par Maria Golovnina et Alexander Dziadosz
BANI WALID/SYRTE, Libye (Reuters) - Des combats acharnés ont repris dimanche autour des bastions kadhafistes encerclés par les forces du pouvoir intérimaire libyen, Bani Walid, Syrte et l'oasis de Sabha.
A Bani Walid, 180 km au sud-est de Tripoli, de puissantes explosions et des tirs nourris de mitrailleuses peuvent être entendus, alors que les troupes loyales à l'ex-homme fort de la Libye bombardent les positions des troupes du Conseil national de transition (CNT).
"Nous avons combattu toute la nuit. Nous encerclons la ville de tous les côtés dans un rayon de 40 kilomètres", déclare à Reuters un commandant des forces du CNT, Absalim Gnouna, à l'entrée nord de la ville, pendant que ses hommes se mettent à l'abri derrière des murs ou des voitures.
Certains ripostent à coup de canons anti-aériens. Des versets coraniques s'échappent des haut-parleurs d'un véhicule, manière de regonfler le moral de troupes parfois désabusées face au manque d'organisation.
"Pour libérer Bani Walid, l'artillerie lourde doit d'abord entrer en action, puis l'infanterie, comme partout ailleurs. Là, ce n'est pas exactement le chaos mais beaucoup de nos combattants n'ont pas d'expérience, alors ce n'est pas facile", soupire Djamal al Ghariani, un ancien soldat de Kadhafi qui a rejoint les forces du conseil intérimaire.
Les obus passent en sifflant au-dessus des positions anti-kadhafistes et s'écrasent dans la vallée désertique. Des tireurs invisibles juchés sur les toits de Bani Walid arrosent les troupes du CNT. Des colonnes de fumée s'élèvent de la ville.
LENTE PROGRESSION VERS SYRTE
Parallèlement, les anciens rebelles ont repris leur lente progression vers Syrte, la ville natale de Mouammar Kadhafi, au lendemain de leur conquête d'Heraoua, une localité située à 60 km à l'est.
Dans un hôpital de campagne installé dans une station-service à la périphérie ouest de Syrte, un médecin déclare que seize combattants anti-Kadhafi et un ambulancier ont péri dans les affrontements de samedi. Il dit avoir également admis 62 blessés.
"Nous progressons vers Syrte pour renforcer nos troupes déjà là-bas", déclare Nouri Kantari, commandant des Martyrs de la brigade Zaouïah, au milieu d'un convoi d'une quarantaine de véhicules militaires qui fonce vers la ville.
L'officier ajoute que ce convoi de camionnettes équipées de canons anti-aériens et de lance-roquettes fait partie d'un ensemble de 400 véhicules à destination de la ville côtière.
A l'approche de l'entrée ouest de Syrte, les combattants du CNT se comptent par centaines et se disent prêts à reprendre les affrontements après trois jours d'intenses combats dans la ville et à sa périphérie.
De nombreuses voitures de civils ou de 4x4 quittent la ville en sens inverse. Les habitants en fuite parlent de pénuries d'eau et d'électricité et de combats de rue. Les forces kadhafistes patrouillent dans les rues, ajoutent-ils.
"La situation est très mauvaise. Les gens vivent dans la terreur", déclare Taher al Menseli, un habitant de 33 ans dont les forces du CNT fouillent le véhicule à un point de contrôle.
"Les partisans de Kadhafi essaient de persuader la population que les révolutionnaires sont des criminels et qu'il faut les tuer. Même si on n'y croit pas, il faut apparaître convaincu", ajoute-t-il.
A proximité de lui, trois hommes jeunes sont agenouillés dans le sable sur le bas-côté de la route, les mains ligotées dans le dos. Les combattants du CNT expliquent qu'ils ont découvert deux fusils d'assaut et des munitions dans leur voiture.
Plus au sud, les forces anti-kadhafistes disent avoir capturé la petite localité de Birak au cours de leur avancée vers Sabha, à 700 km au sud de Tripoli.
Depuis la chute de la capitale le 23 août, le mystère demeure sur la localisation de Mouammar Kadhafi. Son porte-parole Moussa Ibrahim a assuré samedi que le "guide de la révolution" se trouvait en Libye et dirigeait la "résistance".
Près de quatre semaines après la chute de la capitale, le conseil intérimaire au pouvoir en Libye n'est toujours pas en mesure de déclarer le pays "libéré" et de lancer le processus de transition démocratique promis par les nouvelles autorités.
Jean-Stéphane Brosse pour le service français
BANI WALID/SYRTE, Libye (Reuters) - Des combats acharnés ont repris dimanche autour des bastions kadhafistes encerclés par les forces du pouvoir intérimaire libyen, Bani Walid, Syrte et l'oasis de Sabha.
A Bani Walid, 180 km au sud-est de Tripoli, de puissantes explosions et des tirs nourris de mitrailleuses peuvent être entendus, alors que les troupes loyales à l'ex-homme fort de la Libye bombardent les positions des troupes du Conseil national de transition (CNT).
"Nous avons combattu toute la nuit. Nous encerclons la ville de tous les côtés dans un rayon de 40 kilomètres", déclare à Reuters un commandant des forces du CNT, Absalim Gnouna, à l'entrée nord de la ville, pendant que ses hommes se mettent à l'abri derrière des murs ou des voitures.
Certains ripostent à coup de canons anti-aériens. Des versets coraniques s'échappent des haut-parleurs d'un véhicule, manière de regonfler le moral de troupes parfois désabusées face au manque d'organisation.
"Pour libérer Bani Walid, l'artillerie lourde doit d'abord entrer en action, puis l'infanterie, comme partout ailleurs. Là, ce n'est pas exactement le chaos mais beaucoup de nos combattants n'ont pas d'expérience, alors ce n'est pas facile", soupire Djamal al Ghariani, un ancien soldat de Kadhafi qui a rejoint les forces du conseil intérimaire.
Les obus passent en sifflant au-dessus des positions anti-kadhafistes et s'écrasent dans la vallée désertique. Des tireurs invisibles juchés sur les toits de Bani Walid arrosent les troupes du CNT. Des colonnes de fumée s'élèvent de la ville.
LENTE PROGRESSION VERS SYRTE
Parallèlement, les anciens rebelles ont repris leur lente progression vers Syrte, la ville natale de Mouammar Kadhafi, au lendemain de leur conquête d'Heraoua, une localité située à 60 km à l'est.
Dans un hôpital de campagne installé dans une station-service à la périphérie ouest de Syrte, un médecin déclare que seize combattants anti-Kadhafi et un ambulancier ont péri dans les affrontements de samedi. Il dit avoir également admis 62 blessés.
"Nous progressons vers Syrte pour renforcer nos troupes déjà là-bas", déclare Nouri Kantari, commandant des Martyrs de la brigade Zaouïah, au milieu d'un convoi d'une quarantaine de véhicules militaires qui fonce vers la ville.
L'officier ajoute que ce convoi de camionnettes équipées de canons anti-aériens et de lance-roquettes fait partie d'un ensemble de 400 véhicules à destination de la ville côtière.
A l'approche de l'entrée ouest de Syrte, les combattants du CNT se comptent par centaines et se disent prêts à reprendre les affrontements après trois jours d'intenses combats dans la ville et à sa périphérie.
De nombreuses voitures de civils ou de 4x4 quittent la ville en sens inverse. Les habitants en fuite parlent de pénuries d'eau et d'électricité et de combats de rue. Les forces kadhafistes patrouillent dans les rues, ajoutent-ils.
"La situation est très mauvaise. Les gens vivent dans la terreur", déclare Taher al Menseli, un habitant de 33 ans dont les forces du CNT fouillent le véhicule à un point de contrôle.
"Les partisans de Kadhafi essaient de persuader la population que les révolutionnaires sont des criminels et qu'il faut les tuer. Même si on n'y croit pas, il faut apparaître convaincu", ajoute-t-il.
A proximité de lui, trois hommes jeunes sont agenouillés dans le sable sur le bas-côté de la route, les mains ligotées dans le dos. Les combattants du CNT expliquent qu'ils ont découvert deux fusils d'assaut et des munitions dans leur voiture.
Plus au sud, les forces anti-kadhafistes disent avoir capturé la petite localité de Birak au cours de leur avancée vers Sabha, à 700 km au sud de Tripoli.
Depuis la chute de la capitale le 23 août, le mystère demeure sur la localisation de Mouammar Kadhafi. Son porte-parole Moussa Ibrahim a assuré samedi que le "guide de la révolution" se trouvait en Libye et dirigeait la "résistance".
Près de quatre semaines après la chute de la capitale, le conseil intérimaire au pouvoir en Libye n'est toujours pas en mesure de déclarer le pays "libéré" et de lancer le processus de transition démocratique promis par les nouvelles autorités.
Jean-Stéphane Brosse pour le service français