
Les révolutions sont contagieuses par essence. 1789 a débordé dans toute
l’Europe. 1848, commencée à Paris, secoua Rome, Berlin, Munich, Varsovie
et jusqu’à Londres. 1905 frappe la Russie, la Pologne et une partie des Balkans. 1917 provoque l’insurrection spartakiste de Berlin avec Rosa Luxemburg et les grandes grèves de 1919 en France. En 1936, le Front populaire français et le Frente popular espagnol se répondent.
Le mouvement de 68 naît à Berlin et à Rome avant d’enflammer Paris et l’Europe jusqu’à Prague. En 1989, le printemps de la place Tiananmen à Pékin atteint la Hongrie communiste qui ouvre enfi n ses frontières : de là basculent le mur de Berlin et la totalité des régimes communistes de
l’Est puis, trois ans plus tard, l’Union soviétique elle-même.
Aucun historien ne s’étonnera de voir la révolution sauter de Tunis au Caire, et frémir d’Amman à Sanaa, d’Alger à Damas. Les révolutions arabes d’aujourd’hui vont-elle apporter aussitôt la démocratie, la liberté, le bonheur ? Nous le souhaitons mais nous savons aussi qu’il fallut un siècle à la France pour passer du jacobinisme terroriste de Robespierre à la démocratie apaisée de la Troisième République.
Les révolutions vont plus vite que la démocratie. Après la destruction des tyrannies, les peuples ont besoin de temps pour construire la société nouvelle, des mois ou des années. L’Occident, pour une fois fidèle à ses
principes, devra protéger ces libertés naissantes, les militaires ou les religieux ne pas les confisquer.
Bernard Zekri
lesinrocks