hygiénique, les déodorants, les préservatifs et même la bière.
Quelques socialistes radicaux ont été plus critiques à l’égard de Chavez, critiquant la passion éphémère de la gauche occidentale pour Chavez, à qui le Parti socialiste de Grande-Bretagne reprochait de n’avoir pas compris le socialisme. Leur argument se réduisait au fait que, pour paraphraser Rick & Morty, il aurait dû essayer le socialisme avec quelques étapes supplémentaires.
Le Socialist Worker a condamné la dérive autoritaire de Maduro au début de ce mois-ci, bien que l’autoritarisme ait commencé peu de temps après l’arrivée au pouvoir de Chavez. L’idée que le socialisme puisse un jour efficacement éradiquer le lobbying alors qu’il accumule les pouvoirs auxquels les lobbyistes sont liés est absurde.
Sanders, dans sa course à la présidentielle l’année dernière, n’a plus évoqué l’exemple vénézuélien du socialisme. À la place, il s’est appuyé sur la méconnaissance des pays scandinaves par les Américains pour les faire passer pour des paradis socialistes. Mais les pays scandinaves comme la Suède se caractérisent par « la dérèglementation, le libre-échange, un système national de chèque-éducation, des retraites partiellement privatisées, pas d’impôt sur la propriété, pas d’impôt sur l’héritage, et une plus faible imposition des sociétés », comme l’écrivait Johan Norberg l’année dernière.
La gauche occidentale ne devrait pas être autorisée à prendre ses distances avec ce fruit gâté qu’est le socialisme au Venezuela, qu’elle encensait encore il y a quelques années. Les pays d’Amérique du Sud ont abrité différentes versions du socialisme sur les deux dernières décennies, souvent saluées à l’Ouest, et, comme le souligne The Economist dans son dernier Indice de la Démocratie, les électeurs sud-américains en ont assez de ce populisme de gauche et reviennent lentement à des politiques de centre droit, ouvertes au marché libre.
Les politiques de libre marché s’avèrent aussi être les meilleurs antidotes à l’actuel populisme montant et à l’autoritarisme économique, parce que ce sont elles qui parviennent le mieux à réduire les mauvaises conditions économiques sur lesquelles prospère le populisme.
Maduro et ses soutiens jusqu’au-boutistes accusent les États-Unis des malheurs du Venezuela, une position de plus en plus intenable face à l’évidence du contraire. Même ThinkProgress, dans un article sur la catastrophe au Venezuela qui parvient à ne pas mentionner une seule fois le socialisme (ni le chavisme ou le bolivarisme d’ailleurs), rejette les délires de Maduro sur la prétendue responsabilité des États-Unis concernant les blessures économiques et politiques du pays.
L’opposition au Venezuela a gagné le contrôle du corps législatif aux élections de 2015, qui furent suivies par un travail assidu du gouvernement Maduro pour consolider encore plus son propre pouvoir. Les manifestants au Venezuela ont réclamé des élections anticipées, tandis que Maduro propose une nouvelle constitution, qualifiée de coup d’État par les manifestants.
Le leader emprisonné de l’opposition, Leopold Lopez, a appelé à continuer les manifestations.
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