Les autorités distribuent à la population des équipements de protection individuelle, un masque à gaz et des antidotes contre les armes chimiques et bactériologiques.
Lassés des tergiversations américaines sur le problème iranien, les israéliens songent de plus en plus à se désolidariser de la doctrine Obama sur le Moyen-Orient. Benjamin Netanyahou a rejeté, jeudi 22 avril, les demandes de Barack Obama de geler la construction à Jérusalem. Il montre d'une part qu'il ne se pliera plus aux injonctions américaines mais que d'autre part, le problème palestinien devient secondaire à ses yeux face au programme nucléaire iranien. Il considère que les Etats-Unis lambinent pour gagner du temps qui sert à l'Iran pour se doter d'armes de destruction. Le gouvernement communique peu pour ne pas être accusé de propos bellicistes tandis que l'Etat-major évite toute déclaration intempestive. Ce silence semble cependant plus inquiétant que les habituelles mises en garde des militaires israéliens chargés souvent de hausser le ton pour impressionner l'adversaire.
Sécurisation à outrance
Plusieurs faits démontrent que Tsahal poursuit ses programmes de sécurisation et prend au sérieux les provocations iraniennes. Il détient seul la responsabilité de la survie de la population. Les autorités israéliennes distribuent actuellement, à sept millions d'habitants, des équipements de protection individuelle, un masque à gaz et un paquet d'antidotes, contre les armes chimiques et bactériologiques. Sans chercher à alarmer sa population, le gouvernement envisage toutes les éventualités et qualifie cette mesure de «technique» sans aucune allusion à une éventuelle guerre.
La police a effectué, sans préavis le 15 avril, des manœuvres civiles d'envergure en grandeur nature dans plusieurs villes. Tel-Aviv s'est trouvée paralysée durant plusieurs heures pour permettre de tester la réaction en temps réel des services d'urgence et de sauvetage de l'Etat. Enfin, les sirènes d'alerte sont testées périodiquement. Ce type d'exercice n'avait pas eu lieu depuis la Guerre des Six Jours.
Ces gesticulations pourraient être assimilées à des actions d'intoxication à destination de l'opinion arabe et occidentale mais les militaires estiment que le principe de précaution n'est pas un luxe. Les officiers parlent ouvertement des nombreux exercices effectués par les troupes qui ont été remises à niveau depuis la guerre du Liban de l'été 2006 mais chuchotent quand il s'agit de préciser que les réservistes spécialistes en high-tech sont à présent, plus souvent que d'ordinaire, conviés à mettre à jour leurs connaissances liées à la technologie des radars et des missiles anti radars.
La Turquie hors-jeu
Avigdor Lieberman, le ministre des Affaires étrangères persona non grata en occident, est très actif et agit avec une grande discrétion dans les anciens pays de l'URSS dont il est originaire pour compenser la défaillance des alliés historiques d'Israël à commencer par la Turquie. Il est le seul à n'avoir pas été surpris par la volte-face d'Ankara qu'il voyait se profiler de longue date. Tayyip Erdogan avait levé le voile sur son changement de stratégie dès 2004 en qualifiant Israël «d'Etat terroriste» quand il avait éliminé le Cheikh Yassine. Il avait invité à Ankara en février 2006 le chef du Hamas Khaled Mashaal avec les honneurs réservés aux personnalités et enfin avait traité Shimon Pérès «d'expert en assassinat» à la conférence de Davos de janvier 2009. Or la Turquie, qui mettait à la disposition d'Israël ses bases aériennes d'entrainement et son espace aérien, entrait dans le dispositif stratégique militaire, indispensable pour une attaque contre l'Iran. Lieberman a donc agi dans l'ombre pour compenser cette alliance en se tournant vers plusieurs pays du Caucase dont la Géorgie, l'Arménie et l'Azerbaïdjan.
Les dirigeants israéliens ont définitivement intégré l'idée qu'ils devront agir seuls pour diminuer le danger mortel du programme nucléaire d'Ahmadinejad. Ils s'organisent comme s'ils ne devaient plus compter sur l'aide des Etats-Unis et de leurs bases en Irak. Ils ont définitivement exclu de leurs options militaires la collaboration de la Turquie avec laquelle les relations se sont dégradées au point que les demandes d'armement d'Ankara sont à présent rejetées. Erdogan avait réclamé des systèmes de missiles israéliens, des roquettes antichars «Spike», des missiles «Barak-8» pour la marine et des blindés «Namer» pour le transport de troupes. Israël a seulement accepté d'honorer la commande antérieure de drones dont l'annulation avait été un temps envisagée par l'Etat juif.
La carte du Caucase
Lieberman a réussi à aider discrètement son pays à remplacer la Turquie, le seul allié musulman. Des entreprises israéliennes équipent l'armée géorgienne par le biais de ventes d'armement sophistiqué, d'entrainement des fantassins et d'expertises sur les méthodes de sécurité. Les rapports sont facilités par le ministre de la défense géorgien, Davit Kezerashvili, ancien immigré israélien parlant couramment l'hébreu et par les nombreux hommes d'affaires géorgiens installés en Israël. La présence israélienne est ainsi officielle à quelques encablures de l'Iran.
Par ailleurs, la visite du ministre israélien des Affaires étrangères en Azerbaïdjan, le 9 février, entrait dans cette stratégie de conquête d'espace puisque ce pays a des frontières communes avec l'Iran. La République d'Azerbaïdjan, à majorité musulmane mais sous influence occidentale, est inquiète du rôle joué par son voisin iranien et a donc signé en urgence avec l'Etat d'Israël, depuis septembre 2008, des contrats d'armement de plusieurs centaines de millions de dollars. Le président de l'Azerbaïdjan, Ilham Aliyev, a justifié le renforcement de ses liens avec Israël par sa volonté de se prémunir contre «la menace iranienne». Son pays est un exemple de tolérance pour une communauté juive prospère et en sécurité. Certains experts affirment que, sous couvert d'assistance technique, Israël aurait un pied et un œil sur la frontière avec l'Iran. Aliyev pourrait permettre à l'aviation israélienne de se ravitailler à son retour d'une action de frappe contre les installations nucléaires iraniennes. L'utilisation du Caucase entrerait ainsi dans la nouvelle stratégie israélienne.
Le fossé se creuse avec Washington
Cette nouvelle donne explique ainsi la patience d'Israël qui est convaincu qu'il doit, dans l'intérêt de sa sécurité, se défaire de la mainmise américaine. Netanyahou a choisi l'anniversaire des 150 ans de Théodore Herzl pour rappeler le 18 avril les paroles du visionnaire qui avait conseillé: «qu'il ne fallait pas compter sur l'aide des étrangers ni sur la générosité des donateurs et qu'il ne fallait pas non plus espérer voir les pierres se ramollir». Ce message semblait destiné aux américains qui excluent ouvertement une action militaire contre le programme nucléaire iranien alors que les israéliens croient de moins en moins à l'efficacité de négociations et de sanctions de l'ONU pour empêcher Ahmadinejad de développer ses armes atomiques et de menacer leur survie.
Michelle Flournoy, sous-secrétaire à la défense, a estimé le 21 avril que «la force militaire est une option de dernier recours. Elle n'est pas sur la table pour le moment». Et simultanément, Sergueï Kirienko, président de l'Agence fédérale russe de l'énergie atomique, a annoncé que le réacteur nucléaire de Bouchehr construit par la Russie devait fonctionner à compter du mois d'Août 2010.
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Lassés des tergiversations américaines sur le problème iranien, les israéliens songent de plus en plus à se désolidariser de la doctrine Obama sur le Moyen-Orient. Benjamin Netanyahou a rejeté, jeudi 22 avril, les demandes de Barack Obama de geler la construction à Jérusalem. Il montre d'une part qu'il ne se pliera plus aux injonctions américaines mais que d'autre part, le problème palestinien devient secondaire à ses yeux face au programme nucléaire iranien. Il considère que les Etats-Unis lambinent pour gagner du temps qui sert à l'Iran pour se doter d'armes de destruction. Le gouvernement communique peu pour ne pas être accusé de propos bellicistes tandis que l'Etat-major évite toute déclaration intempestive. Ce silence semble cependant plus inquiétant que les habituelles mises en garde des militaires israéliens chargés souvent de hausser le ton pour impressionner l'adversaire.
Sécurisation à outrance
Plusieurs faits démontrent que Tsahal poursuit ses programmes de sécurisation et prend au sérieux les provocations iraniennes. Il détient seul la responsabilité de la survie de la population. Les autorités israéliennes distribuent actuellement, à sept millions d'habitants, des équipements de protection individuelle, un masque à gaz et un paquet d'antidotes, contre les armes chimiques et bactériologiques. Sans chercher à alarmer sa population, le gouvernement envisage toutes les éventualités et qualifie cette mesure de «technique» sans aucune allusion à une éventuelle guerre.
La police a effectué, sans préavis le 15 avril, des manœuvres civiles d'envergure en grandeur nature dans plusieurs villes. Tel-Aviv s'est trouvée paralysée durant plusieurs heures pour permettre de tester la réaction en temps réel des services d'urgence et de sauvetage de l'Etat. Enfin, les sirènes d'alerte sont testées périodiquement. Ce type d'exercice n'avait pas eu lieu depuis la Guerre des Six Jours.
Ces gesticulations pourraient être assimilées à des actions d'intoxication à destination de l'opinion arabe et occidentale mais les militaires estiment que le principe de précaution n'est pas un luxe. Les officiers parlent ouvertement des nombreux exercices effectués par les troupes qui ont été remises à niveau depuis la guerre du Liban de l'été 2006 mais chuchotent quand il s'agit de préciser que les réservistes spécialistes en high-tech sont à présent, plus souvent que d'ordinaire, conviés à mettre à jour leurs connaissances liées à la technologie des radars et des missiles anti radars.
La Turquie hors-jeu
Avigdor Lieberman, le ministre des Affaires étrangères persona non grata en occident, est très actif et agit avec une grande discrétion dans les anciens pays de l'URSS dont il est originaire pour compenser la défaillance des alliés historiques d'Israël à commencer par la Turquie. Il est le seul à n'avoir pas été surpris par la volte-face d'Ankara qu'il voyait se profiler de longue date. Tayyip Erdogan avait levé le voile sur son changement de stratégie dès 2004 en qualifiant Israël «d'Etat terroriste» quand il avait éliminé le Cheikh Yassine. Il avait invité à Ankara en février 2006 le chef du Hamas Khaled Mashaal avec les honneurs réservés aux personnalités et enfin avait traité Shimon Pérès «d'expert en assassinat» à la conférence de Davos de janvier 2009. Or la Turquie, qui mettait à la disposition d'Israël ses bases aériennes d'entrainement et son espace aérien, entrait dans le dispositif stratégique militaire, indispensable pour une attaque contre l'Iran. Lieberman a donc agi dans l'ombre pour compenser cette alliance en se tournant vers plusieurs pays du Caucase dont la Géorgie, l'Arménie et l'Azerbaïdjan.
Les dirigeants israéliens ont définitivement intégré l'idée qu'ils devront agir seuls pour diminuer le danger mortel du programme nucléaire d'Ahmadinejad. Ils s'organisent comme s'ils ne devaient plus compter sur l'aide des Etats-Unis et de leurs bases en Irak. Ils ont définitivement exclu de leurs options militaires la collaboration de la Turquie avec laquelle les relations se sont dégradées au point que les demandes d'armement d'Ankara sont à présent rejetées. Erdogan avait réclamé des systèmes de missiles israéliens, des roquettes antichars «Spike», des missiles «Barak-8» pour la marine et des blindés «Namer» pour le transport de troupes. Israël a seulement accepté d'honorer la commande antérieure de drones dont l'annulation avait été un temps envisagée par l'Etat juif.
La carte du Caucase
Lieberman a réussi à aider discrètement son pays à remplacer la Turquie, le seul allié musulman. Des entreprises israéliennes équipent l'armée géorgienne par le biais de ventes d'armement sophistiqué, d'entrainement des fantassins et d'expertises sur les méthodes de sécurité. Les rapports sont facilités par le ministre de la défense géorgien, Davit Kezerashvili, ancien immigré israélien parlant couramment l'hébreu et par les nombreux hommes d'affaires géorgiens installés en Israël. La présence israélienne est ainsi officielle à quelques encablures de l'Iran.
Par ailleurs, la visite du ministre israélien des Affaires étrangères en Azerbaïdjan, le 9 février, entrait dans cette stratégie de conquête d'espace puisque ce pays a des frontières communes avec l'Iran. La République d'Azerbaïdjan, à majorité musulmane mais sous influence occidentale, est inquiète du rôle joué par son voisin iranien et a donc signé en urgence avec l'Etat d'Israël, depuis septembre 2008, des contrats d'armement de plusieurs centaines de millions de dollars. Le président de l'Azerbaïdjan, Ilham Aliyev, a justifié le renforcement de ses liens avec Israël par sa volonté de se prémunir contre «la menace iranienne». Son pays est un exemple de tolérance pour une communauté juive prospère et en sécurité. Certains experts affirment que, sous couvert d'assistance technique, Israël aurait un pied et un œil sur la frontière avec l'Iran. Aliyev pourrait permettre à l'aviation israélienne de se ravitailler à son retour d'une action de frappe contre les installations nucléaires iraniennes. L'utilisation du Caucase entrerait ainsi dans la nouvelle stratégie israélienne.
Le fossé se creuse avec Washington
Cette nouvelle donne explique ainsi la patience d'Israël qui est convaincu qu'il doit, dans l'intérêt de sa sécurité, se défaire de la mainmise américaine. Netanyahou a choisi l'anniversaire des 150 ans de Théodore Herzl pour rappeler le 18 avril les paroles du visionnaire qui avait conseillé: «qu'il ne fallait pas compter sur l'aide des étrangers ni sur la générosité des donateurs et qu'il ne fallait pas non plus espérer voir les pierres se ramollir». Ce message semblait destiné aux américains qui excluent ouvertement une action militaire contre le programme nucléaire iranien alors que les israéliens croient de moins en moins à l'efficacité de négociations et de sanctions de l'ONU pour empêcher Ahmadinejad de développer ses armes atomiques et de menacer leur survie.
Michelle Flournoy, sous-secrétaire à la défense, a estimé le 21 avril que «la force militaire est une option de dernier recours. Elle n'est pas sur la table pour le moment». Et simultanément, Sergueï Kirienko, président de l'Agence fédérale russe de l'énergie atomique, a annoncé que le réacteur nucléaire de Bouchehr construit par la Russie devait fonctionner à compter du mois d'Août 2010.
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