La France se perd en conjectures
Abdelkrim Ghezali
L’AFP a rapporté une partie de l’entretien qu’Alain Juppé a eu avec Medelci, et que l’APS n’a pas cité. Selon l’agence française, l’Algérie a assuré lundi dernier à la France, lors d’une conversation téléphonique, qu’elle n’avait pas fourni plusieurs centaines de véhicules armés aux forces libyennes de Mouammar Kadhafi, a indiqué hier le chef de la diplomatie française, Alain Juppé. «J’ai eu un entretien très cordial avec mon homologue. Je lui ai dit ‘‘voilà, il y a des informations qui circulent selon lesquelles Kadhafi aurait reçu plusieurs centaines de véhicules armés et transportant des munitions en provenance d’Algérie’’», a déclaré le ministre français lors d’une rencontre avec l’Association de la presse diplomatique française.
«Je lui ai posé la question, et il m’a assuré que [...] ce n’était pas vrai», a ajouté Alain Juppé. Dans un communiqué diffusé un peu plus tôt par l’APS, le ministère algérien des Affaires étrangères ne mentionne pas cet aspect de la conversation, se contentant d’annoncer que Mourad Medelci «s’est entretenu lundi au téléphone avec son homologue français, Alain Juppé». L’entretien a porté sur «l’état et les perspectives de développement des relations bilatérales algéro-françaises, ainsi que sur la situation qui prévaut au niveau de la région du Maghreb», a ajouté ce communiqué.
Ce qui est étrange dans la question du ministre français, c’est le fait d’avoir avalé les couleuvres d’un courant de la rébellion libyenne qui fait feu de tout bois afin de mettre l’Algérie dans l’embarras, alors qu’elle essaye de rester fidèle aux principes ayant toujours défini sa politique étrangère, notamment avec les pays maghrébins, arabes et africains. M. Juppé aurait pu poser cette question à ses services de renseignement qui ont des moyens de surveillance sophistiqués, aussi bien terrestres qu’aériens, pour vérifier si une colonne de camions militaires a franchi ou non les frontières algéro-libyennes, ou si des avions en partance d’Algérie ont atterri ou non sur un aéroport libyen pour y déposer des mercenaires.
Alain Juppé semble faire le jeu d’une partie de la rébellion libyenne qui, acculée sur le terrain par manque d’expérience, d’organisation et de moyens, cherche à justifier ses échecs et son incapacité à venir à bout de Kadhafi et de ses troupes. En fait, l’insurrection libyenne est tellement fragile qu’elle se laisse manipuler par tout moyen de nature à l’aider à sortir du bourbier dans lequel elle s’est fourvoyée en prenant les armes contre Kadhafi.
Les services marocains trouvent à Benghazi une aubaine et un terreau favorable pour calomnier l’Algérie dans le but de l’affaiblir sur la scène internationale, comme si une Algérie faible peut favoriser la grandeur du Maroc.
LA TRIBUNE
Abdelkrim Ghezali
L’AFP a rapporté une partie de l’entretien qu’Alain Juppé a eu avec Medelci, et que l’APS n’a pas cité. Selon l’agence française, l’Algérie a assuré lundi dernier à la France, lors d’une conversation téléphonique, qu’elle n’avait pas fourni plusieurs centaines de véhicules armés aux forces libyennes de Mouammar Kadhafi, a indiqué hier le chef de la diplomatie française, Alain Juppé. «J’ai eu un entretien très cordial avec mon homologue. Je lui ai dit ‘‘voilà, il y a des informations qui circulent selon lesquelles Kadhafi aurait reçu plusieurs centaines de véhicules armés et transportant des munitions en provenance d’Algérie’’», a déclaré le ministre français lors d’une rencontre avec l’Association de la presse diplomatique française.
«Je lui ai posé la question, et il m’a assuré que [...] ce n’était pas vrai», a ajouté Alain Juppé. Dans un communiqué diffusé un peu plus tôt par l’APS, le ministère algérien des Affaires étrangères ne mentionne pas cet aspect de la conversation, se contentant d’annoncer que Mourad Medelci «s’est entretenu lundi au téléphone avec son homologue français, Alain Juppé». L’entretien a porté sur «l’état et les perspectives de développement des relations bilatérales algéro-françaises, ainsi que sur la situation qui prévaut au niveau de la région du Maghreb», a ajouté ce communiqué.
Ce qui est étrange dans la question du ministre français, c’est le fait d’avoir avalé les couleuvres d’un courant de la rébellion libyenne qui fait feu de tout bois afin de mettre l’Algérie dans l’embarras, alors qu’elle essaye de rester fidèle aux principes ayant toujours défini sa politique étrangère, notamment avec les pays maghrébins, arabes et africains. M. Juppé aurait pu poser cette question à ses services de renseignement qui ont des moyens de surveillance sophistiqués, aussi bien terrestres qu’aériens, pour vérifier si une colonne de camions militaires a franchi ou non les frontières algéro-libyennes, ou si des avions en partance d’Algérie ont atterri ou non sur un aéroport libyen pour y déposer des mercenaires.
Alain Juppé semble faire le jeu d’une partie de la rébellion libyenne qui, acculée sur le terrain par manque d’expérience, d’organisation et de moyens, cherche à justifier ses échecs et son incapacité à venir à bout de Kadhafi et de ses troupes. En fait, l’insurrection libyenne est tellement fragile qu’elle se laisse manipuler par tout moyen de nature à l’aider à sortir du bourbier dans lequel elle s’est fourvoyée en prenant les armes contre Kadhafi.
Les services marocains trouvent à Benghazi une aubaine et un terreau favorable pour calomnier l’Algérie dans le but de l’affaiblir sur la scène internationale, comme si une Algérie faible peut favoriser la grandeur du Maroc.
LA TRIBUNE
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