Cela fera bientôt deux ans depuis que le monde arabe a basculé dans une zone de turbulence à laquelle il n’était ni préparé ni prédestiné. Ce qu’on appelle, à tort, « le printemps arabe » et qui a curieusement épargné toutes les monarchies du Golfe, là où justement n’est toléré aucune des libertés fondamentales, n’aura finalement profité qu’aux islamistes. Comme prévu.
Kamel Amarni - Alger (Le Soir) Ils ont déjà le pouvoir en Tunisie et en Egypte où Ennahda et les Frères musulmans», respectivement, contrôlent tout. A peine installés au pouvoir, les intégristes tunisiens et égyptiens entreprennent d’accomplir la providentielle victoire par une islamisation en profondeur de la société et des institutions. C’est ainsi qu’en Tunisie, où le statut de la femme est le plus moderne dans le monde arabe depuis Bourguiba, des affrontements sont devenus fréquents entre les islamistes et les associations féminines, les syndicats ou des partis progressistes. Habitués à un certain mode de vie, les Tunisiens refusent obstinément le diktat des nouveaux maîtres de Tunis, mais c’est en Egypte que ce rejet de l’assaut islamiste tourne à une véritable confrontation depuis quelques jours. Les forces progressistes au pays des pyramides remontent au créneau de manière spectaculaire pour sauver l’Egypte d’un pouvoir islamiste absolu comme tentent de le faire «en douce», Morsi et son parti à travers une déclaration constitutionnelle et un décret ficelé sur mesure. Pour l’actuel président, mais plus inquiétant encore, pour l’hégémonie de la Charia sur la Constitution et donc sur l’ensemble de la législation du pays. En Libye, c’est encore pire : au régime «clownesque» de Kadhafi succède une situation chaotique de non-Etat, faisant de ce vaste pays un enfer pour ses propres ressortissants et une grosse source de problèmes de sécurité pour l’ensemble de ses voisins, l’Algérie particulièrement. Il ne faut jamais oublier que la crise du Mali, c’est d’abord la conséquence immédiate de la chute brutale de l’ancien régime libyen. Les forces de l’Otan, qui ont accompli «la révolution populaire» en Libye via des raids aériens intensifs pendant huit mois, se sont contentées de l’essentiel à la fin des opérations : la protection des gisements et sites pétroliers. A aucun moment, ou alors si peu, les coalisés ne se sont préoccupés du sort des gigantesques stocks d’armement de l’ancien régime qui finira comme butin de guerre dont profiteront des nababs locaux, mais aussi les terroristes d’Al-Qaïda au Maghreb. C’est d’ailleurs cette organisation terroriste qui a mis à genoux le Mali. Outre une guerre civile larvée qui se poursuit en Libye, en dépit d’un black-out total sur l’information, il est quasiment certain qu’Al-Qaïda y trouve une base arrière dont elle n’osait même rêver du temps de Kadhafi. Il faut dire aussi que l’Otan est passée à autre chose depuis : mener et accomplir une autre «révolution populaire» en Syrie. Le Qatar, comme d’habitude, la Turquie, bien sûr, accomplissent, dans cette affaire syrienne, le gros du travail. Ainsi, à défaut d’une intervention militaire à la libyenne, ces deux pays se chargent de financer, armer et même entraîner les rebelles syriens, majoritairement islamistes bien entendu avec le résultat que l’on sait. Face à l’un des régimes les plus «policiers » et les plus féroces de la planète, les combats occasionnent des dizaines de morts quotidiennement parmi les belligérants mais surtout le peuple syrien, et des centaines de milliers de réfugiés. Un drame humanitaire en soi et qui risque de prendre des proportions encore plus alarmantes. Pour quelle finalité ? Y implanter la démocratie ? Il faudrait peut-être rappeler qu’un autre peuple, celui du Bahreïn, avait cru, un moment, que lui aussi était concerné par la vague du printemps arabe. La majorité chiite amorcera alors des manifestations pacifiques contre le régime monarchique détenu par la minorité sunnite. Pour quelques jours seulement, puisque cette révolte sera immédiatement écrasée par des troupes militaires dépêchées par les régimes qatari et saoudien ! Et bien sûr, l’ONU, l’Otan, Washington et toute la smala n’ont rien vu…
K. A.
ÉGYPTE
Le discours de Morsi radicalise l’opposition
Par ses appétits de potentat gargantuesques, le président Mohamed Morsi semble avoir sérieusement engagé l’Egypte dans l’impasse. Les Cairotes, qui se sont réappropriés place Tahrir, ne veulent plus d’un président qui ne sert que la confrérie où il a tété sa sève doctrinale et idéologique. Du sang a de nouveau coulé, ajoutant à l’excitation politique d’une opposition inquiète de la dérive totalitaire que Morsi dessine pour le pays.
Sofiane Aït Iflis - Alger (Le Soir) - Crue politique dramatique au bord du Nil. C’est dit : le règne de Mohamed Morsi ne sera pas un long fleuve tranquille. Depuis quelques jours, la mythique place Tahrir au Caire est réinvestie par des milliers de manifestants très remontés contre un Morsi qui s’est arrogé, via décret, les pouvoirs absolus et qui s’apprête à voter, par voie référendaire, un texte constitutionnel jugé très limitatif des libertés. L’implication des Frères musulmans, partisans du président, dans ce bras de fer a fait que les choses s’enveniment davantage. La charge qu’ils ont menée mercredi contre les manifestants qui assiégeaient le palais présidentiel a charrié son lot de morts et de blessés. Sept personnes sont mortes et des dizaines d’autres ont été blessées au cours des affrontements qui ont opposé les deux camps. Les chars et les blindés ont dû être déployés dans les rues du Caire, notamment aux abords du palais présidentiel. Un décor qui sonne comme un prélude à une insurrection annoncée. La tension est en tout cas demeurée très vive vendredi. Dans la nuit de jeudi à vendredi, des manifestants ont mis le feu au siège du parti des Frères musulmans. Le discours présidentiel prononcé jeudi, soit au lendemain des affrontements sanglants dans le quartier d’Héliopolis, a sonné faux, du moins il a raté de faire «entendre raison» à l’opposition. Comment se pouvait-il d’ailleurs être autrement lorsque Morsi, convaincu de son autorité, s’est déclaré jusqu’au-boutiste dans sa démarche. Ni il n’entend retirer son décret contesté ni ne consent à revoir la copie du texte constitutionnel qu’il compte bien soumettre à référendum à la date prévue, soit le 15 décembre prochain. Ceci dit, Morsi ne pouvait dès lors espérer être entendu, lui, qui, jeudi, a cru malin d’inviter l’opposition à dialoguer. L’opposition, regroupée dans le Front du salut national (FSN), présidé par Mohamed El Baradei, a fait savoir vendredi qu’elle rejetait l’offre de Morsi et a appelé à manifester de nouveau. L’opposition tient toujours à ses préalables, à savoir que Morsi retire d’abord le décret par lequel il a élargi ses prérogatives présidentielles et accepte de rediscuter du projet de Constitution. Pas évident que Morsi cède. Le FSN estime, conséquemment, que les bases pour un dialogue sérieux et responsable ne sont pas réunies. Le bras de fer est inscrit dans la durée. Qui d’entre le président et l’opposition flanchera ? La partie est indécise. Les risques sont grands. Tant est que, en filigrane, sinon ouvertement, ce sont deux projets de société qui s’affrontent. Les révolutionnaires de place Tahrir qui ont chassé Moubarak sont tournés vers la modernité et la démocratie. Les Frères musulmans qui sont intervenus en parasites pour profiter de la révolution ferraillent à asseoir les bases d’une théologie institutionnelle. La communauté internationale est vivement inquiète de ce qui se passe en Egypte. Le président américain Barack Obama a, en effet, exprimé ses inquiétudes. Obama a passé un coup de fil à Morsi. De son côté, le haut commissaire de l’Onu aux droits de l’Homme, Navi Pillay, s’est dit alarmé par la situation en Egypte. Elle a déclaré examiner minutieusement le projet de Constitution controversé et le processus de sa préparation. L’Allemagne, par la voix de son ministre des Affaires étrangères, a estimé que la révolution en Egypte est en danger. Elle a appelé à la cessation des violences et à l’ouverture du dialogue.
S. A. I.
TUNISIE
Un deuxième anniversaire dans la tourmente
Le cycle de ce qui est communément appelé «printemps arabe» n’est visiblement pas près de connaître son épilogue. Auréolés par une victoire électorale, les islamistes à la tête du gouvernement en Tunisie font face à une vague de contestations menée par la puissante UGTT. Le pays est à nouveau à la croisée des chemins.
Nawal Imès- Alger (Le Soir) - Entre les islamistes à la tête du gouvernement et l’opposition incarnée par une centrale syndicale activement impliquée dans la révolution, rien ne va plus en Tunisie. A tel point que le président, ancien opposant et militant des droits de l’Homme, se retrouve dans la peau du médiateur. Le post-«printemps arabe» s’annonce des plus laborieux. La Tunisie s’apprête à vivre le deuxième anniversaire de la révolution dans la tourmente. Le pays est secoué par des vagues de contestations. Le bras de fer entre UGTT et islamistes risque de cristalliser davantage la déception des Tunisiens face non seulement au marasme social mais également devant l'impasse politique dans laquelle le pays est plongé en l’absence de compromis autour de la future Constitution. Deux années après le départ de Ben Ali du pouvoir. Les islamistes, représentés par le parti Ennahda, sont à l’épreuve. En passant du statut d’opposants à celui de dirigeants, ils se heurtent aux dures réalités qu’impose la gouvernance d’un pays. Cela n’a pas empêché le chef d’Ennahda de jeter l’opprobre sur le syndicat. Les relations entre l'UGTT et Ennahda se sont tendues ces dernières semaines avant de se transformer mardi en conflit ouvert après l’attaque, mardi, à Tunis, perpétrée par des militants islamistes pro-pouvoir contre le principal syndicat. L’UGTT a réclamé l'arrestation des auteurs de l’attaque et la dissolution d’une milice favorable au pouvoir tout en appelant à une grève générale pour le 13 décembre prochain. Il n’en aura pas fallu davantage pour que plusieurs régions du pays s’embrasent. Quatre régions de Tunisie, dont Sidi Bouzid, étaient en en grève jeudi. Sa voisine Kasserine observait également le débrayage, tout comme Gafsa, région minière théâtre de conflits sociaux récurrents, et Sfax. L'essentiel des institutions publiques et privées de ces quatre régions sont restées fermées. Des centaines de manifestants ont défilé à Sidi Bouzid, scandant des slogans anti-Ennahda, réclamant la démission du gouvernement. Le même scénario s'est répété à Gafsa où la grève a été suivie à 95%, selon l'UGTT. Ces actions ne sont que le prélude au débrayage national annoncé par le syndicat. Une action soutenue par la Confédération générale tunisienne du travail qui se dit solidaire de l’UGTT.
Kamel Amarni - Alger (Le Soir) Ils ont déjà le pouvoir en Tunisie et en Egypte où Ennahda et les Frères musulmans», respectivement, contrôlent tout. A peine installés au pouvoir, les intégristes tunisiens et égyptiens entreprennent d’accomplir la providentielle victoire par une islamisation en profondeur de la société et des institutions. C’est ainsi qu’en Tunisie, où le statut de la femme est le plus moderne dans le monde arabe depuis Bourguiba, des affrontements sont devenus fréquents entre les islamistes et les associations féminines, les syndicats ou des partis progressistes. Habitués à un certain mode de vie, les Tunisiens refusent obstinément le diktat des nouveaux maîtres de Tunis, mais c’est en Egypte que ce rejet de l’assaut islamiste tourne à une véritable confrontation depuis quelques jours. Les forces progressistes au pays des pyramides remontent au créneau de manière spectaculaire pour sauver l’Egypte d’un pouvoir islamiste absolu comme tentent de le faire «en douce», Morsi et son parti à travers une déclaration constitutionnelle et un décret ficelé sur mesure. Pour l’actuel président, mais plus inquiétant encore, pour l’hégémonie de la Charia sur la Constitution et donc sur l’ensemble de la législation du pays. En Libye, c’est encore pire : au régime «clownesque» de Kadhafi succède une situation chaotique de non-Etat, faisant de ce vaste pays un enfer pour ses propres ressortissants et une grosse source de problèmes de sécurité pour l’ensemble de ses voisins, l’Algérie particulièrement. Il ne faut jamais oublier que la crise du Mali, c’est d’abord la conséquence immédiate de la chute brutale de l’ancien régime libyen. Les forces de l’Otan, qui ont accompli «la révolution populaire» en Libye via des raids aériens intensifs pendant huit mois, se sont contentées de l’essentiel à la fin des opérations : la protection des gisements et sites pétroliers. A aucun moment, ou alors si peu, les coalisés ne se sont préoccupés du sort des gigantesques stocks d’armement de l’ancien régime qui finira comme butin de guerre dont profiteront des nababs locaux, mais aussi les terroristes d’Al-Qaïda au Maghreb. C’est d’ailleurs cette organisation terroriste qui a mis à genoux le Mali. Outre une guerre civile larvée qui se poursuit en Libye, en dépit d’un black-out total sur l’information, il est quasiment certain qu’Al-Qaïda y trouve une base arrière dont elle n’osait même rêver du temps de Kadhafi. Il faut dire aussi que l’Otan est passée à autre chose depuis : mener et accomplir une autre «révolution populaire» en Syrie. Le Qatar, comme d’habitude, la Turquie, bien sûr, accomplissent, dans cette affaire syrienne, le gros du travail. Ainsi, à défaut d’une intervention militaire à la libyenne, ces deux pays se chargent de financer, armer et même entraîner les rebelles syriens, majoritairement islamistes bien entendu avec le résultat que l’on sait. Face à l’un des régimes les plus «policiers » et les plus féroces de la planète, les combats occasionnent des dizaines de morts quotidiennement parmi les belligérants mais surtout le peuple syrien, et des centaines de milliers de réfugiés. Un drame humanitaire en soi et qui risque de prendre des proportions encore plus alarmantes. Pour quelle finalité ? Y implanter la démocratie ? Il faudrait peut-être rappeler qu’un autre peuple, celui du Bahreïn, avait cru, un moment, que lui aussi était concerné par la vague du printemps arabe. La majorité chiite amorcera alors des manifestations pacifiques contre le régime monarchique détenu par la minorité sunnite. Pour quelques jours seulement, puisque cette révolte sera immédiatement écrasée par des troupes militaires dépêchées par les régimes qatari et saoudien ! Et bien sûr, l’ONU, l’Otan, Washington et toute la smala n’ont rien vu…
K. A.
ÉGYPTE
Le discours de Morsi radicalise l’opposition
Par ses appétits de potentat gargantuesques, le président Mohamed Morsi semble avoir sérieusement engagé l’Egypte dans l’impasse. Les Cairotes, qui se sont réappropriés place Tahrir, ne veulent plus d’un président qui ne sert que la confrérie où il a tété sa sève doctrinale et idéologique. Du sang a de nouveau coulé, ajoutant à l’excitation politique d’une opposition inquiète de la dérive totalitaire que Morsi dessine pour le pays.
Sofiane Aït Iflis - Alger (Le Soir) - Crue politique dramatique au bord du Nil. C’est dit : le règne de Mohamed Morsi ne sera pas un long fleuve tranquille. Depuis quelques jours, la mythique place Tahrir au Caire est réinvestie par des milliers de manifestants très remontés contre un Morsi qui s’est arrogé, via décret, les pouvoirs absolus et qui s’apprête à voter, par voie référendaire, un texte constitutionnel jugé très limitatif des libertés. L’implication des Frères musulmans, partisans du président, dans ce bras de fer a fait que les choses s’enveniment davantage. La charge qu’ils ont menée mercredi contre les manifestants qui assiégeaient le palais présidentiel a charrié son lot de morts et de blessés. Sept personnes sont mortes et des dizaines d’autres ont été blessées au cours des affrontements qui ont opposé les deux camps. Les chars et les blindés ont dû être déployés dans les rues du Caire, notamment aux abords du palais présidentiel. Un décor qui sonne comme un prélude à une insurrection annoncée. La tension est en tout cas demeurée très vive vendredi. Dans la nuit de jeudi à vendredi, des manifestants ont mis le feu au siège du parti des Frères musulmans. Le discours présidentiel prononcé jeudi, soit au lendemain des affrontements sanglants dans le quartier d’Héliopolis, a sonné faux, du moins il a raté de faire «entendre raison» à l’opposition. Comment se pouvait-il d’ailleurs être autrement lorsque Morsi, convaincu de son autorité, s’est déclaré jusqu’au-boutiste dans sa démarche. Ni il n’entend retirer son décret contesté ni ne consent à revoir la copie du texte constitutionnel qu’il compte bien soumettre à référendum à la date prévue, soit le 15 décembre prochain. Ceci dit, Morsi ne pouvait dès lors espérer être entendu, lui, qui, jeudi, a cru malin d’inviter l’opposition à dialoguer. L’opposition, regroupée dans le Front du salut national (FSN), présidé par Mohamed El Baradei, a fait savoir vendredi qu’elle rejetait l’offre de Morsi et a appelé à manifester de nouveau. L’opposition tient toujours à ses préalables, à savoir que Morsi retire d’abord le décret par lequel il a élargi ses prérogatives présidentielles et accepte de rediscuter du projet de Constitution. Pas évident que Morsi cède. Le FSN estime, conséquemment, que les bases pour un dialogue sérieux et responsable ne sont pas réunies. Le bras de fer est inscrit dans la durée. Qui d’entre le président et l’opposition flanchera ? La partie est indécise. Les risques sont grands. Tant est que, en filigrane, sinon ouvertement, ce sont deux projets de société qui s’affrontent. Les révolutionnaires de place Tahrir qui ont chassé Moubarak sont tournés vers la modernité et la démocratie. Les Frères musulmans qui sont intervenus en parasites pour profiter de la révolution ferraillent à asseoir les bases d’une théologie institutionnelle. La communauté internationale est vivement inquiète de ce qui se passe en Egypte. Le président américain Barack Obama a, en effet, exprimé ses inquiétudes. Obama a passé un coup de fil à Morsi. De son côté, le haut commissaire de l’Onu aux droits de l’Homme, Navi Pillay, s’est dit alarmé par la situation en Egypte. Elle a déclaré examiner minutieusement le projet de Constitution controversé et le processus de sa préparation. L’Allemagne, par la voix de son ministre des Affaires étrangères, a estimé que la révolution en Egypte est en danger. Elle a appelé à la cessation des violences et à l’ouverture du dialogue.
S. A. I.
TUNISIE
Un deuxième anniversaire dans la tourmente
Le cycle de ce qui est communément appelé «printemps arabe» n’est visiblement pas près de connaître son épilogue. Auréolés par une victoire électorale, les islamistes à la tête du gouvernement en Tunisie font face à une vague de contestations menée par la puissante UGTT. Le pays est à nouveau à la croisée des chemins.
Nawal Imès- Alger (Le Soir) - Entre les islamistes à la tête du gouvernement et l’opposition incarnée par une centrale syndicale activement impliquée dans la révolution, rien ne va plus en Tunisie. A tel point que le président, ancien opposant et militant des droits de l’Homme, se retrouve dans la peau du médiateur. Le post-«printemps arabe» s’annonce des plus laborieux. La Tunisie s’apprête à vivre le deuxième anniversaire de la révolution dans la tourmente. Le pays est secoué par des vagues de contestations. Le bras de fer entre UGTT et islamistes risque de cristalliser davantage la déception des Tunisiens face non seulement au marasme social mais également devant l'impasse politique dans laquelle le pays est plongé en l’absence de compromis autour de la future Constitution. Deux années après le départ de Ben Ali du pouvoir. Les islamistes, représentés par le parti Ennahda, sont à l’épreuve. En passant du statut d’opposants à celui de dirigeants, ils se heurtent aux dures réalités qu’impose la gouvernance d’un pays. Cela n’a pas empêché le chef d’Ennahda de jeter l’opprobre sur le syndicat. Les relations entre l'UGTT et Ennahda se sont tendues ces dernières semaines avant de se transformer mardi en conflit ouvert après l’attaque, mardi, à Tunis, perpétrée par des militants islamistes pro-pouvoir contre le principal syndicat. L’UGTT a réclamé l'arrestation des auteurs de l’attaque et la dissolution d’une milice favorable au pouvoir tout en appelant à une grève générale pour le 13 décembre prochain. Il n’en aura pas fallu davantage pour que plusieurs régions du pays s’embrasent. Quatre régions de Tunisie, dont Sidi Bouzid, étaient en en grève jeudi. Sa voisine Kasserine observait également le débrayage, tout comme Gafsa, région minière théâtre de conflits sociaux récurrents, et Sfax. L'essentiel des institutions publiques et privées de ces quatre régions sont restées fermées. Des centaines de manifestants ont défilé à Sidi Bouzid, scandant des slogans anti-Ennahda, réclamant la démission du gouvernement. Le même scénario s'est répété à Gafsa où la grève a été suivie à 95%, selon l'UGTT. Ces actions ne sont que le prélude au débrayage national annoncé par le syndicat. Une action soutenue par la Confédération générale tunisienne du travail qui se dit solidaire de l’UGTT.
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