Avril, mois noir pour l'Union européenne? Du chaos engendré par le nuage volcanique islandais dans le trafic aérien aux atermoiements face au risque de contagion de la crise grecque, les dernières semaines ont exposé au grand jour les difficultés des Vingt-Sept à coordonner leur action dans l'urgence, relançant du même coup le débat sur un manque de gouvernance économique et politique à l'échelle continentale.
"Que ce soit la crise des cendres volcaniques ou la crise financière grecque, tout a récemment montré que l'Union européenne est loin d'être un super-Etat", estime Tony Brown, membre de l'Institut des affaires internationales et européennes de Dublin. "C'est un plus un rassemblement d'Etats souverains qui, quand les situations deviennent sérieuses, préfèrent mettre en avant leur souveraineté."
Par son intensité et sa durée, la crise du volcan islandais a révélé le manque d'outils européens pour réguler le trafic aérien.
L'aviation européenne est, par définition, une question internationale. Mais quand le volcan Eyjafjallajökull a commencé à cracher ses cendres il y a deux semaines, les autorités nationales ont semblé livrées à elles-mêmes pour décider des mesures à prendre. S'en est suivie une cascade de fermetures d'espaces aériens qui ont coûté aux compagnies et aux activités associées environ 2,5 milliards d'euros, bloquant quelque dix millions de voyageurs aux quatre coins du monde.
Ce n'est qu'après une semaine de paralysie quasi-totale, alors que les compagnies aériennes faisaient pression sur les gouvernements, que les ministres des Transports de l'UE se sont réunis par visioconférence et ont décidé la mise en place d'un système de zones permettant une reprise progressive des vols. "Il y a très peu de compétence ou de coordination européenne dans ce domaine", reconnaît Helen Kearns, porte-parole du commissaire européen aux Transports Siim Kallas. "Réunir les 27 a pris beaucoup trop longtemps."
Les critiques les plus vives ne portent toutefois pas sur la crise du volcan, mais sur l'indécision et le manque d'actions coordonnées face à la dette et le déficits abyssaux de la Grèce. "C'est comme pour le chaos aérien", note Karel Lannoo, PDG du Centre d'études politiques européennes, à Bruxelles. "Qui parle au nom de l'Europe? Tout le monde et personne."
La réticence de l'Allemagne à débloquer les fonds nécessaires au sauvetage de la Grèce -pour des raisons de politique intérieure- semble avoir aggravé la situation en alimentant les craintes des marchés quant à une propagation au reste de la zone euro. Au moment de la crise bancaire à l'automne 2008, le gouvernement d'Angela Merkel avait déjà été montré du doigt pour avoir tardé à mettre en place son plan de relance économique.
"Ce que la situation révèle, c'est le manque sous-jacent de solidarité à l'intérieur de la zone euro", note Simon Tilford, chef économiste au Centre pour la réforme européenne, institut londonien qui se veut "pro-européen mais critique". Pour lui, la crise grecque pourrait se révéler fatale à l'union monétaire. "Cela montre qu'il est faux de croire que plusieurs pays souverains puissent partager une monnaie."
Mises bout à bout, les crises du trafic aérien et de la dette grecque ont porté un coup à l'industrie aérienne, à l'euro, aux marchés, et, incidemment, à l'image de l'UE. Et relancé le débat sur la nécessité d'une gouvernance économique et politique plus large, appelée de ses voeux par le président de la Commission José Manuel Barroso, qui déclarait le mois dernier: "l'Union européenne semble prête pour une coordination et une gouvernance économiques plus fortes".
source : AP
"Que ce soit la crise des cendres volcaniques ou la crise financière grecque, tout a récemment montré que l'Union européenne est loin d'être un super-Etat", estime Tony Brown, membre de l'Institut des affaires internationales et européennes de Dublin. "C'est un plus un rassemblement d'Etats souverains qui, quand les situations deviennent sérieuses, préfèrent mettre en avant leur souveraineté."
Par son intensité et sa durée, la crise du volcan islandais a révélé le manque d'outils européens pour réguler le trafic aérien.
L'aviation européenne est, par définition, une question internationale. Mais quand le volcan Eyjafjallajökull a commencé à cracher ses cendres il y a deux semaines, les autorités nationales ont semblé livrées à elles-mêmes pour décider des mesures à prendre. S'en est suivie une cascade de fermetures d'espaces aériens qui ont coûté aux compagnies et aux activités associées environ 2,5 milliards d'euros, bloquant quelque dix millions de voyageurs aux quatre coins du monde.
Ce n'est qu'après une semaine de paralysie quasi-totale, alors que les compagnies aériennes faisaient pression sur les gouvernements, que les ministres des Transports de l'UE se sont réunis par visioconférence et ont décidé la mise en place d'un système de zones permettant une reprise progressive des vols. "Il y a très peu de compétence ou de coordination européenne dans ce domaine", reconnaît Helen Kearns, porte-parole du commissaire européen aux Transports Siim Kallas. "Réunir les 27 a pris beaucoup trop longtemps."
Les critiques les plus vives ne portent toutefois pas sur la crise du volcan, mais sur l'indécision et le manque d'actions coordonnées face à la dette et le déficits abyssaux de la Grèce. "C'est comme pour le chaos aérien", note Karel Lannoo, PDG du Centre d'études politiques européennes, à Bruxelles. "Qui parle au nom de l'Europe? Tout le monde et personne."
La réticence de l'Allemagne à débloquer les fonds nécessaires au sauvetage de la Grèce -pour des raisons de politique intérieure- semble avoir aggravé la situation en alimentant les craintes des marchés quant à une propagation au reste de la zone euro. Au moment de la crise bancaire à l'automne 2008, le gouvernement d'Angela Merkel avait déjà été montré du doigt pour avoir tardé à mettre en place son plan de relance économique.
"Ce que la situation révèle, c'est le manque sous-jacent de solidarité à l'intérieur de la zone euro", note Simon Tilford, chef économiste au Centre pour la réforme européenne, institut londonien qui se veut "pro-européen mais critique". Pour lui, la crise grecque pourrait se révéler fatale à l'union monétaire. "Cela montre qu'il est faux de croire que plusieurs pays souverains puissent partager une monnaie."
Mises bout à bout, les crises du trafic aérien et de la dette grecque ont porté un coup à l'industrie aérienne, à l'euro, aux marchés, et, incidemment, à l'image de l'UE. Et relancé le débat sur la nécessité d'une gouvernance économique et politique plus large, appelée de ses voeux par le président de la Commission José Manuel Barroso, qui déclarait le mois dernier: "l'Union européenne semble prête pour une coordination et une gouvernance économiques plus fortes".
source : AP