Bonjour, aprés Chinatown Maghrebtown, seulement à Montréal, on n'est pas aussi nombreux que les Chinois.
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Ils sont venus pour une meilleure vie, un meilleur job, un meilleur avenir pour leurs enfants. Ils n'ont pas à se plaindre, disent-ils. Sauf que...
Le segment de la rue Jean-Talon qui s'étire entre les boulevards Saint-Michel et Pie-IX est à l'image de l'explosion maghrébine à Montréal. Il y a 10 ans, la plupart des commerces du quartier étaient italiens, grecs ou haïtiens. Aujourd'hui, on a presque l'impression d'être à Alger. Il y a des cafés maghrébins, des boucheries halal, des épiceries «du bled» et même une mosquée.
«Quand je suis arrivé, on n'était pas très nombreux, lance Ahmid, rencontré au comptoir du café Safir, un endroit très fréquenté. Il y avait un seul café maghrébin rue Jean-Talon. Maintenant, on en compte trois ou quatre, juste dans le quartier... On est en train de préparer le prochain Maghrebtown!»
Ahmid est arrivé au Québec il y a huit ans. Il n'est pas surpris d'apprendre que les Maghrébins sont désormais plus nombreux que les Chinois. Il a vu sa communauté grandir de façon exponentielle en très peu de temps, conséquence directe de l'instabilité politique en Algérie. «Notre seule issue, hors du Maghreb, c'était le Canada. Parce que, en France, vous le savez comme moi, c'est saturé», lance-t-il en buvant son thé à la menthe.
«Le climat? Un détail. Les Algériens s'adaptent à tout...»
Maxi halal
À Montréal, la grande majorité des Maghrébins serait installée dans les quartiers Anjou, Montréal-Nord ou Saint-Michel. On estime leur nombre à 30 000, rien que dans ce secteur.
Preuve d'une présence de plus en plus marquée: les supermarchés Maxi et Cie de Saint-Michel et d'Anjou offrent depuis quelques mois un comptoir de viandes halal, c'est-à-dire certifiées pour les clients musulmans! Une chose impensable il y a cinq ans. «Il y avait une demande. Et ça fonctionne très bien» lance Luigi Conca, gérant du rayon des viandes au Maxi et Cie de Saint-Michel.
Cette spectaculaire «maghrébisation» ne s'est pas faite sans dommages collatéraux. George Koinis, propriétaire depuis 32 ans du resto grec Palais Mina, a vu son chiffre d'affaires baisser considérablement depuis que les Maghrébins ont investi le quartier. À tel point qu'il songe sérieusement à vendre son commerce. «Ils sont tranquilles, mais ils ont nui à ma business, déplore-t-il. Avant, les commerçants du coin venaient dîner chez moi. Maintenant, les commerçants sont musulmans. Et un musulman n'entre pas dans un restaurant chrétien. Ici, on ne mange pas halal!»
Diplôme du taxi
Bonne nouvelle pour M. Koinis: le boom serait toutefois terminé. Maintenant que l'Algérie va mieux, l'émigration a ralenti. «Depuis deux ou trois ans, j'en vois moins qui arrivent», observe Mourad Hales, propriétaire du café Le Fennec.
Certains quittent même Montréal pour retourner au pays. Appel des racines, bien sûr. Mais aussi difficulté à trouver du travail et à s'intégrer dans la société québécoise. Sans oublier les contrecoups du 11 septembre, qui n'aident en rien.
D'après Noureddine Korso, rencontré au Fennec, plus de 70 % de l'immigration algérienne serait constituée d'universitaires et de gens diplômés. Leurs compétences, malheureusement, ne sont pas toujours reconnues dans la Belle Province.
«Ils devraient pourtant savoir qu'on a hérité d'un système scolaire qui est 100% français», lance M. Korso.
«Je connais un chirurgien-dentiste qui est arrivé en 1993. Depuis qu'il est à Montréal, il conduit un taxi, résume M. Hales. Il faut que le gouvernement mette ses culottes pour faciliter l'intégration. Quelqu'un qui arrive avec un diplôme d'ingénieur, tu ne le mets pas dans un taxi!»
Même son de cloche chez Ahmid, aujourd'hui chômeur. «Pour le boulot, il faut être patient. On sent une sorte de protectionnisme. Mais si le Québec s'ouvre, il va en bénéficier. Les Maghrébins sont des gens reconnaissants. On pourrait être un moteur pour le Canada. Il faut profiter de notre savoir-faire...»
Jean-Christophe Laurence
27 octobre 2006 La Presse
IMMIGRATION AU QUÉBEC
NOMBRE D'IMMIGRANTS ARRIVÉS AU QUÉBEC DURANT LES SIX PREMIERSMOIS DE 2006
Par pays de naissance
Algérie 10,8%
France 7,6%
Maroc 6,4%
Chine Presque identique au Maroc
Roumanie Environ 5,5%
NOMBRE D'IMMIGRÉS ARRIVÉS AU QUÉBEC ENTRE 2001 ET 2005
Par pays de naissance
Chine 18 749 ( 9,3% )
Maroc 16 428 ( 8,1%)
France 16 273 ( 8%)
Algérie 15 739 ( 7,8%)
Roumanie 12 845 ( 6,3% )
PAYS DE NAISSANCE DE LA POPULATION QUÉBÉCOISE IMMIGRÉE
Selon le recensement de 2001
Italie 9,8%
France 7,1%
Haïti 6,8%
Liban 4,1%
États-Unis 3,6%
Source: Institut de la statistique du Québec.
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Ils sont venus pour une meilleure vie, un meilleur job, un meilleur avenir pour leurs enfants. Ils n'ont pas à se plaindre, disent-ils. Sauf que...
Le segment de la rue Jean-Talon qui s'étire entre les boulevards Saint-Michel et Pie-IX est à l'image de l'explosion maghrébine à Montréal. Il y a 10 ans, la plupart des commerces du quartier étaient italiens, grecs ou haïtiens. Aujourd'hui, on a presque l'impression d'être à Alger. Il y a des cafés maghrébins, des boucheries halal, des épiceries «du bled» et même une mosquée.
«Quand je suis arrivé, on n'était pas très nombreux, lance Ahmid, rencontré au comptoir du café Safir, un endroit très fréquenté. Il y avait un seul café maghrébin rue Jean-Talon. Maintenant, on en compte trois ou quatre, juste dans le quartier... On est en train de préparer le prochain Maghrebtown!»
Ahmid est arrivé au Québec il y a huit ans. Il n'est pas surpris d'apprendre que les Maghrébins sont désormais plus nombreux que les Chinois. Il a vu sa communauté grandir de façon exponentielle en très peu de temps, conséquence directe de l'instabilité politique en Algérie. «Notre seule issue, hors du Maghreb, c'était le Canada. Parce que, en France, vous le savez comme moi, c'est saturé», lance-t-il en buvant son thé à la menthe.
«Le climat? Un détail. Les Algériens s'adaptent à tout...»
Maxi halal
À Montréal, la grande majorité des Maghrébins serait installée dans les quartiers Anjou, Montréal-Nord ou Saint-Michel. On estime leur nombre à 30 000, rien que dans ce secteur.
Preuve d'une présence de plus en plus marquée: les supermarchés Maxi et Cie de Saint-Michel et d'Anjou offrent depuis quelques mois un comptoir de viandes halal, c'est-à-dire certifiées pour les clients musulmans! Une chose impensable il y a cinq ans. «Il y avait une demande. Et ça fonctionne très bien» lance Luigi Conca, gérant du rayon des viandes au Maxi et Cie de Saint-Michel.
Cette spectaculaire «maghrébisation» ne s'est pas faite sans dommages collatéraux. George Koinis, propriétaire depuis 32 ans du resto grec Palais Mina, a vu son chiffre d'affaires baisser considérablement depuis que les Maghrébins ont investi le quartier. À tel point qu'il songe sérieusement à vendre son commerce. «Ils sont tranquilles, mais ils ont nui à ma business, déplore-t-il. Avant, les commerçants du coin venaient dîner chez moi. Maintenant, les commerçants sont musulmans. Et un musulman n'entre pas dans un restaurant chrétien. Ici, on ne mange pas halal!»
Diplôme du taxi
Bonne nouvelle pour M. Koinis: le boom serait toutefois terminé. Maintenant que l'Algérie va mieux, l'émigration a ralenti. «Depuis deux ou trois ans, j'en vois moins qui arrivent», observe Mourad Hales, propriétaire du café Le Fennec.
Certains quittent même Montréal pour retourner au pays. Appel des racines, bien sûr. Mais aussi difficulté à trouver du travail et à s'intégrer dans la société québécoise. Sans oublier les contrecoups du 11 septembre, qui n'aident en rien.
D'après Noureddine Korso, rencontré au Fennec, plus de 70 % de l'immigration algérienne serait constituée d'universitaires et de gens diplômés. Leurs compétences, malheureusement, ne sont pas toujours reconnues dans la Belle Province.
«Ils devraient pourtant savoir qu'on a hérité d'un système scolaire qui est 100% français», lance M. Korso.
«Je connais un chirurgien-dentiste qui est arrivé en 1993. Depuis qu'il est à Montréal, il conduit un taxi, résume M. Hales. Il faut que le gouvernement mette ses culottes pour faciliter l'intégration. Quelqu'un qui arrive avec un diplôme d'ingénieur, tu ne le mets pas dans un taxi!»
Même son de cloche chez Ahmid, aujourd'hui chômeur. «Pour le boulot, il faut être patient. On sent une sorte de protectionnisme. Mais si le Québec s'ouvre, il va en bénéficier. Les Maghrébins sont des gens reconnaissants. On pourrait être un moteur pour le Canada. Il faut profiter de notre savoir-faire...»
Jean-Christophe Laurence
27 octobre 2006 La Presse
IMMIGRATION AU QUÉBEC
NOMBRE D'IMMIGRANTS ARRIVÉS AU QUÉBEC DURANT LES SIX PREMIERSMOIS DE 2006
Par pays de naissance
Algérie 10,8%
France 7,6%
Maroc 6,4%
Chine Presque identique au Maroc
Roumanie Environ 5,5%
NOMBRE D'IMMIGRÉS ARRIVÉS AU QUÉBEC ENTRE 2001 ET 2005
Par pays de naissance
Chine 18 749 ( 9,3% )
Maroc 16 428 ( 8,1%)
France 16 273 ( 8%)
Algérie 15 739 ( 7,8%)
Roumanie 12 845 ( 6,3% )
PAYS DE NAISSANCE DE LA POPULATION QUÉBÉCOISE IMMIGRÉE
Selon le recensement de 2001
Italie 9,8%
France 7,1%
Haïti 6,8%
Liban 4,1%
États-Unis 3,6%
Source: Institut de la statistique du Québec.
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