L'aîné, Saïd, se serait formé au Yémen au maniement des armes avec des militants d'al-Qaida dans la péninsule arabique. Notre spécialiste, Georges Malbrunot, présente ce groupe, succursale d'al-Qaida.
Saïd Kouachi, l'un des deux auteurs présumés de l'attentat mercredi contre l'hebdomadaire Charlie Hebdo, avait voyagé au Yémen en 2011 où il s'était entraîné au maniement des armes, selon un responsable américain. Il avait été formé par un membre d'al-Qaida avant de rentrer en France, a précisé ce responsable qui a souhaité conserver l'anonymat, confirmant une information du New York Times. Les autorités américaines ont par ailleurs souligné que les deux auteurs présumés de l'attentat étaient «depuis des années» sur la liste noire américaine du terrorisme.
Depuis de nombreuses années, le Yémen et la branche locale d'al-Qaida dans la Péninsule arabique (AQPA) accueillent des «combattants» étrangers. Certains étudiants salafistes allaient suivre les cours de l'université islamique de Dammaj dans le nord, lieu d'affrontements fréquents avec les rebelles houthis, une secte proche du chiisme, au cours desquels au moins un «étudiant» français est mort ces dernières années. D'autres, plus radicaux comme Saïd Kouachi, ralliaient directement les maquis d'AQPA, la succursale d'al-Qaida qui apparaissait comme la plus redoutable, avant l'émergence de Daech l'été dernier en Irak et en Syrie.
Dirigé par Nasser al-Waheishi, l'ancien secrétaire d'Oussama Ben Laden, al-Qaida dans la Péninsule arabique est rapidement devenue, après sa fusion en 2009 avec sa voisine saoudienne, la plus inventive et la plus audacieuse des branches de la mouvance terroriste globale. Elle bénéficie de plusieurs atouts. D'abord sa capacité à évoluer dans un pays qui est une sorte d'Afghanistan bis: un pays sans état central fort, truffé de montagnes pour se cacher et préparer des attaques et enfin des tribus parfois acquises à l'idéologie ultra-radicale. Sans oublier que le Yémen, pays de guerriers surarmés, est la patrie ancestrale d'Oussama Ben Laden.
Le point de ralliement des djihadistes fuyant l'Afghanistan
On pouvait voir ces dernières années des étrangers fréquenter les librairies salafistes de Sanaa, mais bouder les journalistes étrangers qui cherchaient à les interroger. Peu à peu, AQPA est devenu le point de ralliement des djihadistes qui fuyaient l'Afghanistan. Sa capacité de recrutement inquiète les services de renseignements occidentaux, qui évaluaient à plusieurs centaines le nombre de djihadistes étrangers à avoir rallié les camps d'AQPA ces dernières années: des Pakistanais, des Malaisiens, des Soudanais ainsi que des Occidentaux (Américains, Français et Britanniques). Le plus célèbre d'entre eux fut un étudiant nigérian Farouk Abdulmutallab, qui chercha à faire exploser un avion de ligne Amsterdam-Detroit le 25 décembre 2009.
AQPA a également bénéficié de la chasse faite aux djihadistes par l'Arabie saoudite voisine. De nombreux radicaux du royaume sont ainsi venus se réfugier dans les maquis yéménites. Et ils apportaient avec eux leurs expertise comme l'ancien numéro deux d'al-Qaida en Arabie, Said al-Shihri, passé au Yémen après son retour de Guantanamo qui aurait été tué par une frappe de drone américain en septembre 2012, et l'artificier Ibrahim Hassan al-Asiri, soupçonné d'avoir transmis son savoir-faire non seulement localement mais aussi en Syrie où de nombreux Yéménites combattent le régime de Bachar el-Assad aux côtés de Daech.
Les Etats-Unis, qui ont longtemps vu AQPA comme la menace la plus importante pour leur sécurité, n'ont pas hésité en octobre 2011 à liquider par drone un de leur concitoyen, Anwar al-Awlaqi, qui était revenu dans son pays d'origine pour propager le djihad.
Si le Yémen attire les apprentis djihadistes c'est aussi en raison d'Inspire, la revue en anglais qu'APQA a lancé à destination précisément du public non arabophone. Au printemps 2013, un numéro d'Inspire affichait le portrait de Charb, l'un des dessinateurs de Charlie Hebdo tué mercredi, comme une des neuf «cibles» à «abattre» pour avoir «insulté» l'islam.
La récente conquête de Sanaa, la capitale, et d'autres portions du pays, par les rebelles chiites a contraint al-Qaida de durcir le front contre leurs «ennemis» chiites. Ces derniers mois, la mouvance djihadiste a multiplié les attentats contre des cibles proches des Houthis. Le 5 novembre dernier, un Français était blessé et un Algérien tué au sud de Sanaa lorsque leur véhicule fut appréhendé à un poste de contrôle tenu par les nouveaux maîtres du pays.
Georges Malbrunot
Le Figaro
Saïd Kouachi, l'un des deux auteurs présumés de l'attentat mercredi contre l'hebdomadaire Charlie Hebdo, avait voyagé au Yémen en 2011 où il s'était entraîné au maniement des armes, selon un responsable américain. Il avait été formé par un membre d'al-Qaida avant de rentrer en France, a précisé ce responsable qui a souhaité conserver l'anonymat, confirmant une information du New York Times. Les autorités américaines ont par ailleurs souligné que les deux auteurs présumés de l'attentat étaient «depuis des années» sur la liste noire américaine du terrorisme.
Depuis de nombreuses années, le Yémen et la branche locale d'al-Qaida dans la Péninsule arabique (AQPA) accueillent des «combattants» étrangers. Certains étudiants salafistes allaient suivre les cours de l'université islamique de Dammaj dans le nord, lieu d'affrontements fréquents avec les rebelles houthis, une secte proche du chiisme, au cours desquels au moins un «étudiant» français est mort ces dernières années. D'autres, plus radicaux comme Saïd Kouachi, ralliaient directement les maquis d'AQPA, la succursale d'al-Qaida qui apparaissait comme la plus redoutable, avant l'émergence de Daech l'été dernier en Irak et en Syrie.
Dirigé par Nasser al-Waheishi, l'ancien secrétaire d'Oussama Ben Laden, al-Qaida dans la Péninsule arabique est rapidement devenue, après sa fusion en 2009 avec sa voisine saoudienne, la plus inventive et la plus audacieuse des branches de la mouvance terroriste globale. Elle bénéficie de plusieurs atouts. D'abord sa capacité à évoluer dans un pays qui est une sorte d'Afghanistan bis: un pays sans état central fort, truffé de montagnes pour se cacher et préparer des attaques et enfin des tribus parfois acquises à l'idéologie ultra-radicale. Sans oublier que le Yémen, pays de guerriers surarmés, est la patrie ancestrale d'Oussama Ben Laden.
Le point de ralliement des djihadistes fuyant l'Afghanistan
On pouvait voir ces dernières années des étrangers fréquenter les librairies salafistes de Sanaa, mais bouder les journalistes étrangers qui cherchaient à les interroger. Peu à peu, AQPA est devenu le point de ralliement des djihadistes qui fuyaient l'Afghanistan. Sa capacité de recrutement inquiète les services de renseignements occidentaux, qui évaluaient à plusieurs centaines le nombre de djihadistes étrangers à avoir rallié les camps d'AQPA ces dernières années: des Pakistanais, des Malaisiens, des Soudanais ainsi que des Occidentaux (Américains, Français et Britanniques). Le plus célèbre d'entre eux fut un étudiant nigérian Farouk Abdulmutallab, qui chercha à faire exploser un avion de ligne Amsterdam-Detroit le 25 décembre 2009.
AQPA a également bénéficié de la chasse faite aux djihadistes par l'Arabie saoudite voisine. De nombreux radicaux du royaume sont ainsi venus se réfugier dans les maquis yéménites. Et ils apportaient avec eux leurs expertise comme l'ancien numéro deux d'al-Qaida en Arabie, Said al-Shihri, passé au Yémen après son retour de Guantanamo qui aurait été tué par une frappe de drone américain en septembre 2012, et l'artificier Ibrahim Hassan al-Asiri, soupçonné d'avoir transmis son savoir-faire non seulement localement mais aussi en Syrie où de nombreux Yéménites combattent le régime de Bachar el-Assad aux côtés de Daech.
Les Etats-Unis, qui ont longtemps vu AQPA comme la menace la plus importante pour leur sécurité, n'ont pas hésité en octobre 2011 à liquider par drone un de leur concitoyen, Anwar al-Awlaqi, qui était revenu dans son pays d'origine pour propager le djihad.
Si le Yémen attire les apprentis djihadistes c'est aussi en raison d'Inspire, la revue en anglais qu'APQA a lancé à destination précisément du public non arabophone. Au printemps 2013, un numéro d'Inspire affichait le portrait de Charb, l'un des dessinateurs de Charlie Hebdo tué mercredi, comme une des neuf «cibles» à «abattre» pour avoir «insulté» l'islam.
La récente conquête de Sanaa, la capitale, et d'autres portions du pays, par les rebelles chiites a contraint al-Qaida de durcir le front contre leurs «ennemis» chiites. Ces derniers mois, la mouvance djihadiste a multiplié les attentats contre des cibles proches des Houthis. Le 5 novembre dernier, un Français était blessé et un Algérien tué au sud de Sanaa lorsque leur véhicule fut appréhendé à un poste de contrôle tenu par les nouveaux maîtres du pays.
Georges Malbrunot
Le Figaro
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