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La France retourne à l’état quasi sauvage

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  • La France retourne à l’état quasi sauvage

    Jusqu’à présent, la campagne électorale, en France, était d’un niveau lamentable : affirmations gratuites, approximations, mensonges, exagérations, les discours des candidats volaient très bas. Ils ne volent plus : les voilà désormais à ras de terre, à ras d’égouts. La gangrène qui ronge le Front national a contaminé l’UMP et son candidat : lors de son intervention sur France 2, mardi 7 mars, Nicolas Sarkozy, par sa charge contre les étrangers, a pris le relais de Marine Le Pen.

    Pour les responsables des partis de droite, d’extrême-droite et leurs électeurs, l’étranger est aujourd’hui en France ce qu’était le juif pour les nazis : un être malfaisant, un raté d’homme, un sous-homme. A supprimer.

    Non pas en le jetant dans un four – en France, on est civilisés ! – mais en multipliant les occasions de l’interner dans un camp, puis de l’expulser. En dressant des barrages aux frontières pour l’empêcher d’entrer. En bouchant toutes les ouvertures par lesquelles il pourrait se glisser - tels les mariages mixtes, de plus en plus difficiles, et qui, contractés hors de France, ne donnent pas automatiquement au conjoint d’un(e) Français(e) le droit de l’accompagner dans son pays. En l’empêchant de s’infiltrer en quelque sorte de l’intérieur, si une étrangère vivant en France y fait un enfant : la droite projette de supprimer le droit du sol – démocratique, puisque toute personne née en France est française — et de n’admettre que le droit du sang : seuls des parents déjà français pourraient donner naissance à un Français. En bâillonnant, enfin, les étrangers non-européens nés en France ou y résidant légalement, qui n’ont pas le droit de participer aux élections municipales, quand un Bulgare ou un Albanais qui ne parlent pas un mot de français peuvent voter.

    La conséquence immédiate de ces actes et de ces projets de «purification raciale» ? Une atmosphère nauséabonde, le surgissement de faux problèmes – hier le voile et la polygamie, désormais la viande halal, pourquoi pas demain la longueur des jupes, des cheveux ou la barbe des hommes ? – et, derrière ces prétextes, la haine, sous-jacente, tenace, indélébile, de l’Islam et des musulmans. La France officielle vit de nouveau à l’heure des Croisades – mais a-t-elle jamais changé d’heure ? — et du repli étriqué sur elle-même.
    A longueur de discours et de meeting en meeting, ses dirigeants ressassent les mêmes insanités mortifères, quand le seul problème sérieux est de décider si leur pays va se donner les moyens de progresser dans tous les domaines, ou s’étioler et se rabougrir. Un simple regard sur le siècle dernier nous montre à quel point la présence d’étrangers a ouvert de nouveaux horizons, renouvelé la culture, stimulé l’activité scientifique et l’exigence de justice.

    «J’accuse !» Ce n’est pas un «indigène », c’est Zola, d’origine italienne, qui prend la défense de Dreyfus, Cuvier, d’origine suisse, qui promeut l’anatomie comparée et la paléontologie, Marie Curie, d’origine polonaise, qui reçoit le prix Nobel de physique en 1903, Vladimir Jankélévitch, d’origine russe, Castoriadis, d’origine grecque, Edgar Morin, juif de Salonique, qui renouvellent la réflexion philosophique… Faut-il citer ces artistes, ces poètes, ces romanciers qui séduisent tant de citoyens, élargissent leur horizon, disent et chantent ce que la plupart ne savent pas ou ne peuvent pas exprimer — Apollinaire, d’origine polonaise, Aznavour, d’origine arménienne, Yves Montand, d’origine italienne, Isabelle Adjani, Guy Bedos et tant d’autres ?

    Un pays qui vit et se développe est un pays pluriel, diversifié, largement ouvert à tous ces étrangers qui, d’une façon ou d’une autre, le fécondent.
    Un pays qui se ferme aux autres est un pays qui régresse et retourne à l’état quasi sauvage caractéristique, dans les années 1930, des Tasmaniens. Une tribu d’Océanie dont tous les membres, endogames, appartenaient au même groupe sanguin. Toutes portes fermées sur l’extérieur, ce sont les êtres les plus arriérés que les ethnologues aient jamais rencontrés : ils n’avaient pas encore inventé le feu, et leur langage se composait de quelques clics et clacs de la langue. Halal, halal ! La France devient-elle une nouvelle Tasmanie ?

    La chronique de Maurice Tarik Maschino
    El Watan
    "Je suis un homme et rien de ce qui est humain, je crois, ne m'est étranger", Terence
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