Agadir: Les forces de l’ordre sur le qui-vive
DES incidents sanglants, l’Université Ibn Zohr (UIZ) en a connu en ce début d’année. Lors d’affrontements entre jeunes sahraouis dans la cité universitaire, un étudiant en 2e année de droit à la faculté de droit d’Agadir a assené un coup mortel à un jeune de 19 ans, au niveau de la tête. La victime, qui ne fait pas partie des étudiants de l’UIZ, n’aurait pas dû se trouver à l’intérieur de la cité universitaire. Mais ce n’est pas le seul dérapage à signaler. Au début du mois de janvier 2016, et après le match qui a opposé le Raja de Casablanca au Hassania d’Agadir, des affrontements ont eu lieu dans l’environnement des facultés. Un règlement de compte, nous indique-t-on, entre des étudiants séparatistes qui en voulaient à des supporters de Hassania, les «Ultras Imazighen» de leur nom. Résultat, des policiers blessés et 12 étudiants arrêtés.
En 2015 par contre, le climat général était plutôt calme malgré des tensions. Les responsables ayant mis en place tout un système de gestion pour contenir les débordements et trouver des terrains d’entente. Les forces de l’ordre sont aussi mobilisées dans leurs fourgons en permanence devant les établissements universitaires, et dans le quartier Assalam où résident beaucoup d’étudiants, pour intervenir en cas de besoin. Souvent, les facultés à Agadir sont le théâtre des manifestations motivées selon le cas par les étudiants sahraouis, radicalistes ou amazighs.
Des sit-in dont le théâtre peut être l’extérieur des établissements, la cour, voire l’intérieur des locaux administratifs! C’est ainsi que l’accès à l’administration est désormais limité (cas de la faculté de droit)
Après la fin des examens, enseignants et personnel administratif ont été félicités lors du dernier jour de surveillance pour avoir mené à bien leur mission, malgré les contraintes. Une véritable prouesse.
F. N.
Tanger-Tétouan: Calme, mais à surveiller
C’EST avec une attention toute particulière que les différents acteurs du monde universitaire à Tanger suivent les récentes tensions que connaissent les campus universitaires des autres villes du Maroc. Même si jusqu’à maintenant, Tanger et Tétouan semblent immunisées contre ce type de dérapages. L’ambiance au Nord est en général assez calme, en raison, entre autres, de la jeunesse des installations universitaires mais aussi de l’atomisation des installations, réparties entre Tanger, Tétouan et la toute récente faculté polydisciplinaire de Larache.
En effet, ce n’est qu’en 1995 que la faculté des sciences et techniques de Tanger a été lancée, suivie deux ans après par la faculté des sciences juridiques, économiques et sociales. Mais l’engorgement actuel et la montée en flèche des effectifs (le nombre de bacheliers a été multiplié par trois depuis 2010 au niveau de la région) ne sont pas de nature à rassurer. A Tétouan, la situation tend vers le calme, même si la tension reste notable, selon des sources au sein de la faculté des sciences. Les différentes tendances du mouvement estudiantin (Al Adal Wal Ihsane, PJD, Annahj Addimocrati) sont depuis longtemps bien représentées à Tétouan (la faculté des sciences et celle des lettres de Tétouan ont été inaugurées en 1982), mais leurs affrontements verbaux n’ont que très rarement dérapé.
A.A
Marrakech: Terrain miné
LES derniers affrontements entre étudiants à Marrakech et qui ont fait un mort ne sont pas les premiers. C’est même devenu une scène annuelle puisque, à chaque rentrée universitaire, les facultés des sciences humaines et des sciences juridiques de Marrakech s’embrasent avec des batailles rangées entre étudiants, ou encore entre étudiants et forces de l’ordre. La proximité de ces facultés avec la cité universitaire fait que les conflits durent plusieurs heures, avec des jets de pierres et de cocktails molotov et des agressions à l’arme blanche, faisant des blessés. A l’origine de ces affrontements, toujours les mêmes causes: des heurts entre factions radicales d’étudiants, en l’occurrence les Saharaouis des provinces du Sud. Si en 2016, ils se sont opposés à des étudiants, membres du mouvement culturel amazigh avec un bain de sang, l’an dernier, l’origine des heurts était une bagarre entre deux étudiantes résidentes partageant la même chambre à la cité universitaire. Et comme d’habitude, il n’en fallait pas plus pour que les étudiants résidant dans la cité universitaire en viennent aux mains et se servent des armes blanches avec deux clans qui s’affrontaient: celui des étudiants d’El Kelaat contre leurs camarades sahraouis. En 2014, les résidents de la cité universitaire sont sortis dans la rue parce qu’ils n’avaient pas trouvé de lits disponibles. Et puis, ils ont manifesté contre les conditions de vie et la cantine…Ces mouvements cycliques menacent aujourd’hui la vie estudiantine des autres étudiants, de la faculté de droit et de la faculté des sciences humaines qui s’enflamment tout aussi facilement, mais également des riverains qui subissent des actes de vandalisme à chaque bagarre.
B. B.
Rabat: Les islamistes dominent
Outre les protestations des étudiants en médecine contre le projet de service obligatoire, à Rabat, l’année 2015 a été marquée par le mécontentement des étudiants de l’Ensias (Ecole supérieure d’informatique et d’analyse des systèmes). Sit-in et grèves de la faim ont été organisés au sein de l’école afin de protester contre le déficit en capacité d’hébergement, et le retard dans l’achèvement des travaux de la dernière tranche de la résidence estudiantine. Sans compter les problèmes liés à la restauration, à la connexion au réseau internet.
En décembre dernier, la faculté de droit de Souissi a aussi connu des contestations de la part des étudiants: sit-in, marches au sein de l’établissement… ce qui a poussé la direction de la faculté à revoir le calendrier des examens. Pour l’ensemble de ces actions, l’on peut constater le rôle important joué par les membres d’organisations à tendance islamiste, notamment d’Al Adl Wal Ihsane dans la mobilisation des étudiants. Ces groupes sont bien représentés dans la majorité des établissements de l’Université de Rabat grâce à un travail permanent de proximité. Les organisations estudiantines de la majorité des partis politiques, aussi bien de gauche que de droite, sont absentes. Mais au niveau de l’Université Ibn Tofaïl à Kénitra, en plus des islamistes, l’on y trouve également des étudiants affiliés aux partis d’extrême gauche. Contrairement aux années précédentes, marquées par des grèves et de fortes mobilisations pour différents problèmes (accès au master, transport, restauration….), 2015 a été plutôt calme. Cela est en partie dû à la stratégie adoptée par le nouveau président de l’université, selon un enseignant. Une stratégie fondée sur l’ouverture au dialogue avec les représentants des étudiants, en vue trouver des solutions aux problèmes posés.
N.E.A.
Oujda: Après la tempête, le consensus
Fini les sit-in et les protestations quasi annuelles pour le report des examens à Oujda. Cette année, les étudiants ont proposé un calendrier que l’administration a accepté afin d’apaiser les tensions. Une première au niveau de l’Université Mohammed Premier (UMP). Les examens qui devaient avoir lieu à partir du 12 janvier ont été reportés au 2 février pour les étudiants inscrits en cycle de licence fondamentale et master. Des examens qui concerneront 57.000 inscrits et qui se tiendront au niveau des facultés à accès ouvert: Lettres (du 2 au 5 février), sciences (du 2 au 16 février) et droit (du 2 au 9 février). L’unique exception concerne les étudiants en master qui ont passé leurs examens en janvier.
Les cours se sont déroulés normalement et aucun incident n’a été enregistré au cours du 1er semestre entre les étudiants et les services de l’ordre. Le problème sera, cependant, posé au cours du 2e semestre. «Avec des examens en février et résultats en mars, c’est carrément 2 mois de retard qui impacteront la qualité des formations et des préparations pour les examens de fin d’année en juillet», précise Hassan, un étudiant en économie. Cela reste, néanmoins, mieux qu’avant. Les années précédentes, l’UMP ne parachevait ses examens qu’en septembre. «Cela est devenu une habitude à l’UMP de finir l’année universitaire l’an suivant. Et nous demandons que l’administration et les services de sécurité protègent les étudiants qui veulent passer leurs examens à temps», explique Hassan.
Les mesures de sécurité, prises au niveau de l’UMP, consistent en une programmation alternée des horaires d’examen dans les établissements à forte affluence, avec des dates spécifiques pour chaque filière. Quant à l’intervention des services de l’ordre, elle se fait à la demande des doyens et du président, en cas d’émeute ou de blocage des portes d’accès aux salles d’examen.
Le courant amazigh est celui qui domine à l’université, suivi de celui d’Annahj Addimocrati.
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DES incidents sanglants, l’Université Ibn Zohr (UIZ) en a connu en ce début d’année. Lors d’affrontements entre jeunes sahraouis dans la cité universitaire, un étudiant en 2e année de droit à la faculté de droit d’Agadir a assené un coup mortel à un jeune de 19 ans, au niveau de la tête. La victime, qui ne fait pas partie des étudiants de l’UIZ, n’aurait pas dû se trouver à l’intérieur de la cité universitaire. Mais ce n’est pas le seul dérapage à signaler. Au début du mois de janvier 2016, et après le match qui a opposé le Raja de Casablanca au Hassania d’Agadir, des affrontements ont eu lieu dans l’environnement des facultés. Un règlement de compte, nous indique-t-on, entre des étudiants séparatistes qui en voulaient à des supporters de Hassania, les «Ultras Imazighen» de leur nom. Résultat, des policiers blessés et 12 étudiants arrêtés.
En 2015 par contre, le climat général était plutôt calme malgré des tensions. Les responsables ayant mis en place tout un système de gestion pour contenir les débordements et trouver des terrains d’entente. Les forces de l’ordre sont aussi mobilisées dans leurs fourgons en permanence devant les établissements universitaires, et dans le quartier Assalam où résident beaucoup d’étudiants, pour intervenir en cas de besoin. Souvent, les facultés à Agadir sont le théâtre des manifestations motivées selon le cas par les étudiants sahraouis, radicalistes ou amazighs.
Des sit-in dont le théâtre peut être l’extérieur des établissements, la cour, voire l’intérieur des locaux administratifs! C’est ainsi que l’accès à l’administration est désormais limité (cas de la faculté de droit)
Après la fin des examens, enseignants et personnel administratif ont été félicités lors du dernier jour de surveillance pour avoir mené à bien leur mission, malgré les contraintes. Une véritable prouesse.
F. N.
Tanger-Tétouan: Calme, mais à surveiller
C’EST avec une attention toute particulière que les différents acteurs du monde universitaire à Tanger suivent les récentes tensions que connaissent les campus universitaires des autres villes du Maroc. Même si jusqu’à maintenant, Tanger et Tétouan semblent immunisées contre ce type de dérapages. L’ambiance au Nord est en général assez calme, en raison, entre autres, de la jeunesse des installations universitaires mais aussi de l’atomisation des installations, réparties entre Tanger, Tétouan et la toute récente faculté polydisciplinaire de Larache.
En effet, ce n’est qu’en 1995 que la faculté des sciences et techniques de Tanger a été lancée, suivie deux ans après par la faculté des sciences juridiques, économiques et sociales. Mais l’engorgement actuel et la montée en flèche des effectifs (le nombre de bacheliers a été multiplié par trois depuis 2010 au niveau de la région) ne sont pas de nature à rassurer. A Tétouan, la situation tend vers le calme, même si la tension reste notable, selon des sources au sein de la faculté des sciences. Les différentes tendances du mouvement estudiantin (Al Adal Wal Ihsane, PJD, Annahj Addimocrati) sont depuis longtemps bien représentées à Tétouan (la faculté des sciences et celle des lettres de Tétouan ont été inaugurées en 1982), mais leurs affrontements verbaux n’ont que très rarement dérapé.
A.A
Marrakech: Terrain miné
LES derniers affrontements entre étudiants à Marrakech et qui ont fait un mort ne sont pas les premiers. C’est même devenu une scène annuelle puisque, à chaque rentrée universitaire, les facultés des sciences humaines et des sciences juridiques de Marrakech s’embrasent avec des batailles rangées entre étudiants, ou encore entre étudiants et forces de l’ordre. La proximité de ces facultés avec la cité universitaire fait que les conflits durent plusieurs heures, avec des jets de pierres et de cocktails molotov et des agressions à l’arme blanche, faisant des blessés. A l’origine de ces affrontements, toujours les mêmes causes: des heurts entre factions radicales d’étudiants, en l’occurrence les Saharaouis des provinces du Sud. Si en 2016, ils se sont opposés à des étudiants, membres du mouvement culturel amazigh avec un bain de sang, l’an dernier, l’origine des heurts était une bagarre entre deux étudiantes résidentes partageant la même chambre à la cité universitaire. Et comme d’habitude, il n’en fallait pas plus pour que les étudiants résidant dans la cité universitaire en viennent aux mains et se servent des armes blanches avec deux clans qui s’affrontaient: celui des étudiants d’El Kelaat contre leurs camarades sahraouis. En 2014, les résidents de la cité universitaire sont sortis dans la rue parce qu’ils n’avaient pas trouvé de lits disponibles. Et puis, ils ont manifesté contre les conditions de vie et la cantine…Ces mouvements cycliques menacent aujourd’hui la vie estudiantine des autres étudiants, de la faculté de droit et de la faculté des sciences humaines qui s’enflamment tout aussi facilement, mais également des riverains qui subissent des actes de vandalisme à chaque bagarre.
B. B.
Rabat: Les islamistes dominent
Outre les protestations des étudiants en médecine contre le projet de service obligatoire, à Rabat, l’année 2015 a été marquée par le mécontentement des étudiants de l’Ensias (Ecole supérieure d’informatique et d’analyse des systèmes). Sit-in et grèves de la faim ont été organisés au sein de l’école afin de protester contre le déficit en capacité d’hébergement, et le retard dans l’achèvement des travaux de la dernière tranche de la résidence estudiantine. Sans compter les problèmes liés à la restauration, à la connexion au réseau internet.
En décembre dernier, la faculté de droit de Souissi a aussi connu des contestations de la part des étudiants: sit-in, marches au sein de l’établissement… ce qui a poussé la direction de la faculté à revoir le calendrier des examens. Pour l’ensemble de ces actions, l’on peut constater le rôle important joué par les membres d’organisations à tendance islamiste, notamment d’Al Adl Wal Ihsane dans la mobilisation des étudiants. Ces groupes sont bien représentés dans la majorité des établissements de l’Université de Rabat grâce à un travail permanent de proximité. Les organisations estudiantines de la majorité des partis politiques, aussi bien de gauche que de droite, sont absentes. Mais au niveau de l’Université Ibn Tofaïl à Kénitra, en plus des islamistes, l’on y trouve également des étudiants affiliés aux partis d’extrême gauche. Contrairement aux années précédentes, marquées par des grèves et de fortes mobilisations pour différents problèmes (accès au master, transport, restauration….), 2015 a été plutôt calme. Cela est en partie dû à la stratégie adoptée par le nouveau président de l’université, selon un enseignant. Une stratégie fondée sur l’ouverture au dialogue avec les représentants des étudiants, en vue trouver des solutions aux problèmes posés.
N.E.A.
Oujda: Après la tempête, le consensus
Fini les sit-in et les protestations quasi annuelles pour le report des examens à Oujda. Cette année, les étudiants ont proposé un calendrier que l’administration a accepté afin d’apaiser les tensions. Une première au niveau de l’Université Mohammed Premier (UMP). Les examens qui devaient avoir lieu à partir du 12 janvier ont été reportés au 2 février pour les étudiants inscrits en cycle de licence fondamentale et master. Des examens qui concerneront 57.000 inscrits et qui se tiendront au niveau des facultés à accès ouvert: Lettres (du 2 au 5 février), sciences (du 2 au 16 février) et droit (du 2 au 9 février). L’unique exception concerne les étudiants en master qui ont passé leurs examens en janvier.
Les cours se sont déroulés normalement et aucun incident n’a été enregistré au cours du 1er semestre entre les étudiants et les services de l’ordre. Le problème sera, cependant, posé au cours du 2e semestre. «Avec des examens en février et résultats en mars, c’est carrément 2 mois de retard qui impacteront la qualité des formations et des préparations pour les examens de fin d’année en juillet», précise Hassan, un étudiant en économie. Cela reste, néanmoins, mieux qu’avant. Les années précédentes, l’UMP ne parachevait ses examens qu’en septembre. «Cela est devenu une habitude à l’UMP de finir l’année universitaire l’an suivant. Et nous demandons que l’administration et les services de sécurité protègent les étudiants qui veulent passer leurs examens à temps», explique Hassan.
Les mesures de sécurité, prises au niveau de l’UMP, consistent en une programmation alternée des horaires d’examen dans les établissements à forte affluence, avec des dates spécifiques pour chaque filière. Quant à l’intervention des services de l’ordre, elle se fait à la demande des doyens et du président, en cas d’émeute ou de blocage des portes d’accès aux salles d’examen.
Le courant amazigh est celui qui domine à l’université, suivi de celui d’Annahj Addimocrati.
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