Le commando espagnol
pose avec sa prise du jour :
le drapeau marocain
Un film militaire confidentiel circule depuis quelques jours en Espagne. On y voit des militaires marocains faits prisonniers, live, lors du débarquement espagnol sur l’îlot Leila il y a deux ans. Visionnage.pose avec sa prise du jour :
le drapeau marocain
Rappelez-vous, c’était au courant de l’été 2002. En se réveillant ce 17 juillet, les Marocains découvraient, ahuris, les images du drapeau espagnol flottant sur un caillou, encore inconnu jusque là, se trouvant à 200 mètres seulement de la côte marocaine. Grosso modo, voilà ce qu’on en saura. Dans la nuit, un

Quelques jours plus tard, Mohamed Benaissa recevait froidement Ana Palacio, alors ministre des Affaires étrangères, à Rabat. D’un commun accord, les deux parties enterrent l’affaire. Ce qui arrange tout le monde. La fierté marocaine est sauvée, les Espagnols ont eu ce qu’ils voulaient. Une démonstration de force, plutôt intimidante et sans conséquences.
Deux ans plus tard, l’affaire refait surface. Dans sa livraison du 29 novembre 2004, l’hebdomadaire espagnol Interviù publie "Les images secrètes de la descente de Perejil". Qu’y voit-on ? Des gendarmes marocains terrorisés, cagoulés, subissant, sous la menace armée, un interrogatoire et enfin, rassemblés et encerclés par les Espagnols avant d’être transférés à bord d’un hélicoptère en terre ibérique. Les équipements des soldats espagnols sont impressionnants. Lunettes de vue infrarouge, fusils sophistiqués, outils de communication. Les images parues sur l’hebdomadaire espagnol montrent enfin le commando armé planter le drapeau espagnol sur l’île et prendre la pause au retour de sa mission à l’aéroport de Sebta.
Enseignements d’un film confidentiel
Dans son analyse, l’hebdomadaire espagnol dévoile sa source. Un film qu’un médecin militaire aurait tourné, live, lors de l’opération militaire. Une pratique rare, voire anormale. "Seulement voilà, explique le magazine, la mission était assez exceptionnelle pour être archivée. C’est la première opération militaire d’envergure que mène l’Espagne depuis plus de 28 ans. La première pour l’Equipo 31 (le commando qui l’a exécutée), constitué au début des années 70". Les détails ont ensuite tout du scénario hollywoodien. On apprend, par exemple, que l’assaut militaire allait être donné le 14 juillet, soit trois jours seulement après l’arrivée marocaine sur l’île… alors qu’Aznar, chef de l’exécutif à l’époque, disait encore privilégier la solution diplomatique. Le porte-avions avait alors même pris le large avant qu’une note du siège du gouvernement ne lui fasse rebrousser chemin. La deuxième fois a été la bonne. Les membres du commando spécial disposaient d’un document signé par Aznar en personne, leur autorisant l’usage de la force armée.
En amont, l’opération avait été préparée dans les règles de l’art. Quelques jours avant le débarquement espagnol, un avion militaire a effectué une mission de reconnaissance pour "étudier l’emplacement des soldats marocains et leurs position le soir". En tout, six gendarmes, légèrement armés. Ce qui n’empêchera pas le voisin ibérique de dépêcher un véritable arsenal de guerre. "L’Equipo 31", dont c’est la première mission, est le commando d’élite le mieux entraîné des forces armées espagnoles. Pendant de longues années, il a été soumis à des entraînements épuisants. Sa première mission est une sorte de délivrance. La suite des événements : les membres de l’équipage n’ont aucun mal à maîtriser les soldats marocains. à certains, ils font subir des interrogatoires assez courts. Les six soldats seront ensuite tous cagoulés (à la Abou Ghraib, mais en blanc), menottés et encerclés par les militaires espagnols. "Pendant tout ce temps, la hantise d’une riposte marocaine depuis la côte a été présente", dévoile le rapport de l’opération. Finalement, il n’en sera rien. Les militaires espagnols planteront le drapeau rouge et jaune au sommet de l’île et "arracheront" le leur aux Marocains. à Sebta où ils ont finalement atterri, ils poseront devant les photographes avec leurs prisonniers comme avec des prises de gibier. Quelques jours avant le 11 mars, tous les membres de l’équipe seront décorés par Aznar en personne. Principal enseignement selon ce militaire à la retraite : "Les Espagnols n’ont pas pris leur mission à la légère. Ils avaient trois objectifs. Garantir le succès de l’opération et la sécurité de leurs hommes, adresser un message violent au voisin dérangeant, et déployer la force armée espagnole au grand jour, même avec beaucoup d’exagération".
En Espagne, la parution des photos n’a pas choqué outre mesure. "Les Espagnols sont maintenant beaucoup plus sensibles à des questions liées au terrorisme et à leur propre sécurité. Ce conflit, ils l’ont maintenant oublié. En plus, ils y tiennent le beau rôle", affirme un militant associatif à Madrid. Au Maroc par contre, les images font l’effet d’une petite bombe. C’est la première fois que des militaires marocains sont montrés dans une position aussi "humiliante". La grande muette en prend un petit coup. Jusque là, seules les photos des prisonniers marocains à Tindouf ont servi à alimenter la machine propagandiste marocaine. "Avec ces nouvelles photos, explique cet expert en communication, les non initiés seront tentés de croire à la fragilité de la force marocaine, et à la légèreté avec laquelle sont menées des opérations aussi sensibles que prendre le contrôle d’une terre contestée".
Jusqu’à présent, les états- majors gardent le silence radio. Aucun commentaire, même en off, n’a filtré. Du côté des Affaires étrangères, on joue la carte diplomatique. "Ce conflit est derrière nous. à présent, nous préférons aller de l’avant", se voit-on répondre au ministère de Benaissa.
Histoire d’un document
Maintenant, comment un document militaire filtre-t-il aussi facilement deux ans seulement après le conflit qu’il est censé archiver ? "Selon la législation espagnole, un document confidentiel ne peut être communiqué que 30 ans après sa rédaction ou son tournage", note Houcine Majdoubi, journaliste marocain en Espagne. Première piste : l’hebdomadaire politico-érotique espagnol, avide de sensationnel et en perte de vitesse, aurait payé des millions contre ledit document. Une thèse vite abandonnée lorsqu’on sait que la cassette contenant le film des événements a atterri, plus tard, chez plusieurs chaînes de télévision qui se sont empressées d’en diffuser le contenu. D’où la deuxième thèse, celle du règlement de compte hispano-espagnol. Selon des sources concordantes en Espagne, "le film aurait été sciemment délivré à différents médias espagnols". Qui y aurait intérêt ? Le Parti Populaire de l’ex-président du gouvernement Aznar, du moins, une frange dudit parti. "Quoique difficile à prouver, la thèse n’est pas à écarter", note ce correspondant espagnol à Rabat. Dans quel objectif ? "L’amélioration des relations entre Rabat et Madrid ne plaît forcément pas à tout le monde. Depuis quelques semaines, le PP soulève des questions de nature à brouiller cette relation comme le tracé des frontières maritimes, l’émigration clandestine ou le Sahara occidental", explique un observateur marocain. Cette semaine en plus, le PP a annoncé qu’il ne "participera à aucune action diplomatique officielle espagnole". Comme quoi, même hors gouvernement, les "ennemis" du royaume (selon la terminologie officielle) gardent leurs force de nuisance
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