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MAROC:Pékin aujourd’hui, Moscou hier, Delhi demain, la longue marche

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  • MAROC:Pékin aujourd’hui, Moscou hier, Delhi demain, la longue marche

    Après la Russie et les pays du Golfe, le Roi Mohammed VI a entamé hier mercredi un séjour officiel en République Populaire de Chine.

    Cette visite royale, qui précèderait un prochain séjour en République Indienne, revêt indéniablement un caractère stratégique pour la diplomatie du Royaume. En effet, l’étape de Pékin confirme, si besoin était, que le Maroc a mis en place, depuis plusieurs mois, une nouvelle approche dans ses relations avec la communauté internationale des Etats.

    Il y a, très clairement, une donne nouvelle qui s’exprime par ces déplacements royaux, lesquels la matérialisent de façon aussi spectaculaire qu’explicite.

    Car, s’il s’agit de rechercher un partenariat stratégique au sens qu’il serait dévolu aux seules questions économiques, commerciales ou culturelles, on voudrait croire que le Roi Mohammed VI n’est pas vraiment dans le rôle d’un « voyageur de commerce »…

    Certes, comme lors du séjour russe, la dimension économique est présente, très présente, mais non unique.

    300 millions de Chinois et moi, et moi, et moi

    Bien sûr, avec la Chine, il s’agit de développer les relations économiques et commerciales, inciter les investisseurs chinois à « tâter » du marché marocain, tenter de réduire le déséquilibre de notre balance commerciale qui marque la prédominance de nos importations du pays de Mao sur nos exportations vers l’Empire du Milieu.

    Il est question également espérer attirer vers nos villes impériales quelques dizaines de milliers de membres cette nouvelle « caste » de consommateurs aisés qui compte aujourd’hui plus de 300 millions d’individus, notamment à Shanghai, Pékin et dans toutes les régions fortement industrialisées.

    C’est d’ailleurs pour cela qu’au sein de la délégation qui accompagne le Souverain, figure M. Abderrafia Zouitène, Dg de l’ONMT, et qui, d’ailleurs, avait également fait le déplacement moscovite.

    Alors, certes, la dimension économique, au sens large du terme, est indéniablement stratégique, d’autant que le Maroc, adhérent à l’OMC, ne se suffit plus, pour sa croissance, du partenariat avec la Vieille Europe qui sort à peine d’une grave et longue crise et qui a considérablement réduit la demande adressée à notre pays.

    Mais, tel le Prophète Mohammed, (PSL), qui recommandait de « chercher le savoir jusqu’en Chine », c’est pour des raisons tout aussi nobles et importantes que le Roi Mohammed VI a voulu reprendre le périple d’Ibn Batouta, alors que bien avant l’arrivée de ce digne fils de Tanger chez les empereurs de la dynastie Yuan au 14è siècle, des chroniqueurs de l’Empire Song évoquaient la dynastie marocaine des Almoravides au onzième siècle !

    Le séjour chinois du Souverain marque, en effet, l’application d’une double démarche, celle d’une forte ouverture du Maroc sur l’Afrique subsaharienne et l’intérêt que cela peut représenter pour l’économie chinoise, mais également le nouveau positionnement géopolitique du Royaume en cette seconde décennie du vingt-et-unième siècle.

    Le hub…

    Comme ont pu le noter les experts qui ont préparé le séjour royal au pays de la Longue Marche, la Chine a largement intérêt à marquer sa présence en Afrique, continent encore quasiment en friche, aux richesses largement inexploitées et aux besoins immenses, en termes d’investissements, d’infrastructures, d’équipements, de biens de consommation, etc.

    Et de fait, les Chinois y sont déjà implantés, mais beaucoup plus en Afrique australe et orientale, dans la partie anglophone essentiellement, plutôt que dans les parties occidentale et centrale, souvent qualifiées de francophones.

    Or, les Etats qui les constituent sont aujourd’hui bien connus du Maroc, de ses commerçants, investisseurs, diplomates et leurs dirigeants entretiennent les meilleurs rapports avec Rabat.

    Pour entrer dans cette « zone », le Maroc est un passage obligé, incontournable, grâce à la qualité de ces liens multiformes, mais aussi à l’existence de Casablanca Finance City.

    Et il n’est pas anodin que dans la délégation royale figure également M. Saïd Ibrahimi, DG de CFCA, lequel sera sans doute sollicité pour inciter les « milliardaires patriotes » de la Bourse de Shanghai ou ceux de Hong Kong, à venir imiter les dirigeants de la plus grande banque (publique, svp) chinoise, Bank of China, qui ont ouvert un bureau de représentation à Casablanca Finance City et obtenu le fameux sésame que représente le statut CFC !

    Il s’agit là d’atouts aussi palpables que précieux pour les Chinois qui, au-delà de leur « addiction » aux préceptes de Mao Zedong et du marxisme-léninisme, ont réussi depuis Deng Xiaoping, à magnifiquement développer « l’économie socialiste de marché » (bazz !) sous la conduite éclairée du Parti Communiste Chinois, « avant-garde révolutionnaire du Prolétariat » !

    De la realpolitik, de Dakhla à Taïwan…

    Tout autant qu’en Russie, le déplacement royal en Chine part d’une réalité qui désormais s’impose à tous, urbi et orbi.

    Celle qui énonce que le Maroc est un Etat sûr, stable, qui accueille bien volontiers les investissements étrangers et qui dispose, outre le hub de CFC donc, d’infrastructures modernes et opérationnelles, (télécommunications, réseau autoroutier, installations portuaires, système bancaire bien développé, etc.).

    Mieux encore, il s’affirme comme un rempart efficace contre les menées terroristes et constitue un havre de paix et de sécurité, pour les Marocains et tous ceux qui sollicitent son hospitalité.

    Il apparaît ainsi en position littéralement singulière par rapport à des Etats voisins, faibles ou menacés par la déstabilisation, peu aptes à garantir l’essor du commerce et des investissements.

    Lorsqu’un Chinois regarde vers notre région, s’offrent à son regard la Mauritanie bien fragile, l’Algérie en instance d’effondrement pour cause de sénilité avancée et de baisse des prix des hydrocarbures, la Tunisie aussi vaillante que menacée par une Libye devenue terre de parcours des hordes djihadistes assassines.

    Cette réalité est, d’abord connue de son Roi, de son peuple, et elle constitue le fondement de la stratégie de déploiement à l’international du Royaume.

    C’est à cette perception que l’on doit donc, au-delà du maintien de liens profonds avec la France, l’Espagne, l’UE (malgré des avatars conjoncturels), les Etats-Unis, (malgré des dirty tricks à la Susan Rice), la volonté avérée et entrée en application d’élargir le champ des partenariats stratégiques du Royaume.

    A l’ère de la multipolarité, cette nouvelle stratégie s’exprime donc par des initiatives royales vers et envers la Russie, hier, la Chine aujourd’hui, l’Inde demain.

    Bien évidemment, elle s’accompagne de la recherche, sinon d’alliances nouvelles, du moins de relations étroites et mutuellement profitables qui empêchent que ces nouveaux partenaires ne tombent dans le piège des positions hostiles à notre cause sacrée d’unité nationale.

    C’est à travers ce prisme qu’il convient « d’apprécier » le veto russe lors du vote de la résolution 2285 par le Conseil de Sécurité de l’ONU le 29 avril dernier. Quant au vote positif de Pékin, il s’explique, malgré la réelle qualité des relations sino-algériennes, par l’existence des «deux Chine», celle de Pékin et celle de Taïwan. Car, le projet de réunification n’a jamais été abandonné par les successeurs de Mao et ceux de Tchang Kaï-chek devront tôt ou tard s’y résoudre, comme le firent avant eux les habitants de Hong Kong ou de Macao !

    Voilà ces nouveaux paramètres qui qualifient et déterminent l’action extérieure du Maroc, sous l’impulsion directe du Roi Mohammed VI, dont la stratégie et les diverses applications tactiques ont permis d’empêcher la concrétisation de vastes plans destinés à priver le Royaume de sa légitime souveraineté sur nos provinces sahariennes.

    Le Maroc, sûr de ses droits, de sa force « tranquille », de son unanimité nationale, de son modèle, noue ainsi, sans complexe, ni peur, des relations d’importance avec les Etats qui comptent à l’échelle mondiale.

    Et si ceux-là obtempèrent, nous suivent dans nos objectifs, se rapprochent de nous, c’est, bien sûr parce qu’ils y trouvent leur compte, mais aussi et surtout parce que « nous le valons bien ».

    lnt
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