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UKRAINE:Un accord pour la forme qui ne met pas fin à la crise

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  • UKRAINE:Un accord pour la forme qui ne met pas fin à la crise

    DÉCRYPTAGE : Moscou s’entête. L’Occident ne renonce pas aux sanctions.
    Ténu signe d’espoir d’une désescalade, l’accord de Genève annoncé jeudi soir par les ministres des Affaires étrangères de la Russie, des Etats-Unis, de l’Union européenne et de l’Ukraine, montre nombre d’ambiguïtés. La Russie ne lâche rien sur le fond et les Occidentaux veulent maintenir la pression.

    Pourquoi ce scepticisme ?

    Rien n’est réglé même si, pour la première fois depuis le début de la crise, toutes les parties se sont assises à une même table - y compris le ministre russe, Sergueï Lavrov, et son homologue ukranien - pour aboutir à une déclaration commune. «C’est un premier pas important, mais beaucoup d’autres doivent suivre», a déclaré le ministre allemand des Affaires étrangeres, Frank-Walter Steinmeier, tout en reconnaissant lucidement que «le document lui-même est moins important que ce qui va se passer sur le terrain». Or, les séparatistes ne désarment pas, maintenant leurs exigences (lire cicontre). Et le contenu même de l’accord leur offre des prétextes faciles, ainsi qu’à Moscou, pour continuer leur dépeçage. Demandant le désarmement de «tous les groupes illégaux» et l’évacuation des bâtiments occupés illégalement, le document appelle en effet «à ce que toutes les rues, les places et autres lieux publics des villes ukrainiennes soient libérés», mettant sur le même plan ce qui se passe à l’est et la poursuite de l’occupation de Maidan à Kiev ou la constitution de groupes d’autodéfense paramilitaires. Encore plus ambigu est le passage évoquant un processus politique «transparent» ainsi que «l’établissement d’un large dialogue national pour inclure toutes les régions ukrainiennes et toutes les entités politiques». Or, sur ce point aussi les positions sont inconciliables, Moscou exigeant une fédéralisation de l’Ukraine, considérée par Kiev comme une tentative de démembrement du pays.

    Pourquoi Moscou a-t-il lâché un peu de lest à Genève ?

    L’objectif du Kremlin est de maintenir à tout prix la «vassalisation» de l’Ukraine en jouant, selon les moments, de la déstabilisation, du chantage à la partition, ou tout simplement du chaos pour montrer que les nouvelles autorités de Kiev sont incapables de gérer le pays. Mais Vladimir Poutine veut habiller un peu mieux ses exigences, conscient des effets que pourraient avoir à long terme de véritables sanctions économiques, ainsi que du risque d’un isolement diplomatique croissant. «Au sein de l’espace ex-soviétique, la crise ukrainienne va avoir des conséquences. Car la Russie est à nouveau perçue comme imprévisible et menaçante si elle estime qu’on ne prend pas en compte ses "intérêts légitimes"»,analyse Anne de Tinguy, du Ceri-Sciences Po. Des dictateurs, jusqu’ici très alignés, s’inquiètent. Lors du vote sur la Crimée le 27 mars à l’assemblée générale de l’ONU, le Kazakhstan de Nazarbaïev s’est ainsi abstenu au lieu de suivre, comme d’habitude, la Russie. La Biélorussie de Loukachenko a reconnu les nouvelles autorités de Kiev et critiqué le projet de fédéralisation pour l’Ukraine. Cela n’a pas empêché Poutine, dans son one man show de quatre heures à la télévision jeudi, de rappeler lourdement l’ancienne appartenance à la Russie tsariste des villes aujourd’hui ukrainiennes de Kharkiv, Lougansk, Donetsk, ou Odessa.

    Comment tenir la pression ?

    Déjà mises en œuvre par les Etats-Unis et l’Union européenne, des mesures de restrictions de visa ou de gels des avoirs visent une cinquantaine d’oligarques ou de proches du Kremlin. La menace de sanctions économiques, déjà proposées par le Parlement européen et par certains gouvernements, est un réel moyen de pression sur une Russie qui a besoin des technologies et des capitaux occidentaux pour développer son économie, mais aussi de vendre son gaz et son pétrole. «A chaque fois que la Russie prendra des mesures destinées à déstabiliser l’Ukraine et à violer sa souveraineté, il y aura des conséquences», a mis en garde le président américain, Barack Obama, après l’accord de Genève, affichant publiquement ses doutes

    libération fr
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