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Il le dit lui-même, amusé: «J'avais le physique.» Cheveux d'encre, regard étincelant, un air de calife du bitume, Christophe a découvert l'islam par une tranquille matinée de 2001. Le jeune homme se balade avec son meilleur copain musulman dans les rues de Grigny (Essonne). La flânerie les mène devant un petit pavillon. A l'intérieur, une salle de prière. «Tu veux entrer?» Christophe, 19 ans, catholique, croit en Dieu. Il a aussi des questions existentielles plein la tête. «OK, je le fais. Si ça ne me plaît pas, je laisse tomber.» L'œil rivé sur son ami, il se livre aux ablutions, se prosterne et implore le Dieu du Prophète. A la sortie, le garçon est perplexe. Il vient d'accomplir le rituel le plus important aux yeux des musulmans - poser son front par terre. Ce n'est pas un hasard. Quelques jours plus tard, Christophe tombe sur une émission consacrée à l'islam. Puis un vieil homme l'interpelle en pleine rue: «Inch'Allah! A demain, à la mosquée.» Cette fois, il en est sûr: Dieu lui a montré le chemin.
Qu'y a-t-il de commun entre cet étudiant aide-soignant de Grigny, le rappeur marseillais Akhenaton, le footballeur Franck Ribéry, le chorégraphe Maurice Béjart ou encore Clément, le petit-fils de l'ancien premier secrétaire du Parti communiste Maurice Thorez? Tous ont choisi d'embrasser la foi d'Allah. Ils seraient plus de 60 000 Français convertis à l'islam, confirmant la tendance observée dans de nombreux pays européens ces dernières années. Au ministère de l'Intérieur, un spécialiste évoque même «une dizaine de conversions par jour». Des estimations, puisque, contrairement au christianisme, et plus encore au judaïsme, l'entrée dans l'islam ne nécessite aucune préparation spirituelle. Le postulant n'a qu'à prononcer la formule consacrée, la shahada: «Il n'y a de Dieu que Dieu, et Mohammed est son prophète.»
Ingénieurs, universitaires, chefs d'entreprise, profs de gym, instits, étudiants, chômeurs, intégristes ou pratiquants éclairés... ces nouveau-nés à la communauté musulmane forment une famille bigarrée. Il y a les convertis de la première génération, artistes ou diplômés cinq étoiles, qui privilégient la voie soufie, mystique et apolitique, dans le sillage du philosophe de la première moitié du XXe siècle René Guénon. Les militants de la chapelle altermondialiste qui s'enrôlent par solidarité avec les fidèles de l'islam, à leurs yeux maltraités, surtout depuis le 11 septembre 2001. Il y a surtout les jeunes des cités, où les musulmans ont posé leurs bagages depuis les années 1970. Ce sont eux qui forment désormais l'essentiel des recrues. Des «opportunistes», qui se tournent vers l'islam pour épouser leur copain (ou copine) musulman(e), la religion du Prophète interdisant aux femmes de s'unir à un homme d'une autre confession. Des croyants qui ne demandent qu'à vivre leur foi en bonne intelligence avec la société française. Mais aussi des jusqu'au-boutistes, tombés sous le charme de prédicateurs zélés du Tabligh, qui sillonnent les quartiers déglingués de l'Hexagone. Ces fondamentalistes ciblent en priorité les musulmans d'origine, non sans jeter parfois leurs filets chez les Français de souche. Les salafistes, moins organisés mais aux visées plus politiques, œuvrent au coup par coup. Une vingtaine de convertis seulement ont été impliqués dans des procédures judiciaires pour terrorisme ces dix dernières années, le virage vers l'action violente se négociant souvent à l'étranger, notamment à Londres et à Leicester. Toutefois, d'après les Renseignements généraux, 1 610 convertis graviteraient autour de l'islam radical les suite liens
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