Autrefois brillant auteur de « La défaite de la pensée », voilà qu’Alain Finkielkraut sombre aujourd’hui, et de manière pathétique, dans ce qu’on pourrait qualifier de défaite de la raison. Dans cette vidéo, ce philosophe dérape dangereusement. « Les beurs » coupables « d’avoir un accent » sont, selon lui, potentiellement capables de faire sécession culturelle. Voilà qui vient remplacer, 20 plus tard la fracture sociale autrefois chère à Chirac, Emmanuel Todd et Henry Guaino.
Il y a dans cette affirmation un jacobinisme linguistique inédit. A moins que cela ne soit une imprudente posture Germanopratine ?
Tout ce qui brille, monsieur, ne fait pas nécessairement or.
Si l’accent fait France, qu’en est-il alors de l’accent alsacien, corse, basque et autre breton… sans oublier l’Outre-mer où des centaines milliers de citoyens, férus de la Marseillaise, parlent un français fort châtié, toute en avalant néanmoins les « r ».
A trop vouloir lutter contre ce qu’il qualifie « de culture Canal plus » et contre la pseudo culture des cités, certes pauvre, certes estropiée et certes bourrée de baudruches sémantiques type « niquer », Finkielkraut finit par mettre à l’index le coupable : le beur, c’est à dire l’enfant du Maghrébin… et musulman, mais made in France. Ce que donc dit son propos est moins important que ce qu’il ne dit pas. Que dire alors des six millions de Français dont le vocabulaire ne dépasse pas 200 mots, faudra-t-il les destiner à l’échafaud ? L’inégalité linguistique qui prospère dans les bantoustans banlieusards participe de l’inégalité tout court. Et à défaut de poser les vraies questions, on finit par s’égarer dans de fausses réponses.
Par ailleurs et plus que la simple et indigne muflerie intellectuelle, il y a dans ce type d’affirmation, et c’est en ce sens que c’est dangereux, une dimension pyromane. Orateur hors pair, il ne semble plus prendre la mesure de la dimension létale de ces armes intellectuelles que sont les mots. C’est une invitation à la belligérance. C’est ce type d’affirmation qui génèrent des Dieudonné moins drôles et des quenelles moins ludiques. Dans une société déjà fortement troublée, il n’y a pas besoin d’en rajouter surtout de la part d’une caution intellectuelle.
Enfin, cette vidéo nous renseigne précieusement sur les motivations enfouies du philosophe. Sa posture névrotique, et c’est le pompon, recèle des calculs qui sont loin des intérêts immédiats de la paix sociale en France. Elle convoque implicitement les intérêts d’Israël. Ainsi, il lève le voile sur le sens profond de sa croisade insensée. Loin d’être soucieux de la qualité des beurs, c’est leur nombre qui alimente ses frayeurs. Il anticipe, dans une fougue incompressible et prophétique, leur futur poids électoral qui pourrait être de nature à influer sur ceux qui ne sont pas ce que Michèle Tribalat qualifie de « natif au carré » (c’est à dire ceux dont les deux grands parents sont des français de souche).
Tout ça pour ça.
Driss Ajbali ( Quid.ma)
PS : Il faut noter à la fin de la vidéo l'intervention du sioniste Jean-François Coppé qui avalise les propos du raciste Finkielkraut
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