Le démantèlement régulier de cellules soupçonnées de se préparer à l'action témoigne néanmoins de la persistance de la menace. Devenue une sorte de feuilleton, la traque aux terroristes masque un phénomène plus profond, celui de l'islamisation rampante de la société. Toutes les études sociologiques réalisées récemment convergent pour constater la poussée du conservatisme et de la pratique religieuse chez les jeunes. Dans le même temps se développe un discours antiaméricain et anti-occidental. Dans les universités, l'Union nationale des étudiants du Maroc fait la loi et impose son ordre moral. «Dans mon cours, je comptais il y a une quinzaine d'années le nombre de jeunes filles portant le foulard, cette année, j'en suis à dénombrer sur les doigts d'une main les filles à la tête nue», note un professeur de sciences politiques de Casablanca.
Les contestataires, représentés par le cheikh Abdelssalam Yacine, le guide spirituel d'al-Adl Wal Ihsân (Justice et Bienfaisance), sont en embuscade. Vieux rebelle mystique, Yacine, 78 ans, est sorti de l'anonymat en adressant en 1974 une épître à Hassan II. Le cheikh se présentait au roi comme le véritable commandeur des croyants et lui expliquait qu'il était un usurpateur. Hassan II répliqua en enfermant pendant trois ans et demi le provocateur dans un hôpital psychiatrique. Placé en résidence surveillée, le cheikh est libre de ses mouvements depuis l'avénement de Mohammed VI.
Figure emblématique, Cheikh Yacine le guide de Justice et Bienfaisance est soutenu par des dizaines de milliers de disciples prêts à descendre dans la rue au moindre claquement de doigt. Sa fille Nadia est le porte-parole d'un mouvement sectaire fortement implanté dans les milieux populaires. Vindicative, tenant des propos souvent décousus, la pourfendeuse du Makhzen – l'establishment royal qui tient les rênes du pays – est poursuivie par la justice pour avoir réclamé l'instauration d'une République. «Le mouvement de Yacine est ambigu dans son rapport avec la violence. Il est tenté par des affrontements, mais de là à imaginer une volonté de conquête par la violence il a un fossé difficile à franchir».
Engagé dans une complexe stratégie d'endiguement, le pouvoir manie la carotte et le bâton, tout en cherchant à fragmenter cette mouvance. La méthode s'est révélée pour l'instant payante. Mais la machinerie royale destinée à assimiler les islamistes plutôt qu'à la réprimer peut sous la pression des événements s'enrayer.
Le Figaro
Les contestataires, représentés par le cheikh Abdelssalam Yacine, le guide spirituel d'al-Adl Wal Ihsân (Justice et Bienfaisance), sont en embuscade. Vieux rebelle mystique, Yacine, 78 ans, est sorti de l'anonymat en adressant en 1974 une épître à Hassan II. Le cheikh se présentait au roi comme le véritable commandeur des croyants et lui expliquait qu'il était un usurpateur. Hassan II répliqua en enfermant pendant trois ans et demi le provocateur dans un hôpital psychiatrique. Placé en résidence surveillée, le cheikh est libre de ses mouvements depuis l'avénement de Mohammed VI.
Figure emblématique, Cheikh Yacine le guide de Justice et Bienfaisance est soutenu par des dizaines de milliers de disciples prêts à descendre dans la rue au moindre claquement de doigt. Sa fille Nadia est le porte-parole d'un mouvement sectaire fortement implanté dans les milieux populaires. Vindicative, tenant des propos souvent décousus, la pourfendeuse du Makhzen – l'establishment royal qui tient les rênes du pays – est poursuivie par la justice pour avoir réclamé l'instauration d'une République. «Le mouvement de Yacine est ambigu dans son rapport avec la violence. Il est tenté par des affrontements, mais de là à imaginer une volonté de conquête par la violence il a un fossé difficile à franchir».
Engagé dans une complexe stratégie d'endiguement, le pouvoir manie la carotte et le bâton, tout en cherchant à fragmenter cette mouvance. La méthode s'est révélée pour l'instant payante. Mais la machinerie royale destinée à assimiler les islamistes plutôt qu'à la réprimer peut sous la pression des événements s'enrayer.
Le Figaro
Commentaire