Après la chute de Ben Ali en Tunisie, et avec la menace qui pèse sur l'Egypte, que risque le Maroc ?
Le roi Mohamed VI reçoit Nicolas Sarkozy à Marrakesh en 2007 SIPA
Le Maroc serait la cible d'une prochaine vague déferlante. « S'il n'a pas encore été atteint par la vague de contestation, il ne sera probablement pas une exception. » C'est ce qu'affirme, avec fracas, le propre cousin du roi Mohamed VI, troisième sur la ligne de succession. Mais Moulay Hicham est en conflit régulier avec le monarque chérifien, ce qui lui a valu le surnom de « Prince rouge ».
Pays voisin de la Tunisie, le Maroc est confronté aux mêmes problèmes : une jeunesse majoritaire (30 % de la population) mais pour l'essentiel désœuvrée et sans espoir. Des couches populaires condamnées à vivre dans la misère. Une disparité des richesses gigantesque. Un manque chronique de libertés. D'accès à la culture, aux soins, à l'exercice démocratique. Un profond malaise économique, social, parfois identitaire. Un manque de croissance qui fait s'enchaîner parfois aux grilles du Parlement des chômeurs diplômés. Il suffit, à Casablanca, de traverser une route pour passer de bidonvilles insalubres où s'entassent des milliers de gens à un quartier où s'alignent des résidences somptueuses, des petits palais, où vivent les favoris du régime, ceux qui accaparent les richesses, pour mesurer à quel point le pays vit dans le déséquilibre permanent. A cela il faut ajouter une corruption endémique, qui ne prend parfois pas même la peine de se masquer.
Les « islamistes de Sa Majesté »
Sur le papier donc, toutes les conditions semblent être réunies pour que le pays s'embrase, suivant l'exemple de la Tunisie et de l'Egypte. Mais pour l'heure il n'en est rien. Peut-être parce qu'il faut nuancer le tableau. D'abord, le pays n'est pas aux mains d'un homme politique devenu dictateur en s'appuyant sur l'armée. C'est une monarchie. Et, quoi que fasse le roi Mohamed VI, « Commandeur des croyants », il inspire de par son statut un respect dans toutes les couches de la population, même chez les islamistes modérés, dont il tolère l'existence et parfois le droit à manifester, et que l'on surnomme ironiquement à Rabat les « islamistes de Sa Majesté ». Entouré de conseillers solides, parmi lesquels figurent plusieurs Français, Mohamed VI a eu l'intelligence aussi de laisser subsister des corps intermédiaires, associations, syndicats, partis, qui sont autant de « soupapes » et permettent de canaliser la contestation.
Si quelques manifestations, calquées sur le modèle tunisien ou égyptien, se sont produites ces derniers jours, notamment à Fès ou à Tanger, elles ont eu une ampleur limitée – à peine quelques centaines de personnes – et ont été dispersées sans mal par les forces de l'ordre. « Rien ne permet de prédire l'avenir, dit un expatrié français installé à Marackech depuis dix ans, mais rien ne semble annoncer une tempête d'ampleur. » « Ici, les touristes sont attendus paisiblement, et assure-t-il en souriant, la jet-set peut dormir tranquille dans les somptueux riads de la Palmeraie. »
Par Frédéric Helbert
C'est sur France Soir

Le Maroc serait la cible d'une prochaine vague déferlante. « S'il n'a pas encore été atteint par la vague de contestation, il ne sera probablement pas une exception. » C'est ce qu'affirme, avec fracas, le propre cousin du roi Mohamed VI, troisième sur la ligne de succession. Mais Moulay Hicham est en conflit régulier avec le monarque chérifien, ce qui lui a valu le surnom de « Prince rouge ».
Pays voisin de la Tunisie, le Maroc est confronté aux mêmes problèmes : une jeunesse majoritaire (30 % de la population) mais pour l'essentiel désœuvrée et sans espoir. Des couches populaires condamnées à vivre dans la misère. Une disparité des richesses gigantesque. Un manque chronique de libertés. D'accès à la culture, aux soins, à l'exercice démocratique. Un profond malaise économique, social, parfois identitaire. Un manque de croissance qui fait s'enchaîner parfois aux grilles du Parlement des chômeurs diplômés. Il suffit, à Casablanca, de traverser une route pour passer de bidonvilles insalubres où s'entassent des milliers de gens à un quartier où s'alignent des résidences somptueuses, des petits palais, où vivent les favoris du régime, ceux qui accaparent les richesses, pour mesurer à quel point le pays vit dans le déséquilibre permanent. A cela il faut ajouter une corruption endémique, qui ne prend parfois pas même la peine de se masquer.
Les « islamistes de Sa Majesté »
Sur le papier donc, toutes les conditions semblent être réunies pour que le pays s'embrase, suivant l'exemple de la Tunisie et de l'Egypte. Mais pour l'heure il n'en est rien. Peut-être parce qu'il faut nuancer le tableau. D'abord, le pays n'est pas aux mains d'un homme politique devenu dictateur en s'appuyant sur l'armée. C'est une monarchie. Et, quoi que fasse le roi Mohamed VI, « Commandeur des croyants », il inspire de par son statut un respect dans toutes les couches de la population, même chez les islamistes modérés, dont il tolère l'existence et parfois le droit à manifester, et que l'on surnomme ironiquement à Rabat les « islamistes de Sa Majesté ». Entouré de conseillers solides, parmi lesquels figurent plusieurs Français, Mohamed VI a eu l'intelligence aussi de laisser subsister des corps intermédiaires, associations, syndicats, partis, qui sont autant de « soupapes » et permettent de canaliser la contestation.
Si quelques manifestations, calquées sur le modèle tunisien ou égyptien, se sont produites ces derniers jours, notamment à Fès ou à Tanger, elles ont eu une ampleur limitée – à peine quelques centaines de personnes – et ont été dispersées sans mal par les forces de l'ordre. « Rien ne permet de prédire l'avenir, dit un expatrié français installé à Marackech depuis dix ans, mais rien ne semble annoncer une tempête d'ampleur. » « Ici, les touristes sont attendus paisiblement, et assure-t-il en souriant, la jet-set peut dormir tranquille dans les somptueux riads de la Palmeraie. »
Par Frédéric Helbert
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