Des banlieues miséreuses aux quartiers chics, la question pour les musulmanes égyptiennes n’est plus de se voiler ou pas, mais de choisir son voile, du plus rigoriste au plus branché.
Après 30 ans de réislamisation, les femmes nue-tête sont aujourd’hui archi-minoritaires sur les bords du Nil et la plupart sont des coptes chrétiennes, elles-mêmes très minoritaires en Egypte. Par volonté idéologique ou religieuse, forte pression sociale et familiale, les Egyptiennes sont voilées à 80%, risque la sociologue Mona Abaza, pour qui c’est le “signe le plus réussi et le plus préoccupant de l’islamisation”.
Officiellement, le voile n’est ni banni dans la Fonction publique ou les universités, comme en Turquie, ni obligatoire, comme en Arabie saoudite. L’épouse du président, Suzanne Moubarak, n’est pas voilée. Sur deux femmes ministres, l’une est coiffée d’un bonnet. La présidente de la 1re chaîne de la télévision nationale, Nadia Halim, a récemment adopté le voile mais aucune présentatrice de journaux des chaînes publiques ou satellitaires privées n’apparant voilée à l’antenne.
Le temps paraît donc loin du geste inaugural, et qui fit scandale, de Hoda Charaoui, la grande féministe égyptienne, d’ôter son voile publiquement en gare du Caire à son retour d’un voyage en Europe, en 1923.
C’est aujourd’hui, à rebours, une nouvelle bataille qui a repris “au nom de l’islam, et du choix personnel”, en faveur du niqab, une pèlerine de couleur sombre qui cache l’intégralité du corps et ne laisse entrevoir que les yeux. Des étudiantes qui le portaient ont été exclues du foyer de l’Université de Helwan, au sud du Caire, relançant une controverse sur “le licite et l’illicite” en matière de code vestimentaire islamique, aux enjeux ici politiques.
“Je n’accepte pas qu’on dise que le niqab est une obligation”, affirme Soad Saleh, professeur de droit islamique et exdoyenne de la faculté féminine des études islamiques d’Al- Azhar. Le visage ceint d’un bandeau bleu sous un voile blanc, cette réformiste musulmane, surnommée le “mufti des femmes”, affirme que “cacher le visage des femmes n’est pas dans le Coran, c’est une vieille tradition bédouine”.
En bas de l’échelle sociale, ce sont des Egyptiens, souvent des villageois, émigrés en Arabie saoudite et autres pays du Golfe, qui en ont rapporté le mode de vie puritain et ségrégatif à l’égard des femmes. Des militantes islamistes ont aussi mené le combat du voile à l’Université, comme une obligation religieuse, tout en y affirmant le rôle de la femme dans le combat politique contre le régime et l’Occident.
A l’autre extrême, le hijab, le voile encadrant le visage ou foulard ne cachant que les cheveux, se fait parfois frivole, de couleur vive, avec jeans et chemisettes moulantes, conjuguant islamisation et mondialisation. Après les anciennes vedettes “repenties” et tombées en dévotion, c’est une nouvelle génération de stars, comme Hanan Turk, qui se bousculent, avec voile en soie griffé, sur les écrans de cinéma ou de télévision.
Regardés avec passion après le repas de rupture de jeûne de Ramadhan, l’Iftar, des feuilletons offrent une nouvelle image de la femme, imprégnée de morale piétiste “new-look”, comme le prêche le télécoraniste Amr Khaled. Ce sont sous l’impulsion de prédicateurs et prédicatrices “mondains” que sont aussi multipliés les salons islamiques réunissant les bourgeoises cairotes pour des “ halaqat”, des causeries piétistes chics.
Il y aussi l’engouement pour la poupée voilée, Fulla, mise sur marché après que la police saoudienne eut banni Barbie, qualifiée “de poupée juive” dont les tenues “honteuses” étaient “des symboles de l’Occident pervers”.
Par le soir
Après 30 ans de réislamisation, les femmes nue-tête sont aujourd’hui archi-minoritaires sur les bords du Nil et la plupart sont des coptes chrétiennes, elles-mêmes très minoritaires en Egypte. Par volonté idéologique ou religieuse, forte pression sociale et familiale, les Egyptiennes sont voilées à 80%, risque la sociologue Mona Abaza, pour qui c’est le “signe le plus réussi et le plus préoccupant de l’islamisation”.
Officiellement, le voile n’est ni banni dans la Fonction publique ou les universités, comme en Turquie, ni obligatoire, comme en Arabie saoudite. L’épouse du président, Suzanne Moubarak, n’est pas voilée. Sur deux femmes ministres, l’une est coiffée d’un bonnet. La présidente de la 1re chaîne de la télévision nationale, Nadia Halim, a récemment adopté le voile mais aucune présentatrice de journaux des chaînes publiques ou satellitaires privées n’apparant voilée à l’antenne.
Le temps paraît donc loin du geste inaugural, et qui fit scandale, de Hoda Charaoui, la grande féministe égyptienne, d’ôter son voile publiquement en gare du Caire à son retour d’un voyage en Europe, en 1923.
C’est aujourd’hui, à rebours, une nouvelle bataille qui a repris “au nom de l’islam, et du choix personnel”, en faveur du niqab, une pèlerine de couleur sombre qui cache l’intégralité du corps et ne laisse entrevoir que les yeux. Des étudiantes qui le portaient ont été exclues du foyer de l’Université de Helwan, au sud du Caire, relançant une controverse sur “le licite et l’illicite” en matière de code vestimentaire islamique, aux enjeux ici politiques.
“Je n’accepte pas qu’on dise que le niqab est une obligation”, affirme Soad Saleh, professeur de droit islamique et exdoyenne de la faculté féminine des études islamiques d’Al- Azhar. Le visage ceint d’un bandeau bleu sous un voile blanc, cette réformiste musulmane, surnommée le “mufti des femmes”, affirme que “cacher le visage des femmes n’est pas dans le Coran, c’est une vieille tradition bédouine”.
En bas de l’échelle sociale, ce sont des Egyptiens, souvent des villageois, émigrés en Arabie saoudite et autres pays du Golfe, qui en ont rapporté le mode de vie puritain et ségrégatif à l’égard des femmes. Des militantes islamistes ont aussi mené le combat du voile à l’Université, comme une obligation religieuse, tout en y affirmant le rôle de la femme dans le combat politique contre le régime et l’Occident.
A l’autre extrême, le hijab, le voile encadrant le visage ou foulard ne cachant que les cheveux, se fait parfois frivole, de couleur vive, avec jeans et chemisettes moulantes, conjuguant islamisation et mondialisation. Après les anciennes vedettes “repenties” et tombées en dévotion, c’est une nouvelle génération de stars, comme Hanan Turk, qui se bousculent, avec voile en soie griffé, sur les écrans de cinéma ou de télévision.
Regardés avec passion après le repas de rupture de jeûne de Ramadhan, l’Iftar, des feuilletons offrent une nouvelle image de la femme, imprégnée de morale piétiste “new-look”, comme le prêche le télécoraniste Amr Khaled. Ce sont sous l’impulsion de prédicateurs et prédicatrices “mondains” que sont aussi multipliés les salons islamiques réunissant les bourgeoises cairotes pour des “ halaqat”, des causeries piétistes chics.
Il y aussi l’engouement pour la poupée voilée, Fulla, mise sur marché après que la police saoudienne eut banni Barbie, qualifiée “de poupée juive” dont les tenues “honteuses” étaient “des symboles de l’Occident pervers”.
Par le soir
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