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Mondialisation : la fin des religions ?

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  • Mondialisation : la fin des religions ?

    Vouées à s’opposer entre elles, toutes les religions monothéistes se rejoignent toutefois sur un point. A l'aune de la mondialisation, elles perdent de leurs valeurs, juge Elie Arié qui observe qu'il ne leur restera bientôt que des attributs artificiels : rituels et autres signes extérieurs d’appartenance...

    Toutes les religions ont été, à leur origine, l’équivalent de nos Constitutions actuelles : des systèmes de valeurs dirigeant le fonctionnement d’une société. Les chefs de l’exécutif ne pouvaient l’être que de droit divin. Elles ne peuvent être qu’intransigeantes, incompatibles avec leur remise en question, et vouées à s’opposer entre elles et à tout autre système de valeurs. Les compromis tels que la tolérance mutuelle, les ébauches d’œcuménisme ne pouvant jamais aller bien loin, la marginalisation de leurs courants intégristes néanmoins toujours tolérés, ou l’acceptation, de mauvaise grâce, de la laïcité ne sont que des paix armées imposées par les rapports de force du moment et toujours susceptibles d’être remis en question.

    Le judaïsme constitue aujourd’hui une illustration particulièrement flagrante de la réduction des religions à un simple désir (ou parfois une obligation imposée de l’extérieur) d’appartenance à un groupe ; en voie probable de disparition progressive par intégration et dilution dans les pays à la fois laïcs (phénomène trop récent dans l’ Histoire de l’humanité pour qu’il ait produit tous ses effets) et dans lesquels l’antisémitisme et le communautarisme étaient devenus trop peu virulents pour y faire obstacle, il a connu un renouveau soudain avec l’apparition historiquement récente du sionisme ; mais celui-ci en a profondément modifié, dégradé et banalisé la nature, en transformant l’attachement à une tradition religieuse ou à une histoire plus subie que voulue en un banal soutien inconditionnel à un pays étranger parmi tant d’autres, à l’avenir d’ailleurs des plus incertains; la fragilité de cette nouvelle forme d’identification des Juifs sionistes (1) dont ils ne semblent pas conscients, éclaterait au grand jour si les intérêts de leur pays lui commandaient de s’opposer à ceux d’Israël, au besoin par la guerre : ils se trouveraient alors dans une situation schizophrénique qui n’existait pas avant l’apparition du sionisme, lorsqu’ils étaient Juifs de religion et Français (ou Allemands, Italiens, Américains, etc.) de nationalité ; obligés de prendre parti, ils s’apercevraient enfin qu’une double identité équivaut à une absence d’identité ; leur position est, au fond, assez semblable à celle de ceux qui faisaient de leur adhésion au communisme la base de leur identité, et soutenaient inconditionnellement la politique de l’Union Soviétique – identité dont il ne reste aujourd’hui plus rien.

    Mais un cas peut sembler, à première vue, particulier : celui de l’Islam.

    Si cette religion (ou faut-il dire « ces religions », les affrontements souvent sanglants entre ses différentes composantes ne laissant rien à envier à ceux qui opposèrent autrefois catholiques et protestants – et qui continuent d’ailleurs à le faire ici ou là, comme en Irlande) est en pleine expansion, d’ailleurs moins par le nombre de ses fidèles (qui suit le simple accroissement démographique des populations, le nombre des convertis étant anecdotique) que par le développement de son intégrisme, c’est parce qu’elle semble constituer la seule doctrine « altermondialiste » déjà constituée et qui ne se cherche pas : l’Islam transcende les Etats et ne connaît d’autre communauté que l’ « oumma », celle des croyants, quelle que soit leur nationalité : il est, au moins doctrinalement, supra-national. Il constitue l’autre versant de la mondialisation, l’autre face de la médaille, et progresse en même temps qu’elle, car, depuis la chute du communisme, il est le seul à proposer à tous ceux qu’elle a laissés pour compte un ensemble homogène de valeurs opposé à tous ceux du monde contemporain et qui se sont réduits à un seul : la loi du marché.

    Mais il ne s’agit là que d’une illusion dont est victime le regard qui ne se limite qu’au temps court, celui de l’actualité au jour le jour ; par les excès auxquels il semble aujourd’hui condamné pour manifester qu’il existe encore, l’Islam engendrera tôt ou tard, comme les autres religions, non seulement ses réactions féministes qui prennent déjà une forme collective là où on les attendait le moins (on pense aux protestations des saoudiennes contre la loi qui leur interdit de conduire une voiture) mais aussi ses révoltés radicaux, ses athées militants, ses anticléricaux forcenés, ses laïcs enragés ; l’heure de l’apparition d’un imam Meslier (2) est peut-être plus proche que nous ne l’imaginons : les musulmans ne sont pas d’une nature différente de celle des autres hommes, et peut-être le terrorisme islamiste n’est-il que la manifestation d’une rage désespérée imputable au sentiment inconscient, chez certains d’entre eux, de la fin inéluctable de leur monde.

    Ainsi, à mesure que tous les pays entrent progressivement dans le système de l’économie libérale de marché (et on peut lire les « révolutions de jasmin » comme une aspiration à l’intégrer, car elles n’ont vraiment aucune composante « socialiste »), leurs religions subiront l’inévitable évaporation de leurs valeurs, car la concurrence, la compétition et le « chacun pour soi » ne sont compatibles avec aucune d’entre elles; mais resteront les rituels et les signes extérieurs d’appartenance, éléments d’une identification artificielle affirmés avec d’autant plus de vigueur que la mondialisation aura affadi tous les autres – en particulier les idéologies politiques, le patriotisme et l’appartenance à un Etat-nation.

    (1) Il existe de nombreux Juifs non sionistes, et peut-être même sont-ils majoritaires – mais on ne le saura jamais, car, contrairement aux autres, ils n’ont évidemment aucune raison de se manifester sur une question par laquelle ils ne se sentent pas concernés.
    (2) Jean Meslier (1664-1729), prêtre français, auteur de la célèbre phrase : «Je voudrais que le dernier des rois fût étranglé avec les boyaux du dernier prêtre.»

    Elie Arié - Tribune lu dans Marianne

  • #2
    j'aime bien c'est AT il sont plein de certitude , qui vivra verra mais je mes ma mains au feu que Islam durera jusqu'a la fin des temps , si y'a bien un truc ou je suis certains c'est sa .

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