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Le Waterloo de l’OTAN?

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  • Le Waterloo de l’OTAN?

    L'OTAN survivra-t-elle à l'Afghanistan et à la Libye? Sortie annoncée d'Afghanistan, très dure campagne en Libye, épuisement des ressources, désaccords entre alliés : les temps sont difficiles pour l'alliance militaire occidentale, qui s'interroge avec angoisse sur elle-même et sur son avenir.

    À la mi-juin, Robert Gates, secrétaire sortant à la Défense des États-Unis, se sentant, peut-être, déjà libéré du devoir de réserve car il prend sa retraite à la fin juin, y allait d'un diagnostic très, très dur sur l'état de l'Alliance. Il a parlé d'un avenir funeste pour l'organisation, si elle ne se ressaisit pas rapidement, si une campagne comme celle menée en Libye ne donne aucun résultat positif, et si les Européens continuent de refuser de payer leur part. Actuellement, l'Europe ne défraie que 25 % des coûts de l'OTAN, contre 75 % pour les États-Unis. Il y a 20 ans, c'était moitié-moitié.

    Désarroi et zizanie

    En Libye, plus de trois mois après une initiative qui devait faire tomber rapidement le dictateur, l'aveu de bavures mortelles contre des civils, ceux-là mêmes que l'opération est censée protéger sème désarroi et zizanie. Et si nous nous trompions dans toute cette affaire, se demande par exemple le gouvernement italien, qui a réclamé, avant de se dédire, une suspension des activités dans le ciel de Libye. Même si d'autres, comme les Français, continuent de croire que Mouammar Kadhafi va bien finir par tomber et qu'il faut donc maintenir la pression.

    Pour l'OTAN et les États-Unis, l'Afghanistan est une affaire qui dure depuis presque une décennie, une expérience peu concluante de « nation-building ». Barack Obama a annoncé le 23 juin un début de retrait d'Afghanistan, en admettant que les États-Unis « ne laisseraient pas derrière eux un pays parfait »... une belle litote!

    Mais la Libye représente potentiellement un autre type d'échec. L'Afghanistan ronge l'OTAN sur le long terme, avec des objectifs officiels qui sont modifiés, révisés à la baisse, au fil des années, et avec des opinions publiques qui décrochent graduellement. Tandis que l'expédition libyenne, elle, fait mal dans l'immédiat. Elle représente peut-être pour l'OTAN... la goutte qui fait déborder le vase.

    Voici la plus grande alliance militaire de tous les temps, pour reprendre les mots de Robert Gates, qui annonce une campagne éclair, limitée dans le temps, ultraciblée et foudroyante, censée en finir avec Kadhafi en deux temps, trois mouvements... mais qui, après plus de trois mois, s'avère incapable de vaincre, dans un pays de 6 millions d'habitants, doté d'une armée plutôt rudimentaire...

    L'humiliation!

    Bientôt à court de munitions

    Et maintenant, on chuchote que les Européens en Libye seraient même à la veille... d'une rupture de stock! Des entrepôts vides... Des munitions bientôt manquantes pour les avions Rafale et Super-Étendard des Français... Des effectifs au sol en nombre insuffisant pour guider les sorties des avions... Un porte-avions, le George-Clemenceau - c'est le seul vaisseau européen de ce type actuellement disponible - qui serait à la limite de ses capacités, avec un urgent besoin d'entretien. On peut allonger cette liste, qui renvoie l'image d'une alliance occidentale à bout de souffle.

    Pas étonnant que dans ces conditions, les Italiens disent maintenant : « arrêtons, suspendons les activités militaires en Libye, tenons-nous-en à l'humanitaire et favorisons une solution politique ». Franco Frattini, le ministre des Affaires étrangères, un des rares personnages sérieux du gouvernement Berlusconi, a causé un petit scandale en disant qu'après les bavures des 18 et 19 juin à Tripoli (une quinzaine de civils tués par l'OTAN), la campagne militaire occidentale a perdu de sa crédibilité.

    Sans compter la question de l'argent... Dans son « discours-testament » de Bruxelles, Robert Gates a parlé très fort de ce problème, en demandant aux Européens : « Voulez-vous, oui ou non, payer pour votre défense? Parce que les Américains, eux, le peuvent de moins en moins! » Et Gates a enfoncé le clou : notre situation, dit-il, devient in-te-na-ble.

    Le problème, c'est qu'en Europe aussi, les budgets sont complètement étirés, l'élastique est au maximum... Il n'y a plus d'argent, et le climat n'est absolument pas propice à un doublement des dépenses de défense, un doublement qui, selon les États-Unis, serait nécessaire en Europe.

    Autrement dit, le bon vieil impérialisme occidental a du plomb dans l'aile. Il n'a peut-être plus les moyens de ses ambitions. La projection pessimiste de Robert Gates, c'est que, après l'Afghanistan et la Libye, l'OTAN n'a peut-être tout simplement plus sa raison d'être.
    François Brousseau radio canada
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