Attaque du consulat algérien et atteinte à l'emblème national au Maroc :
Écrit par Kamel Aït Bessaï
L’arrachage du drapeau algérien du toit du consulat algérien à Casablanca, au Maroc, et de surcroît un 1er novembre, est un incident qui n’est pas de nature à apaiser les relations entre le Maroc et l’Algérie. Il s’agit de l’emblème national qui se trouve dans une enceinte considérée comme faisant partie du territoire algérien, selon la législation internationale, et à plus forte raison, cela s’est passé le jour du 59e anniversaire de la Révolution du 1er Novembre 1954.
On aura beau présenter l’auteur de cette profanation comme étant un émigré marocain vivant en Italie pour vouloir disculper les autorités de ce pays de cet ignoble acte, la réalité est que ce dernier, dénommé Hamid Naânaâ, qui a violé délibérément les franchises du consulat algérien à Casablanca, n’a pas agi seul et a bénéficié d’une assurance.
Le Maroc a déclenché les hostilités avec l’Algérie dès que la conférence africaine d’Abuja de soutien à la cause sahraouie a adopté, mardi 29 octobre, le principe de la nécessité de mettre en place un mécanisme de protection des droits de l’Homme au Sahara occidental.
Dans un message lu en son nom par le ministre de la Justice, garde des Sceaux, Tayeb Louh, le président de la République, Abdelaziz Bouteflika, a jugé «plus que jamais d’actualité» la nécessité de mettre en place un mécanisme de suivi et de surveillance des droits de l’Homme au Sahara occidental qui lutte pour son indépendance depuis près de 40 ans.»
Immédiatement après, l’agence officielle marocaine MAP a déversé un flot d’insultes sur l’Algérie, obligeant le chef de la diplomatie, Ramtane Lamamra, à appeler les autorités marocaines à faire cesser ces attaques gratuites. Sur ces entrefaites, le gouvernement marocain décide de rappeler son ambassadeur accrédité à Alger.
Alors qu’il s’attendait à ce que la réciprocité diplomatique soit de mise et qu’Alger rappelle son représentant diplomatique à Rabat pour consultation, le gouvernement algérien ne cède pas à la nouvelle provocation et décide de maintenir son ambassadeur chez le voisin de l’Ouest et de l’appeler par la même occasion au calme et à la retenue.
Le flegme algérien a sans doute poussé le Makhzen au désespoir, qui a consisté à attenter au symbole de la souveraineté algérienne, à savoir son drapeau, pour lequel 1,5 million d’Algériens ont donné leur vie pour que vive l’Algérie libre et indépendante.
A propos des excuses qu’auraient présentées le ministre des Affaires étrangères marocain et son secrétaire général à leurs homologues algériens au sujet de cette violation du consulat et du drapeau algériens, à en croire certains médias, celles-ci seraient sans valeur tant qu’elles ne sont pas répercutées par les canaux de communication officielle du royaume.
Notons par ailleurs que l’escalade marocaine contre l’Algérie bat en brèche tous les discours lénifiants des responsables marocains de ces derniers mois au sujet des relations bilatérales. Rappelons que le royaume ne rate, en effet, aucune occasion pour appeler l’Algérie à rouvrir ses frontières terrestres avec le voisin de l’Ouest, après leur fermeture en 1994.
Mauvaise foi
Le personnel politique marocain, toutes tendances confondues, a toujours défendu la thèse selon laquelle la fermeture des frontières algériennes avec le Maroc est un obstacle à l’intégration économique bilatérale et au niveau maghrébin. Cependant, il convient de rappeler que l’Algérie a admis que la frontière ne restera pas indéfiniment fermée et a invité le Maroc à un règlement des questions litigieuses comme préalable à cette réouverture des frontières. Au sommet de ces dossiers litigieux, la question de la drogue et de la contrebande. Le Maroc louvoie et n’a jamais donné suite à cette invite algérienne. Sur le plan maghrébin, la volonté des uns et des autres se mesure en termes d’actions concrètes allant dans le sens de cette intégration.
Or, selon les statistiques, sur les 37 conventions maghrébines signées par les cinq pays du Maghreb arabe (Algérie, Tunisie, Maroc, Libye et Mauritanie), l’Algérie en a ratifié 29, la Tunisie 28, la Libye 27, la Mauritanie 25, contre seulement… 8 pour le Maroc. Et ces huit conventions avalisées par le Parlement du royaume sont toutes en rapport direct avec l’exportation des marchandises du royaume vers les pays du Maghreb, autrement dit le Maroc ne se rappelle au bon souvenir de l’UMA que lorsqu’il s’agit de trouver un débouché à une marchandise refusée par les voisins du Nord.
Pour conclure, il faudrait sans doute rappeler que le souverain alaouite n’arrive pas à se dépatouiller avec son gouvernement islamiste imposé par le printemps arabe. L’Exécutif drivé par Benkirane n’arrive pas à sortir l’économie marocaine de la crise sévère qui la fouette.
De son côté, l’Algérie a décidé de mettre le holà à la dilapidation de ses ressources par une contrebande de carburant et de marchandises qui nourrit toute une population de l’autre côté de la frontière marocaine. Ces éléments s’ajoutent à l’approche de l’examen par le Conseil de sécurité de l’ONU d’un nouveau rapport sur la question du Sahara occidental dans un contexte de plus en plus défavorable à la thèse assimilationniste marocaine. La nervosité du royaume est à son comble. Cela augure d’une situation qui va perdurer, d’autant que Rabat trouve toujours en la sagesse d’Alger le bouc émissaire idéal qui justifie ses crispations et ses crises.
reporters.dz
Écrit par Kamel Aït Bessaï
L’arrachage du drapeau algérien du toit du consulat algérien à Casablanca, au Maroc, et de surcroît un 1er novembre, est un incident qui n’est pas de nature à apaiser les relations entre le Maroc et l’Algérie. Il s’agit de l’emblème national qui se trouve dans une enceinte considérée comme faisant partie du territoire algérien, selon la législation internationale, et à plus forte raison, cela s’est passé le jour du 59e anniversaire de la Révolution du 1er Novembre 1954.
On aura beau présenter l’auteur de cette profanation comme étant un émigré marocain vivant en Italie pour vouloir disculper les autorités de ce pays de cet ignoble acte, la réalité est que ce dernier, dénommé Hamid Naânaâ, qui a violé délibérément les franchises du consulat algérien à Casablanca, n’a pas agi seul et a bénéficié d’une assurance.
Le Maroc a déclenché les hostilités avec l’Algérie dès que la conférence africaine d’Abuja de soutien à la cause sahraouie a adopté, mardi 29 octobre, le principe de la nécessité de mettre en place un mécanisme de protection des droits de l’Homme au Sahara occidental.
Dans un message lu en son nom par le ministre de la Justice, garde des Sceaux, Tayeb Louh, le président de la République, Abdelaziz Bouteflika, a jugé «plus que jamais d’actualité» la nécessité de mettre en place un mécanisme de suivi et de surveillance des droits de l’Homme au Sahara occidental qui lutte pour son indépendance depuis près de 40 ans.»
Immédiatement après, l’agence officielle marocaine MAP a déversé un flot d’insultes sur l’Algérie, obligeant le chef de la diplomatie, Ramtane Lamamra, à appeler les autorités marocaines à faire cesser ces attaques gratuites. Sur ces entrefaites, le gouvernement marocain décide de rappeler son ambassadeur accrédité à Alger.
Alors qu’il s’attendait à ce que la réciprocité diplomatique soit de mise et qu’Alger rappelle son représentant diplomatique à Rabat pour consultation, le gouvernement algérien ne cède pas à la nouvelle provocation et décide de maintenir son ambassadeur chez le voisin de l’Ouest et de l’appeler par la même occasion au calme et à la retenue.
Le flegme algérien a sans doute poussé le Makhzen au désespoir, qui a consisté à attenter au symbole de la souveraineté algérienne, à savoir son drapeau, pour lequel 1,5 million d’Algériens ont donné leur vie pour que vive l’Algérie libre et indépendante.
A propos des excuses qu’auraient présentées le ministre des Affaires étrangères marocain et son secrétaire général à leurs homologues algériens au sujet de cette violation du consulat et du drapeau algériens, à en croire certains médias, celles-ci seraient sans valeur tant qu’elles ne sont pas répercutées par les canaux de communication officielle du royaume.
Notons par ailleurs que l’escalade marocaine contre l’Algérie bat en brèche tous les discours lénifiants des responsables marocains de ces derniers mois au sujet des relations bilatérales. Rappelons que le royaume ne rate, en effet, aucune occasion pour appeler l’Algérie à rouvrir ses frontières terrestres avec le voisin de l’Ouest, après leur fermeture en 1994.
Mauvaise foi
Le personnel politique marocain, toutes tendances confondues, a toujours défendu la thèse selon laquelle la fermeture des frontières algériennes avec le Maroc est un obstacle à l’intégration économique bilatérale et au niveau maghrébin. Cependant, il convient de rappeler que l’Algérie a admis que la frontière ne restera pas indéfiniment fermée et a invité le Maroc à un règlement des questions litigieuses comme préalable à cette réouverture des frontières. Au sommet de ces dossiers litigieux, la question de la drogue et de la contrebande. Le Maroc louvoie et n’a jamais donné suite à cette invite algérienne. Sur le plan maghrébin, la volonté des uns et des autres se mesure en termes d’actions concrètes allant dans le sens de cette intégration.
Or, selon les statistiques, sur les 37 conventions maghrébines signées par les cinq pays du Maghreb arabe (Algérie, Tunisie, Maroc, Libye et Mauritanie), l’Algérie en a ratifié 29, la Tunisie 28, la Libye 27, la Mauritanie 25, contre seulement… 8 pour le Maroc. Et ces huit conventions avalisées par le Parlement du royaume sont toutes en rapport direct avec l’exportation des marchandises du royaume vers les pays du Maghreb, autrement dit le Maroc ne se rappelle au bon souvenir de l’UMA que lorsqu’il s’agit de trouver un débouché à une marchandise refusée par les voisins du Nord.
Pour conclure, il faudrait sans doute rappeler que le souverain alaouite n’arrive pas à se dépatouiller avec son gouvernement islamiste imposé par le printemps arabe. L’Exécutif drivé par Benkirane n’arrive pas à sortir l’économie marocaine de la crise sévère qui la fouette.
De son côté, l’Algérie a décidé de mettre le holà à la dilapidation de ses ressources par une contrebande de carburant et de marchandises qui nourrit toute une population de l’autre côté de la frontière marocaine. Ces éléments s’ajoutent à l’approche de l’examen par le Conseil de sécurité de l’ONU d’un nouveau rapport sur la question du Sahara occidental dans un contexte de plus en plus défavorable à la thèse assimilationniste marocaine. La nervosité du royaume est à son comble. Cela augure d’une situation qui va perdurer, d’autant que Rabat trouve toujours en la sagesse d’Alger le bouc émissaire idéal qui justifie ses crispations et ses crises.
reporters.dz
Commentaire