Le sentiment anti-algérien, une stratégie méditerranéenne franco-étatsunienne ?
Par Pierre Dortiguier

Il est des questions que doit se poser celui qui reprendra le dossier de l’affaire Merah, dont on peut dire qu’elle aura joué le rôle du 11-Septembre, en France, mais un 11-Septembre du pauvre, car nous ne sommes pas dans le même ordre de grandeur.
Néanmoins, le geste obscène produit publiquement par M. Longuet, ancien ministre des Armées, en entendant, filmé hors caméra, la question posée sur ses sentiments envers l’Algérie demandant ce que la France n’a cessé de demander à l’Allemagne, n’aurait, certainement, pas été possible, sans le précédent de la tuerie de l’école juive et des autres soldats ! Jamais un homme politique soucieux de réélection ne s’affiche, ainsi, devant même les seuls journalistes.
Il est permis et même nécessaire d’épiloguer sur l’affaire Merah, car la mort du garçon empêche tout jugement assuré de sa propre culpabilité ; et à tout le moins peut-on reprendre l’idée émise par le père d’une des victimes musulmanes de la caserne de Montauban, M. Albert Chennouf : « Je pense que lorsqu’on va au Pakistan, en faisant un crochet, par Israël, ce ne peut être qu’avec la complicité des services français [1]. »

Il n’y a donc pas que l’assassin qui était masqué ! Mais un aspect symbolique frappe tous ceux qui ont suivi l’histoire des relations franco-algériennes et leur dégradation ! L’attentat en question contre l’école israélite, qui a permis d’offrir une cause nationale à M. Hollande, a été perpétré le jour même de l’entrée en application des accords d’Évian du 19 mars 1962, qui avaient commencé d’être discutés le 7. L’on peut dire que cette coïncidence temporelle devrait, au moins, psychologiquement, avoir frappé l’ancienne et la nouvelle Algérie ! Notons, à cet égard, que ces accords étaient ceux d’un cessez-le-feu et prévoyaient une consultation algérienne, dont le résultat prévisible de l’indépendance avait été, légalement, rendu recevable, par le référendum du mois de janvier précédent. Les relations franco-algériennes ont été bâties sur ces accords, et la question, par exemple, du repentir ne se posait plus, car la France cédait l’ensemble de ses installations, pour que, de part et d’autre, l’on partît sur une base équitable et non que l’on vécût sous une pression réciproque.
C’est pour cela que la demande algérienne de condamnation des crimes coloniaux, quoique fondée moralement dans le contexte historique actuel, ravive le ressentiment de couches coloniales et militaires – les mêmes qui ont renversé De Gaulle et se sont toujours déclarées atlantistes – et conduit, objectivement, à élargir – mais au profit de qui ? là est la question géopolitique – le fossé entre les deux rives de la Méditerranée. C’est pourquoi l’affaire Merah, dont on reparle sans cesse, en donnant un ressort plus énergique à la fraternisation avec le sionisme promu représentant du judaïsme français, ajoutée à l’agitation de M. Longuet, que l’on voyait inspecter nos troupes, en Afghanistan – un ministre aussi ancien militant de droite Algérie française, à l’époque, où le jeune Hollande défendait la même thèse familiale –, ouvre, en réalité, comme en 1942, l’Algérie à l’influence US.
La France, avec les États-Unis, a dessiné une stratégie d’engagement de l’Algérie, dans le conflit avec l’Aqmi, sorte de nouvel Al-Qaïda, ou Al-CIAda, comme on l’entend dire, par exemple, en Syrie patriote ! Par ce moyen, avec l’attitude du loup, dans le conte du Petit Chaperon rouge, les Américains – forts du froid provoqué de France même avec l’Algérie, qui est de culture française et politiquement gaulliste – se présenteront comme le seul rempart devant un terrorisme menteur, qui prétend combattre l’Occident mécréant et les USA, mais, en réalité, est un épouvantail meurtrier sorti de la boîte du même magicien que celui du 11-Septembre ! De nombreux « militants » jugés radicaux sont expulsés de France, en sachant qu’ils pèseront sur le pouvoir algérien, et, donc, cette ambiguïté s’amplifie d’un régime socialiste bien plus fanatisé que le précédent, avec deux visages : l’un crie contre le danger du fanatisme, et l’autre lui indique la route, comme si on poussait des renards, dans le poulailler !
Qu’est-ce qui est en jeu, et, aussi, qu’est-ce qui nous permet de dessiner cette hypothèse d’une subversion, soit intérieure, fort difficile, soit extérieure, matériellement plus envisageable de l’Algérie ? Il faut revenir au principe posé par M. Sarkozy d’une « Union pour la Méditerranée ». Cette mer est le passage des énergies, dont l’Amérique a grand besoin, non pas tant pour son existence reposant sur de vastes réserves intérieures, mais pour maintenir les prix. Le contrôle s’impose donc, avec, par conséquent, l’éloignement des concurrents russes et chinois, entamé par la mise à sac, démocratiquement – par Al-Qaïda interposée – de la Libye.
Par Pierre Dortiguier

- Publié le : dimanche 4 novembre
- Source : geopolintel.fr
Il est des questions que doit se poser celui qui reprendra le dossier de l’affaire Merah, dont on peut dire qu’elle aura joué le rôle du 11-Septembre, en France, mais un 11-Septembre du pauvre, car nous ne sommes pas dans le même ordre de grandeur.
Néanmoins, le geste obscène produit publiquement par M. Longuet, ancien ministre des Armées, en entendant, filmé hors caméra, la question posée sur ses sentiments envers l’Algérie demandant ce que la France n’a cessé de demander à l’Allemagne, n’aurait, certainement, pas été possible, sans le précédent de la tuerie de l’école juive et des autres soldats ! Jamais un homme politique soucieux de réélection ne s’affiche, ainsi, devant même les seuls journalistes.
Il est permis et même nécessaire d’épiloguer sur l’affaire Merah, car la mort du garçon empêche tout jugement assuré de sa propre culpabilité ; et à tout le moins peut-on reprendre l’idée émise par le père d’une des victimes musulmanes de la caserne de Montauban, M. Albert Chennouf : « Je pense que lorsqu’on va au Pakistan, en faisant un crochet, par Israël, ce ne peut être qu’avec la complicité des services français [1]. »

Il n’y a donc pas que l’assassin qui était masqué ! Mais un aspect symbolique frappe tous ceux qui ont suivi l’histoire des relations franco-algériennes et leur dégradation ! L’attentat en question contre l’école israélite, qui a permis d’offrir une cause nationale à M. Hollande, a été perpétré le jour même de l’entrée en application des accords d’Évian du 19 mars 1962, qui avaient commencé d’être discutés le 7. L’on peut dire que cette coïncidence temporelle devrait, au moins, psychologiquement, avoir frappé l’ancienne et la nouvelle Algérie ! Notons, à cet égard, que ces accords étaient ceux d’un cessez-le-feu et prévoyaient une consultation algérienne, dont le résultat prévisible de l’indépendance avait été, légalement, rendu recevable, par le référendum du mois de janvier précédent. Les relations franco-algériennes ont été bâties sur ces accords, et la question, par exemple, du repentir ne se posait plus, car la France cédait l’ensemble de ses installations, pour que, de part et d’autre, l’on partît sur une base équitable et non que l’on vécût sous une pression réciproque.
C’est pour cela que la demande algérienne de condamnation des crimes coloniaux, quoique fondée moralement dans le contexte historique actuel, ravive le ressentiment de couches coloniales et militaires – les mêmes qui ont renversé De Gaulle et se sont toujours déclarées atlantistes – et conduit, objectivement, à élargir – mais au profit de qui ? là est la question géopolitique – le fossé entre les deux rives de la Méditerranée. C’est pourquoi l’affaire Merah, dont on reparle sans cesse, en donnant un ressort plus énergique à la fraternisation avec le sionisme promu représentant du judaïsme français, ajoutée à l’agitation de M. Longuet, que l’on voyait inspecter nos troupes, en Afghanistan – un ministre aussi ancien militant de droite Algérie française, à l’époque, où le jeune Hollande défendait la même thèse familiale –, ouvre, en réalité, comme en 1942, l’Algérie à l’influence US.
La France, avec les États-Unis, a dessiné une stratégie d’engagement de l’Algérie, dans le conflit avec l’Aqmi, sorte de nouvel Al-Qaïda, ou Al-CIAda, comme on l’entend dire, par exemple, en Syrie patriote ! Par ce moyen, avec l’attitude du loup, dans le conte du Petit Chaperon rouge, les Américains – forts du froid provoqué de France même avec l’Algérie, qui est de culture française et politiquement gaulliste – se présenteront comme le seul rempart devant un terrorisme menteur, qui prétend combattre l’Occident mécréant et les USA, mais, en réalité, est un épouvantail meurtrier sorti de la boîte du même magicien que celui du 11-Septembre ! De nombreux « militants » jugés radicaux sont expulsés de France, en sachant qu’ils pèseront sur le pouvoir algérien, et, donc, cette ambiguïté s’amplifie d’un régime socialiste bien plus fanatisé que le précédent, avec deux visages : l’un crie contre le danger du fanatisme, et l’autre lui indique la route, comme si on poussait des renards, dans le poulailler !
Qu’est-ce qui est en jeu, et, aussi, qu’est-ce qui nous permet de dessiner cette hypothèse d’une subversion, soit intérieure, fort difficile, soit extérieure, matériellement plus envisageable de l’Algérie ? Il faut revenir au principe posé par M. Sarkozy d’une « Union pour la Méditerranée ». Cette mer est le passage des énergies, dont l’Amérique a grand besoin, non pas tant pour son existence reposant sur de vastes réserves intérieures, mais pour maintenir les prix. Le contrôle s’impose donc, avec, par conséquent, l’éloignement des concurrents russes et chinois, entamé par la mise à sac, démocratiquement – par Al-Qaïda interposée – de la Libye.

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