décembre 06, par Christophe Sidiguitiebe
Les autorités zambiennes, qui avaient retiré leur reconnaissance du Polisario en juillet, ont fait volte-face alors que Mohammed VI est annoncé dans le pays pour une visite officielle.
Alors que le roi Mohammed VI est annoncé dans ce pays de l’Afrique australe pour une visite officielle dont la date n’a pas encore été précisée, la position ambiguë des autorités zambiennes sur la question du Sahara fait polémique. Selon le média local Lusaka Times, le maintien par la Zambie des relations diplomatiques à la fois avec le Maroc et les séparatistes du Polisario est sur le point de causer un «énorme embarras diplomatique ». La raison ? Deux mois plus tôt, le président zambien Edgar Lungu a reçu la visite d’un responsable de la « RASD », Mohamed Salem Ould Salek, a qui il a assuré que la Zambie « demeure déterminée à renforcer les relations bilatérales avec le Polisario »,alors que le pays avait annoncé avoir retiré sa reconnaissance à cette entité.
Certes, historiquement, la Zambie est un pays qui a toujours soutenu le Polisario. Lukasa ayant même reçu les lettres de créance de l’« ambassadeur » du mouvement séparatiste en février 2016. Sauf que depuis juillet 2016, le pays a changé de position en retirant officiellement sa reconnaissance de la RASD suite à une rencontre entre Nasser Bourita, le ministre marocain délégué aux Affaires étrangères et Harry Kalaba, le chef de la diplomatie zambienne. Mieux, la Zambie a signé, en compagnie de 27 autres pays, la motion pour « réclamer la suspension des activités de la RASD »au sein de l’Union africaine au lendemain de la demande du Maroc de réintégrer l’Union africaine.
« Une constante dans la politique africaine »
Ce double jeu de la Zambie « n’est pas une surprise » analyse Khalid Chegraoui, professeur et chercheur de l’Institut des études africaines (IEA).
« Il y a une constante dans la politique africaine, qui est le changement de position sur cette question [du Sahara NDLR]. Si cette information est sérieuse, ça veut dire qu’il y a une discussion à l’intérieur de l’État zambien et qu’il y a des forces qui n’ont pas apprécié le fait que la Zambie change de position pour devenir pro-marocaine » nous explique-t-il. Il ne manque pas de citer des pays africains qui ont adopté la même posture par le passé, à l’instar du Kenya qui « a fait des allers-retours entre le Maroc et la ‘RASD’ il y a plusieurs années », ou encore l’île Maurice « qui a changé trois fois de position en deux ans ».
Pour lui, « certains États en Afrique, notamment les pays de l’Est et du Sud, n’ont pas une vision claire et pragmatique de leur positionnement vis-à-vis de cette question. Tout dépend des alliances et des intérêts en jeux » précise notre source. Aujourd’hui, « il y a des manœuvres de la part de ceux qui s’opposent au retour du Maroc au sein de l’Union africaine, que ce soit à travers la presse ou du lobbying politique ou économique, afin de pousser les pays à changer de position », ajoute le chercheur.
Ceci étant, il précise que le Maroc « n’est plus dans cette logique de relations politiques et économiques avec les pays africains basées sur cette condition sine qua non d’une position claire et nette pro-marocaine ». La preuve avec le Nigéria, qui n’a toujours pas retiré sa reconnaissance au Polisario.
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