Observatoire marocain de lutte contre l’antisémitisme: pourquoi ?
Majd Lemseffer Publié le 16/06/2014
Je voudrai partager ici dans ces quelques lignes mon indignation quand j’ai appris, par hasard je dois dire, la création d’un « observatoire marocain de lutte contre l’antisémitisme ». De qui se moque-t-on?
L’antisémitisme est devenu le nouveau fléau, le virus contagieux qui a inondé tous les peuples partout dans le monde. Je vous avoue que j’ai cru un moment, en voyant cet article, à une nouvelle prouesse humoristique de « Legorafi.fr », un journal parodique, tellement la situation paraît ubuesque.
L’antisémitisme n’existe pas au Maroc, et n’a jamais existé. Il suffit de demander aux juifs de Meknès, Tanger, Fès, Casablanca ou Essaouira. D’ailleurs, cette dernière doit son incroyable essor et sa transformation à André Azoulay, juif marocain, qui y est né et a contribué à son développement touristique. Il est actuellement conseiller du Roi.
Depuis le XVIe siècle, la dynastie alaouite s'est voulue la protectrice de la communauté séfarade, confiant même plus tard des postes importants de la cour à certains de ses membres.
Au siècle dernier, les juifs du Maroc ont été protégés par le Sultan Mohamed V durant la seconde guerre mondiale, considérées comme ses enfants à part entière, sans aucune distinction. Il lui arrivait de tenir farouchement tête au Résident général français à l’époque, parce qu’il se refusait d’appliquer une loi « antisémite » imposée par le gouvernement de Vichy.
D’autre part, lors de la fête du Trône en 1944, il adressa ces quelques paroles aux juifs du Maroc : « Tout comme les musulmans, vous êtes mes sujets et comme tels, je vous protège et vous aime, croyez bien que vous trouverez toujours en moi l'aide dont vous avez besoin. Les musulmans sont et ont toujours été vos frères et vos amis ». Il est d’ailleurs un « Juste parmi les Nations », distinction honorifique attribué à titre posthume par l’Etat d’Israel pour avoir courageusement sauver les juifs, fatalement destinées à finir dans des camps d’exterminations nazis. Il fit promettre à Hassan II de « veiller au salut de la communauté juive du Maroc ».
Tout cela pour démontrer les liens très étroits entre juifs et musulmans au Maroc. D’ailleurs, le Maroc est le pays arabe où réside le plus de juifs. Le marocain ne sait même pas ce qu’est l’antisémitisme, il ne connaît pas cette distinction. Je veux dire par là qu’un marocain sait que son boucher est aaroubi, son épicier chleuh, son médecin ihoudi et son coiffeur sahraoui par exemple, sans aller au-delà des interprétations.
Mais aujourd’hui, le nouveau combat sociétale qui agite la France et qui gagne visiblement le Maroc c’est l’antisémitisme maquillé en antisionisme.
«Le ventre est encore fécond, d’où a surgi la bête immonde» diront certains aujourd’hui, en parlant de l’Europe.
Ce procès d’antisémitisme dès que l’on ose critiquer le gouvernement israélien, lui, attise la haine et contribue à alimenter la haine du juif.
Si le chantage à l’antisémitisme a réussi à s’épanouir en France, je doute qu’il ait un quelconque impact sur la population marocaine.
Je trouve cette initiative scandaleuse et même insultante pour tous nos concitoyens marocains. C’est une offense à notre intégrité et à notre identité.
Je suis fier d’appartenir à un pays qui a cultivé de tout temps une entente fraternelle et bienveillante entre juifs et musulmans, ce qui ne m’empêche pas d’être très critique vis-à-vis de la politique menée par l’Etat d’Israël contre le peuple palestinien. Mais je fais la différence, et elle est nécessaire pour pouvoir conserver un certain vivre ensemble.
Si l’antisémitisme n’existe pas au Maroc, il éclora doucement à la lueur du jour, un bon matin, grâce à cette belle initiative totalement stupide et provocatrice.
En s’attardant quelque peu sur les motivations de Mr Omar Louzi le président de cet Observatoire, sur la page Facebook de cette ONG, on remarque son scepticisme prononcé contre le gouvernement actuel, qualifié de « panarabiste et islamiste », et son militantisme acharné pour la cause amazighe. J’ai bien peur que cette initiative de lutte contre l’antisémitisme au Maroc, d’apparence noble bien qu’inutile, ne serve subtilement à nourrir un irrédentisme berbère endormi mais non moins présent.
Majd Lemseffer Publié le 16/06/2014
Je voudrai partager ici dans ces quelques lignes mon indignation quand j’ai appris, par hasard je dois dire, la création d’un « observatoire marocain de lutte contre l’antisémitisme ». De qui se moque-t-on?
L’antisémitisme est devenu le nouveau fléau, le virus contagieux qui a inondé tous les peuples partout dans le monde. Je vous avoue que j’ai cru un moment, en voyant cet article, à une nouvelle prouesse humoristique de « Legorafi.fr », un journal parodique, tellement la situation paraît ubuesque.
L’antisémitisme n’existe pas au Maroc, et n’a jamais existé. Il suffit de demander aux juifs de Meknès, Tanger, Fès, Casablanca ou Essaouira. D’ailleurs, cette dernière doit son incroyable essor et sa transformation à André Azoulay, juif marocain, qui y est né et a contribué à son développement touristique. Il est actuellement conseiller du Roi.
Depuis le XVIe siècle, la dynastie alaouite s'est voulue la protectrice de la communauté séfarade, confiant même plus tard des postes importants de la cour à certains de ses membres.
Au siècle dernier, les juifs du Maroc ont été protégés par le Sultan Mohamed V durant la seconde guerre mondiale, considérées comme ses enfants à part entière, sans aucune distinction. Il lui arrivait de tenir farouchement tête au Résident général français à l’époque, parce qu’il se refusait d’appliquer une loi « antisémite » imposée par le gouvernement de Vichy.
D’autre part, lors de la fête du Trône en 1944, il adressa ces quelques paroles aux juifs du Maroc : « Tout comme les musulmans, vous êtes mes sujets et comme tels, je vous protège et vous aime, croyez bien que vous trouverez toujours en moi l'aide dont vous avez besoin. Les musulmans sont et ont toujours été vos frères et vos amis ». Il est d’ailleurs un « Juste parmi les Nations », distinction honorifique attribué à titre posthume par l’Etat d’Israel pour avoir courageusement sauver les juifs, fatalement destinées à finir dans des camps d’exterminations nazis. Il fit promettre à Hassan II de « veiller au salut de la communauté juive du Maroc ».
Tout cela pour démontrer les liens très étroits entre juifs et musulmans au Maroc. D’ailleurs, le Maroc est le pays arabe où réside le plus de juifs. Le marocain ne sait même pas ce qu’est l’antisémitisme, il ne connaît pas cette distinction. Je veux dire par là qu’un marocain sait que son boucher est aaroubi, son épicier chleuh, son médecin ihoudi et son coiffeur sahraoui par exemple, sans aller au-delà des interprétations.
Mais aujourd’hui, le nouveau combat sociétale qui agite la France et qui gagne visiblement le Maroc c’est l’antisémitisme maquillé en antisionisme.
«Le ventre est encore fécond, d’où a surgi la bête immonde» diront certains aujourd’hui, en parlant de l’Europe.
Ce procès d’antisémitisme dès que l’on ose critiquer le gouvernement israélien, lui, attise la haine et contribue à alimenter la haine du juif.
Si le chantage à l’antisémitisme a réussi à s’épanouir en France, je doute qu’il ait un quelconque impact sur la population marocaine.
Je trouve cette initiative scandaleuse et même insultante pour tous nos concitoyens marocains. C’est une offense à notre intégrité et à notre identité.
Je suis fier d’appartenir à un pays qui a cultivé de tout temps une entente fraternelle et bienveillante entre juifs et musulmans, ce qui ne m’empêche pas d’être très critique vis-à-vis de la politique menée par l’Etat d’Israël contre le peuple palestinien. Mais je fais la différence, et elle est nécessaire pour pouvoir conserver un certain vivre ensemble.
Si l’antisémitisme n’existe pas au Maroc, il éclora doucement à la lueur du jour, un bon matin, grâce à cette belle initiative totalement stupide et provocatrice.
En s’attardant quelque peu sur les motivations de Mr Omar Louzi le président de cet Observatoire, sur la page Facebook de cette ONG, on remarque son scepticisme prononcé contre le gouvernement actuel, qualifié de « panarabiste et islamiste », et son militantisme acharné pour la cause amazighe. J’ai bien peur que cette initiative de lutte contre l’antisémitisme au Maroc, d’apparence noble bien qu’inutile, ne serve subtilement à nourrir un irrédentisme berbère endormi mais non moins présent.
Commentaire