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«Cette réunion signale un début d’infléchissement de la position saoudienne»

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  • «Cette réunion signale un début d’infléchissement de la position saoudienne»

    A l’issue d’une réunion à Doha, les ministres russe et saoudien de l’Energie, ainsi que ceux du Qatar et du Venezuela ont décidé de geler la production du pétrole à son niveau de janvier. Comment analysez-vous cette décision ? Quel est l’impact attendu sur les marchés et les cours ?

    Cette réunion est importante à plus d’un titre. Elle signale d’une part un début d’infléchissement de la position de l’Arabie Saoudite qui avait jusqu’à présent privilégié le statu quo et avait refusé les demandes de plus en plus pressantes émanant de l’Algérie et d’autre pays comme le Venezuela ou l’Equateur en vue d’une réduction de la production de l’OPEP pour provoquer une remontée des prix. Elle indique d’autre part que l’Arabie Saoudite a entrepris de coordonner sa politique pétrolière avec d’autres acteurs majeurs, comme la Russie — qui ne fait pas partie de l’OPEP.

    Cela résulte des tensions actuelles entre l’Arabie Saoudite et l’Iran et de la volonté de ce dernier d’augmenter massivement sa production et ses exportations. Enfin, cela montre qu’au-delà des divergences qui peuvent exister entre l’Arabie saoudite et la Russie, notamment sur le dossier syrien, il y a une intensification des relations économiques et stratégiques entre ces deux pays, et en ce qui concerne l’Arabie, une reconnaissance des nouveaux équilibres mondiaux et une volonté de s’affranchir d’une relation exclusive avec les Etats-Unis.

    - Cette décision est-elle susceptible, d’après vous, de réduire les excédents de l’offre qui pénalisent les marchés et les prix depuis maintenant près de deux années ?

    Cette décision ne suffira pas à elle seule à réduire les excédents de l’offre. Mais elle prépare le terrain à des discussions ultérieures, en y incluant en temps voulu l’Iran et l’Irak, sans lesquels rien ne peut aboutir. Il s’agit surtout d’éviter les phénomènes de «passager clandestin», certains acteurs comme l’Iran pouvant profiter de cette décision pour accroître leur propre production.

    Aujourd’hui, il est clair que l’OPEP est une organisation dépassée dans son format et son mode de gouvernance, qui n’arrive plus à remplir sa mission. Ce qui est en jeu, c’est une refondation profonde de cette institution qui a vu le jour à une époque aujourd’hui révolue. Cette réunion entre l’Arabie Saoudite, la Russie, le Venezuela et le Qatar pourrait préfigurer cette refondation.

    - Si remontée des prix il y a, ne pensez-vous pas que la décision avantagera indirectement les producteurs américains de schiste dont les coûts de production nécessitent des cours du pétrole bien au-dessus du niveau actuel ?

    La remontée des prix, quand elle se produira, sera quoi qu’il arrive graduelle. Les producteurs de schiste américains en profiteront et y ont autant intérêt que les producteurs de l’OPEP. Une partie de ces producteurs a disparu, une autre partie a été absorbée par les majors pétrolières américaines. La chute des cours a finalement été bénéfique aux plus grands acteurs, moyennant une réduction de leurs investissements et de leurs coûts de fonctionnement.

    Cette phase brutale a permis aux majors de consolider le marché et de se préparer à une remontée des cours. Le caractère oligopolistique de ce marché n’en sera que plus marqué lors de la reprise et les majors vont retarder la hausse de la production. Il y a aujourd’hui une alliance objective entre ces majors et les producteurs de l’OPEP.

    - Comment voyez-vous l’évolution des prix à court et moyen termes ?


    Il est très difficile de faire ce genre de prévision. A court terme, les prix devraient être caractérisés par une certaine volatilité avec néanmoins aujourd’hui une direction clairement ascendante si la stratégie engagée par l’OPEP et la Russie est mise en œuvre. Compte tenu du caractère cyclique de ce marché et de la forte réduction des investissements, une tension entre l’offre et la demande devrait réapparaître à moyen terme, avec une hausse des cours vers 50-60 dollars le baril, voire davantage. Est-ce que cela se fera dans un an, dans deux ans ? Nulle ne peut le dire aujourd’hui. Ce qui est sûr, c’est qu’il y a aujourd’hui, clairement, une volonté d’inverser la tendance de la part des grands acteurs du marché.

    Ali Titouche


    el watan
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