Bien plus que le résultat d'un duel à fleurets mouchetés entre le premier ministre et le chef de cabinet de la présidence algérienne, l'incident survenu samedi 3 décembre à l'ouverture du "Forum africain des affaires" à Alger, met en évidence la faillite même de l'Etat en Algérie. Décryptage.
Ce qui s'est passé à l'ouverture du "Forum africain des affaires", samedi 3 décembre à Alger, remet sur le tapis la question de savoir s'il y a finalement un commandant de bord en Algérie. Que des dirigeants algériens en arrivent à déballer leurs divergences sous le regard médusé des "hôtes africains", si peu nombreux soient-ils, lors d'un forum censé affirmer la "vocation africaine" de l'Algérie, cela devrait préoccuper sérieusement. Qui gouverne en Algérie? Qui est à la tête de l'Etat algérien? Quelle est cette autorité que tout le monde craint et qui évite au pays de devenir la risée des autres? Sûrement plus Abdelaziz Bouteflika, président grabataire, dont l'inaptitude intellectuelle, pour ne pas dire physique uniquement, n'est pas à démontrer.
L'incident survenu au Forum africain des affaires montre que le premier ministre Abdelmalek Sellal n'est pas non plus maître à bord. Le retrait de ce dernier juste après avoir prononcé l'allocution d'ouverture cache mal le duel à distance que livre le chef de cabinet de la présidence algérienne, Ahmed Ouyahya, au premier ministre Sellal, incommodé du fait que le patron des patrons algériens, Ali Haddad, "protégé" d'Ahmed Ouyahya, ait bousculé le "programme officiel" pour lui succéder au pupitre, en lieu et place du ministre des Affaires étrangères, Ramtane Lamamra, et le ministre de l'Industrie, Abdessalam Bouchouareb.
Le retrait du premier ministre Sellal, suivi des autres membres de son gouvernement, devait-il avoir lieu? Le chef de cabinet de la présidence, Ahmed Ouyahya, aurait-il pu aussi se passer de cet épisode malencontreux en s'abstenant de laver le linge sale en public, en livrant devant des étrangers une autre bataille pour la succession de Bouteflika? Une chose reste sûre: l'image de l'Algérie a pris un sérieux coup, un de plus. L'image d'un pays qui, outre l'incompétence d'organiser un événement qui rassemble quelques dizaines d'invités étrangers, pèche par l'absence même d'Etat, en proie à une guerre qui ne dit pas son nom sur fond de succession à un président qui, malgré son accident vasculaire cérébral (AVC), ou encore sa longévité au pouvoir (4 mandats!), ne veut pas prendre sa retraite.
Il faut bien se garder de se réjouir de la deliquescence de l'Etat algérien, ou ce qu'il en reste. La pire chose qui puisse nous arriver est que cet Etat s'efface une bonne fois pour toutes au profit du chaos, de l'anarchie... Déjà que les services occidentaux tirent la sonnette d'alarme sur le risque que la situation chez le voisin de l'est puisse échapper à tout contrôle, mettant en garde contre une nouvelle guerre civile dont les effets seront encore pire que ceux de la tristement célèbre décennie noire (années 90) et son cortège de 250.000 morts! "The Spectator", magazine britannique de référence pour les intellectuels, a récémment alerté contre le flux de 10 à 15 millions de réfugiés algériens vers l'Europe, au cas où une nouvelle guerre civile viendrait à éclater en Algérie. Que dire alors pour le proche entourage de l'Algérie, particulièrement à la frontière est du Maroc?
Les symptômes d'une implosion en Algérie se confirment de jour en jour. Est-ce un hasard si l'armée algérienne est appelée, aujourd'hui, par de nombreuses voix algériennes à intervenir ? Une expectative que l'armée nationale populaire (ANP) a repoussée, dans un récent éditorial publié dans sa revue "El Djeich"!, en affirmant vouloir se tenir à distance de la vie politique. Le fait même que l'armée algérienne se sente dans le besoin de s'absoudre publiquement de toute velléité d'intervention dans le champ politique est un signe suffisamment inquiétant sur la déliquescence d'une autorité à la tête de ce pays et les brèches multiples qui entaillent la muraille de l'Etat algérien.
Il est curieux de constater que alors même que le "bateau" algérien prend de l'eau de toutes parts et que ses dirigeants ne craignent de se donner une spectacle devant des étrangers, ils font part d'un consensus surprenant dès qu'il s'agit du Maroc. Toute voix discordante au sujet de l'intégrité territoriale du Maroc est vite étouffée et mise au ban de la société. A peine a-t-il osé dire tout haut ce que le peuple algérien pense du conflit avec le Maroc et ceux qui en tirent parti que l'ancien président du FLN, Amar Saadani, a été débouté de tout poste de responsabilité. Il y a une seule ligne rouge en Algérie: cesser de tirer contre le Maroc en instrumentalisant le Polisario.
Le seul "terrain" où les oligarques algériens peuvent s'entendre est celui de la question de l'intégrité territoriale du Maroc! Cette haine, Rabat a su la gérer depuis que Houari Boumedienne s'est emparé du pouvoir en Algérie. Mais les signes de la déliquescence de l'Etat algérien devraient davantage nous inquiéter. Le ciel est très sombre à l'est et il n'est pas sûr que nous soyons suffisamment préparés à la gestion d'une implosion en Algérie.
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Ce qui s'est passé à l'ouverture du "Forum africain des affaires", samedi 3 décembre à Alger, remet sur le tapis la question de savoir s'il y a finalement un commandant de bord en Algérie. Que des dirigeants algériens en arrivent à déballer leurs divergences sous le regard médusé des "hôtes africains", si peu nombreux soient-ils, lors d'un forum censé affirmer la "vocation africaine" de l'Algérie, cela devrait préoccuper sérieusement. Qui gouverne en Algérie? Qui est à la tête de l'Etat algérien? Quelle est cette autorité que tout le monde craint et qui évite au pays de devenir la risée des autres? Sûrement plus Abdelaziz Bouteflika, président grabataire, dont l'inaptitude intellectuelle, pour ne pas dire physique uniquement, n'est pas à démontrer.
L'incident survenu au Forum africain des affaires montre que le premier ministre Abdelmalek Sellal n'est pas non plus maître à bord. Le retrait de ce dernier juste après avoir prononcé l'allocution d'ouverture cache mal le duel à distance que livre le chef de cabinet de la présidence algérienne, Ahmed Ouyahya, au premier ministre Sellal, incommodé du fait que le patron des patrons algériens, Ali Haddad, "protégé" d'Ahmed Ouyahya, ait bousculé le "programme officiel" pour lui succéder au pupitre, en lieu et place du ministre des Affaires étrangères, Ramtane Lamamra, et le ministre de l'Industrie, Abdessalam Bouchouareb.
Le retrait du premier ministre Sellal, suivi des autres membres de son gouvernement, devait-il avoir lieu? Le chef de cabinet de la présidence, Ahmed Ouyahya, aurait-il pu aussi se passer de cet épisode malencontreux en s'abstenant de laver le linge sale en public, en livrant devant des étrangers une autre bataille pour la succession de Bouteflika? Une chose reste sûre: l'image de l'Algérie a pris un sérieux coup, un de plus. L'image d'un pays qui, outre l'incompétence d'organiser un événement qui rassemble quelques dizaines d'invités étrangers, pèche par l'absence même d'Etat, en proie à une guerre qui ne dit pas son nom sur fond de succession à un président qui, malgré son accident vasculaire cérébral (AVC), ou encore sa longévité au pouvoir (4 mandats!), ne veut pas prendre sa retraite.
Il faut bien se garder de se réjouir de la deliquescence de l'Etat algérien, ou ce qu'il en reste. La pire chose qui puisse nous arriver est que cet Etat s'efface une bonne fois pour toutes au profit du chaos, de l'anarchie... Déjà que les services occidentaux tirent la sonnette d'alarme sur le risque que la situation chez le voisin de l'est puisse échapper à tout contrôle, mettant en garde contre une nouvelle guerre civile dont les effets seront encore pire que ceux de la tristement célèbre décennie noire (années 90) et son cortège de 250.000 morts! "The Spectator", magazine britannique de référence pour les intellectuels, a récémment alerté contre le flux de 10 à 15 millions de réfugiés algériens vers l'Europe, au cas où une nouvelle guerre civile viendrait à éclater en Algérie. Que dire alors pour le proche entourage de l'Algérie, particulièrement à la frontière est du Maroc?
Les symptômes d'une implosion en Algérie se confirment de jour en jour. Est-ce un hasard si l'armée algérienne est appelée, aujourd'hui, par de nombreuses voix algériennes à intervenir ? Une expectative que l'armée nationale populaire (ANP) a repoussée, dans un récent éditorial publié dans sa revue "El Djeich"!, en affirmant vouloir se tenir à distance de la vie politique. Le fait même que l'armée algérienne se sente dans le besoin de s'absoudre publiquement de toute velléité d'intervention dans le champ politique est un signe suffisamment inquiétant sur la déliquescence d'une autorité à la tête de ce pays et les brèches multiples qui entaillent la muraille de l'Etat algérien.
Il est curieux de constater que alors même que le "bateau" algérien prend de l'eau de toutes parts et que ses dirigeants ne craignent de se donner une spectacle devant des étrangers, ils font part d'un consensus surprenant dès qu'il s'agit du Maroc. Toute voix discordante au sujet de l'intégrité territoriale du Maroc est vite étouffée et mise au ban de la société. A peine a-t-il osé dire tout haut ce que le peuple algérien pense du conflit avec le Maroc et ceux qui en tirent parti que l'ancien président du FLN, Amar Saadani, a été débouté de tout poste de responsabilité. Il y a une seule ligne rouge en Algérie: cesser de tirer contre le Maroc en instrumentalisant le Polisario.
Le seul "terrain" où les oligarques algériens peuvent s'entendre est celui de la question de l'intégrité territoriale du Maroc! Cette haine, Rabat a su la gérer depuis que Houari Boumedienne s'est emparé du pouvoir en Algérie. Mais les signes de la déliquescence de l'Etat algérien devraient davantage nous inquiéter. Le ciel est très sombre à l'est et il n'est pas sûr que nous soyons suffisamment préparés à la gestion d'une implosion en Algérie.
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