
Comme les Algériens, nous nous interrogions sur l’intérêt et l’objectif de ce moment passé à Alger par notre « commis voyageur » François Hollande...
Finalement, l’Algérie refuse de défiler le 14 juillet à Paris !Le Brésil ne tolère pas l’incivismeCombien d’attentats faudra-t-il encore pour que la France comprenne ?
Ce vers de Jean de La Fontaine (Le Corbeau et le Renard) s’applique parfaitement à la visite éclair réalisée le lundi 15 juin par le président de la République française à Alger. En cette circonstance, le « renard » étant François Hollande et le « corbeau » Abdelaziz Bouteflika.
Et le renard n’y a pas été de mainmorte : « Il m’a donné l’impression d’une maîtrise intellectuelle et c’est même rare de rencontrer un chef d’État qui a cette alacrité (selon le « dico » : gaieté, allégresse, entrain, enjouement ? On ne l’aurait jamais cru à le voir !) et cette capacité de jugement. »
Ajoutant que « la qualité de la discussion que nous avons eue pendant deux heures était particulièrement intense et élevée ». Et de terminer en disant qu’il avait « toutes ses capacités pour apporter sa sagesse et son jugement pour régler les crises »…
La presse algérienne n’est pas tendre sur la visite éclair de François Hollande qui, en fait, s’est fait le porte-parole de l’aphasique président algérien, qui n’a même pas pu se montrer à ses côtés lors de la conférence, et a réussi à « embobiner » le gouvernement algérien grâce à ses flatteries excessives.
Le quotidien Liberté : « Pour le prix d’un lexique recherché (alacrité) et un laïus dithyrambique à l’endroit de Bouteflika, Hollande a réussi à imposer aux Algériens l’implantation d’une usine uniquement de “montage” de Peugeot/Citroën, tout comme il avait permis l’installation de l’usine Renault à Oued Tlelat, près d’Oran, qui produit avec un très faible taux d’intégration la Symbol, qui ne pourrait pas se commercialiser sur le marché algérien avec ses segments africains construits au Maroc. »
Le quotidien Le Matin titre même à la une « Merci pour ce moment », se référant au livre de Valérie Trierweiler : « “Merci pour ce moment”, Monsieur le Président, les Algériens se souviendront de vous, de vos assurances sans retenues et de votre séquence d’anthologie politique comme ils se souviennent d’un autre président socialiste, François Mitterrand. » Dans le même quotidien, sous la signature d’Ahcène Bettahar : « François Hollande ne nous aime pas. C’était du grand “foutage de gueule” et une offense singulière à l’endroit des chefs d’État lucides qu’il côtoie. »
Kacem Madani : « Nous savions le jeu politique pervers mais là il est quasi burlesque. Dieu que tout cela est pathétique. »
Yacine K. : « Le président a été très occupé à nous vendre un président algérien brillant à le rendre jaloux. De mémoire d’Algérien, jamais un président français n’a osé une telle extravagance, et en public qui plus est. »
Elle va même jusqu’à accuser Hollande de tromperie lorsqu’il annonce que les pourparlers sont avancés pour l’implantation d’une usine Peugeot/Citroën alors que, pendant ce même moment, le président de PSA Carlos Tavales officialisait avec Mohamed VI, roi du Maroc (accord signé ce vendredi 18 juin), l’installation d’une véritable usine de construction, la première en Afrique, dans la zone franche de Kénitra, avec un financement de 557 millions d’euros, une prévision de production de 90.000 véhicules/an en 2019 et, à terme, 200.000 automobiles envisagées. 4.500 emplois directs et 20.000 indirects.
La stratégie française reste toujours la même : installer au Maroc des plates-formes industrielles qui permettent une plus grande pénétration des marchés africains et du Moyen-Orient et, en même temps, offrir à l’Algérie, en lot de consolation afin de la calmer, des unités de montage destinées à la seule consommation locale, et cela avec des accords avantageux pour les deux constructeurs français ; quelques millions d’euros pour les 51 % destinés à l’État algérien, obligeant le gouvernement à commander en exclusivité des achats groupés par les institutions et entreprises publiques, ainsi que la réactivation du crédit à la consommation pour la seule production nationale.
Comme les Algériens, nous nous interrogions sur l’intérêt et l’objectif de ce moment passé à Alger par notre « commis voyageur » François Hollande. Sans doute que, contrairement à Bouteflika, nous manquions d’« alacrité », mais à présent, nous avons tout compris.
Manuel Gomez
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