par Hélios d'Alexandrie
Le Moyen-Orient est l'antichambre de l'Europe, il est bien moins éloigné qu'il n'y paraît. Tout ce qui s'y passe nous affecte d'une manière ou d'une autre.
La guerre civile en Syrie a mis au monde des monstres, le plus dangereux d'entre eux se nommait jusqu'à tout récemment «L'État islamique en Irak et au Levant». Il ne s'agit pas à proprement parler d'un État, mais d'une formation guerrière qui compte des dizaines de milliers de jihadistes aguerris et prêts à mourir dans la voie d'Allah.
Ces guerriers ont infligé une défaite cuisante aux forces armées
irakiennes et, dans l'espace d'une semaine, ont réussi à multiplier par quatre la superficie qu'ils occupent en Syrie et en Irak; des villes populeuses comme Mossoul dans le Nord de l'Irak sont tombées entre leurs mains. Mais ces guerriers n'entendent pas s'arrêter là, leurs récents succès les portent à pousser leur avantage et à conquérir plus de territoire en Irak mais également en Syrie, en Jordanie et en Arabie saoudite.
Le chef de cette formation guerrière s'est récemment autoproclamé successeur du prophète Mahomet, soit le calife de tous les musulmans. Aux territoires conquis il a donné le nom d'État Islamique, un État en pleine expansion que ses voisins perçoivent comme une menace existentielle. Dans cette nouvelle chronique, Hélios d'Alexandrie expose les ressorts doctrinaux du nouveau Califat, l'attrait qu'il exerce sur les jeunes musulmans, et comment il pourrait déclencher une catastrophe dont les impacts et les conséquences ne se limiteront pas à la zone où se déroule le conflit.
Le Califat, longtemps espéré par les islamistes, renaît 90 ans après sa chute. Il possède un territoire, une armée de conquête, un chef, le calife, et les ressources nécessaires à son expansion. Ceux qui l'ont rétabli s'évertuent à reproduire scrupuleusement le modèle original, celui des premiers jours de l'islam; une reproduction à l'authentique tant dans la forme que dans l'esprit. Le nouveau calife s'est même donné le nom du premier successeur de Mahomet: Abou Bakr, son discours du Vendredi 4 juillet dernier reproduit mot pour mot celui de son lointain prédécesseur. Et comme pour rendre la nouvelle réalité pareille à celle du septième siècle, l'armée islamique en Irak enregistre victoire sur victoire, de quoi forcer l'admiration voire l'enthousiasme des jeunes musulmans partout sur la planète, les convaincre de se rallier à l'armée islamique et à faire allégeance au nouveau calife.
Le retour du vrai islam
Et ce nouveau calife use d'un argument de poids: la charia islamique qu'il applique dans toute sa rigueur, sans le moindre état d'âme, peu importe si son application concrète produit des horreurs; car ce ne sont pas les normes éthiques d'aujourd'hui qui sont respectées mais celles des quatre premiers califes de l'islam, les bien guidés, qui ont dans leur temps établi et appliqué la loi d'Allah. Le nouveau calife démontre ainsi au milliard et demi de musulmans, que l'islam authentique s'il est fidèlement suivi, et la charia, si elle est imposée dans son intégralité et sans la moindre concession, le succès promis par Allah à ses fidèles est assuré, soit la victoire, le butin, les jolies captives pour les vivants, et les houris du paradis pour les «martyrs». Le message est on ne peut plus limpide: «soyez de vrais musulmans, joignez-vous à nous et vous serez gagnants sur toute la ligne!»
Ceux qui se posaient des questions quant à la radicalisation des jeunes musulmans, commencent peut-être à en saisir la raison et la motivation. L'endoctrinement dont ils ont été l'objet dans les mosquées et sur internet les a amené à haïr tout ce qui n'est pas islamique, et en particulier la civilisation occidentale impie, dont le succès depuis la renaissance est ressenti comme un affront quotidien à l'islam. Les jeunes qui se radicalisent refoulent leur honte et leur sentiment d'échec, ils n'ont aucun espoir de battre la civilisation occidentale sur son terrain, surtout qu'ils rejettent ses valeurs et le système démocratique qui a fait son succès. La honte et l'échec refoulés ont laissé toute la place à la rage et à l'autoglorification, lesquelles consument leur énergie en pure perte. Cette énergie, les jeunes musulmans et ceux qui les recrutent ont découvert le moyen de la canaliser en faveur de l'islam; c'est dans le jihad armé qu'elle est à présent employée.
Les jeunes jihadistes ont dit Adieu à la honte et au sentiment d'échec, ils ont de quoi être fiers, les gains sur le champ de bataille les ont confortés dans leur choix, le sentiment d'invincibilité a remplacé le sentiment d'impuissance, du coup ils ont acquis la certitude que rien ne peut les arrêter, les anges sont leurs auxiliaires dans le combat, comme à la bataille de Badr que Mahomet à menée contre la tribu de Quoreish. Ils ont actuellement la preuve que l'observance stricte de l'islam, l'application littérale de la charia et l'obéissance aveugle au calife sont les seuls moyens par lesquels ils feront triompher l'islam et effaceront l'opprobre qui pèse sur les musulmans depuis des siècles.
Force est de le constater, le nouveau calife et son «État islamique» ne font pas les coins ronds avec la charia, ils l'appliquent dans toute sa rigueur. Nul ne peut leur reprocher de dévier du véritable islam, même pas les wahhabites saoudiens. Les savants musulmans appelés à l'aide en Arabie Saoudite, en Égypte et ailleurs, ne peuvent sans trahir l'islam dénoncer le nouveau califat et le traiter d'hérétique, car ils dénonceraient par le fait même, et Mahomet et les quatre califes qui lui ont succédé. Les ténors de l'islam sont pris au piège, ils prêchaient pour le califat depuis des décennies, ils l'ont promis à tous les musulmans de la terre, comment peuvent-ils le renier, à présent qu'il est réinstauré dans toute sa pureté, comme au temps glorieux des origines?
Les intégristes dépassés par le Califat
Les wahhabites en Arabie sont dépassés, ils ont travaillé très fort pour islamiser le monde, et ils y ont réussi bien plus qu'ils ne l'espéraient, au point où ils se retrouvent en ce moment victimes de leur succès. Ce sont eux qui ont mis au monde le nouveau califat, mais leur créature les dépasse et de loin en terme d'observance de la religion et de la charia, et elle les laisse loin derrière pour ce qui est des réalisations sur le terrain. Elle les rend obsolètes, et met à nu leur hypocrisie, celle qui consiste à céder à toutes et chacune des tentations de ce monde, tout en dénigrant et maudissant l'Occident qui en est la source.
Les islamistes en Occident sont également dépassés, ils ont perdu le contrôle et se sont laissé supplanter par le Califat. Les jeunes dont ils ont consciencieusement lavé le cerveau, leur tournent désormais le dos et partent par milliers pour tuer et se faire tuer en Syrie et en Irak. Leurs «exploits» sont diffusés partout sur les réseaux sociaux et sur Internet, de même les horreurs qu'ils commettent et dont ils tirent fierté, et cela incite les autres à leur emboîter le pas. Le Califat agit désormais comme une pompe aspirante, les jeunes musulmans les plus motivés et les plus militants rejoignent l'État islamique et font allégeance au calife. Désormais le chef c'est lui, c'est à lui que les musulmans du monde entier doivent obéissance, car il incarne la légitimité islamique, la seule, l'unique, celle qui transcende les appartenances nationales et culturelles, celle qui a pour raison d'être de fondre tous les musulmans dans la oumma, en attendant d'assujettir toute l'humanité à Allah.
Le Moyen-Orient est l'antichambre de l'Europe, il est bien moins éloigné qu'il n'y paraît. Tout ce qui s'y passe nous affecte d'une manière ou d'une autre.
La guerre civile en Syrie a mis au monde des monstres, le plus dangereux d'entre eux se nommait jusqu'à tout récemment «L'État islamique en Irak et au Levant». Il ne s'agit pas à proprement parler d'un État, mais d'une formation guerrière qui compte des dizaines de milliers de jihadistes aguerris et prêts à mourir dans la voie d'Allah.
Ces guerriers ont infligé une défaite cuisante aux forces armées
irakiennes et, dans l'espace d'une semaine, ont réussi à multiplier par quatre la superficie qu'ils occupent en Syrie et en Irak; des villes populeuses comme Mossoul dans le Nord de l'Irak sont tombées entre leurs mains. Mais ces guerriers n'entendent pas s'arrêter là, leurs récents succès les portent à pousser leur avantage et à conquérir plus de territoire en Irak mais également en Syrie, en Jordanie et en Arabie saoudite.
Le chef de cette formation guerrière s'est récemment autoproclamé successeur du prophète Mahomet, soit le calife de tous les musulmans. Aux territoires conquis il a donné le nom d'État Islamique, un État en pleine expansion que ses voisins perçoivent comme une menace existentielle. Dans cette nouvelle chronique, Hélios d'Alexandrie expose les ressorts doctrinaux du nouveau Califat, l'attrait qu'il exerce sur les jeunes musulmans, et comment il pourrait déclencher une catastrophe dont les impacts et les conséquences ne se limiteront pas à la zone où se déroule le conflit.
Le Califat, longtemps espéré par les islamistes, renaît 90 ans après sa chute. Il possède un territoire, une armée de conquête, un chef, le calife, et les ressources nécessaires à son expansion. Ceux qui l'ont rétabli s'évertuent à reproduire scrupuleusement le modèle original, celui des premiers jours de l'islam; une reproduction à l'authentique tant dans la forme que dans l'esprit. Le nouveau calife s'est même donné le nom du premier successeur de Mahomet: Abou Bakr, son discours du Vendredi 4 juillet dernier reproduit mot pour mot celui de son lointain prédécesseur. Et comme pour rendre la nouvelle réalité pareille à celle du septième siècle, l'armée islamique en Irak enregistre victoire sur victoire, de quoi forcer l'admiration voire l'enthousiasme des jeunes musulmans partout sur la planète, les convaincre de se rallier à l'armée islamique et à faire allégeance au nouveau calife.
Le retour du vrai islam
Et ce nouveau calife use d'un argument de poids: la charia islamique qu'il applique dans toute sa rigueur, sans le moindre état d'âme, peu importe si son application concrète produit des horreurs; car ce ne sont pas les normes éthiques d'aujourd'hui qui sont respectées mais celles des quatre premiers califes de l'islam, les bien guidés, qui ont dans leur temps établi et appliqué la loi d'Allah. Le nouveau calife démontre ainsi au milliard et demi de musulmans, que l'islam authentique s'il est fidèlement suivi, et la charia, si elle est imposée dans son intégralité et sans la moindre concession, le succès promis par Allah à ses fidèles est assuré, soit la victoire, le butin, les jolies captives pour les vivants, et les houris du paradis pour les «martyrs». Le message est on ne peut plus limpide: «soyez de vrais musulmans, joignez-vous à nous et vous serez gagnants sur toute la ligne!»
Ceux qui se posaient des questions quant à la radicalisation des jeunes musulmans, commencent peut-être à en saisir la raison et la motivation. L'endoctrinement dont ils ont été l'objet dans les mosquées et sur internet les a amené à haïr tout ce qui n'est pas islamique, et en particulier la civilisation occidentale impie, dont le succès depuis la renaissance est ressenti comme un affront quotidien à l'islam. Les jeunes qui se radicalisent refoulent leur honte et leur sentiment d'échec, ils n'ont aucun espoir de battre la civilisation occidentale sur son terrain, surtout qu'ils rejettent ses valeurs et le système démocratique qui a fait son succès. La honte et l'échec refoulés ont laissé toute la place à la rage et à l'autoglorification, lesquelles consument leur énergie en pure perte. Cette énergie, les jeunes musulmans et ceux qui les recrutent ont découvert le moyen de la canaliser en faveur de l'islam; c'est dans le jihad armé qu'elle est à présent employée.
Les jeunes jihadistes ont dit Adieu à la honte et au sentiment d'échec, ils ont de quoi être fiers, les gains sur le champ de bataille les ont confortés dans leur choix, le sentiment d'invincibilité a remplacé le sentiment d'impuissance, du coup ils ont acquis la certitude que rien ne peut les arrêter, les anges sont leurs auxiliaires dans le combat, comme à la bataille de Badr que Mahomet à menée contre la tribu de Quoreish. Ils ont actuellement la preuve que l'observance stricte de l'islam, l'application littérale de la charia et l'obéissance aveugle au calife sont les seuls moyens par lesquels ils feront triompher l'islam et effaceront l'opprobre qui pèse sur les musulmans depuis des siècles.
Force est de le constater, le nouveau calife et son «État islamique» ne font pas les coins ronds avec la charia, ils l'appliquent dans toute sa rigueur. Nul ne peut leur reprocher de dévier du véritable islam, même pas les wahhabites saoudiens. Les savants musulmans appelés à l'aide en Arabie Saoudite, en Égypte et ailleurs, ne peuvent sans trahir l'islam dénoncer le nouveau califat et le traiter d'hérétique, car ils dénonceraient par le fait même, et Mahomet et les quatre califes qui lui ont succédé. Les ténors de l'islam sont pris au piège, ils prêchaient pour le califat depuis des décennies, ils l'ont promis à tous les musulmans de la terre, comment peuvent-ils le renier, à présent qu'il est réinstauré dans toute sa pureté, comme au temps glorieux des origines?
Les intégristes dépassés par le Califat
Les wahhabites en Arabie sont dépassés, ils ont travaillé très fort pour islamiser le monde, et ils y ont réussi bien plus qu'ils ne l'espéraient, au point où ils se retrouvent en ce moment victimes de leur succès. Ce sont eux qui ont mis au monde le nouveau califat, mais leur créature les dépasse et de loin en terme d'observance de la religion et de la charia, et elle les laisse loin derrière pour ce qui est des réalisations sur le terrain. Elle les rend obsolètes, et met à nu leur hypocrisie, celle qui consiste à céder à toutes et chacune des tentations de ce monde, tout en dénigrant et maudissant l'Occident qui en est la source.
Les islamistes en Occident sont également dépassés, ils ont perdu le contrôle et se sont laissé supplanter par le Califat. Les jeunes dont ils ont consciencieusement lavé le cerveau, leur tournent désormais le dos et partent par milliers pour tuer et se faire tuer en Syrie et en Irak. Leurs «exploits» sont diffusés partout sur les réseaux sociaux et sur Internet, de même les horreurs qu'ils commettent et dont ils tirent fierté, et cela incite les autres à leur emboîter le pas. Le Califat agit désormais comme une pompe aspirante, les jeunes musulmans les plus motivés et les plus militants rejoignent l'État islamique et font allégeance au calife. Désormais le chef c'est lui, c'est à lui que les musulmans du monde entier doivent obéissance, car il incarne la légitimité islamique, la seule, l'unique, celle qui transcende les appartenances nationales et culturelles, celle qui a pour raison d'être de fondre tous les musulmans dans la oumma, en attendant d'assujettir toute l'humanité à Allah.
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