Discussion intéressante avec Ahmed Rouadjia et Guylain Chevrier concernant le problème d'intégration des maghrébins et spécifiquement ici des algériens comparés aux immigrés europeens en France
Abordé également les questions identitaires des mêmes maghrébins
un passage intéressant dans cet article parmi d'autres:
source Atantico
Abordé également les questions identitaires des mêmes maghrébins
un passage intéressant dans cet article parmi d'autres:
Les chercheurs « experts médiatiques » et tous ces chercheurs en quête désespérée d’indices pouvant prouver le caractère inassimilable de ces jeunes avaient conclu alors à l’impossibilité de dissoudre ces jeunes dans la Cité républicaine, démocratique et laïque… La chercheuse de l’INED Michèle Tribalat, ex-madame Mohamed Brahimi, et ses consorts, soutenaient avec force cette thèse spécieuse. Pour eux, ces jeunes issus de la seconde et de la troisième génération, bien qu’ils fussent nés et élevés au lait de la culture française, demeurent foncièrement « musulmans » dans le sang, et c’est cette essence musulmane ou islamique qui les empêche d’aimer la France, de s’identifier à sa culture et de « la plébisciter », pour reprendre la fameuse formule d’Ernest Renan pour qui la Nation, contrairement à la conception germanique du sang et de l’ethnicité, ressort plutôt de ce vouloir « vivre en commun », de ce « plébiscite de tous les jours ».
Ahmed Rouadjia
Pour répondre de manière plus précise à votre question, je dirais que le comportement de ces jeunes, comportement qui donne effectivement l’impression d’une allégeance envers le pays d’origine de leurs parents, relève plus de la provocation et du défi que d’un réel désir de « ré-enracinement... dans la culture de leurs parents et de leurs pays d’origine ». D’ailleurs ces jeunes sont si fortement acculturés, et fortement imprégnés par la culture française (celle de l’école, de la rue, de la cuisine et des goûts vestimentaires…) qu’ils n’envisagent guère de se ré-enraciner dans une culture qui relève plus de l’affectif et du mythique que de la réalité...
Guylain Chevrier : Tout d ‘abord, n’oublions pas que d’autres générations d’immigrés d’autres origines, Portugais, Italiens, ont fréquemment le même réflexe d’attachement à un drapeau qu’ils considèrent comme étant le leur, quant il est question de compétitions sportives, tel que pour le football. Une attitude qui ne nuit en rien en principe au fait qu’ils puissent se reconnaitre comme Français. Il y a pour les jeunes d’origine algérienne une position identitaire néanmoins différente qui tient d’une mythification de l’Algérie, associée à l’idée d’une indépendance conquise contre la France qui fait apparaitre cette première comme glorieuse. Ceci d’autant plus par contraste du choix de leurs parents ou grands-parents d’avoir émigré en France, qui peut être perçu comme une faiblesse ou une trahison vis-à-vis du pays de départ. Il y a aussi le fait d’avoir endossé le statut de l’immigré qui relève d’une imagerie relativement dévalorisante, celle propre à celui qui a du laisser derrière lui son pays pour aller chercher ailleurs les moyens de sa subsistance. On peut y ajouter, si on veut se remémorer les choses, que les premiers arrivants étaient souvent employés à des travaux sans qualification car ils n’en avaient pas, faisant partie du bas de l’échelle sociale. Il s’exprime donc pour beaucoup aussi chez ces jeunes Algériens un besoin de compensation où joue l’argument identitaire.
Ahmed Rouadjia
Pour répondre de manière plus précise à votre question, je dirais que le comportement de ces jeunes, comportement qui donne effectivement l’impression d’une allégeance envers le pays d’origine de leurs parents, relève plus de la provocation et du défi que d’un réel désir de « ré-enracinement... dans la culture de leurs parents et de leurs pays d’origine ». D’ailleurs ces jeunes sont si fortement acculturés, et fortement imprégnés par la culture française (celle de l’école, de la rue, de la cuisine et des goûts vestimentaires…) qu’ils n’envisagent guère de se ré-enraciner dans une culture qui relève plus de l’affectif et du mythique que de la réalité...
Guylain Chevrier : Tout d ‘abord, n’oublions pas que d’autres générations d’immigrés d’autres origines, Portugais, Italiens, ont fréquemment le même réflexe d’attachement à un drapeau qu’ils considèrent comme étant le leur, quant il est question de compétitions sportives, tel que pour le football. Une attitude qui ne nuit en rien en principe au fait qu’ils puissent se reconnaitre comme Français. Il y a pour les jeunes d’origine algérienne une position identitaire néanmoins différente qui tient d’une mythification de l’Algérie, associée à l’idée d’une indépendance conquise contre la France qui fait apparaitre cette première comme glorieuse. Ceci d’autant plus par contraste du choix de leurs parents ou grands-parents d’avoir émigré en France, qui peut être perçu comme une faiblesse ou une trahison vis-à-vis du pays de départ. Il y a aussi le fait d’avoir endossé le statut de l’immigré qui relève d’une imagerie relativement dévalorisante, celle propre à celui qui a du laisser derrière lui son pays pour aller chercher ailleurs les moyens de sa subsistance. On peut y ajouter, si on veut se remémorer les choses, que les premiers arrivants étaient souvent employés à des travaux sans qualification car ils n’en avaient pas, faisant partie du bas de l’échelle sociale. Il s’exprime donc pour beaucoup aussi chez ces jeunes Algériens un besoin de compensation où joue l’argument identitaire.
source Atantico
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