Les jeunes Sahraouis ne pensent qu’au Barça
Dans un camp de réfugiés, l’équipe barcelonaise domine toutes les conversations, reléguant au second plan les questions politiques et les difficultés quotidiennes.
Abdallah a 19 ans et connaît par cœur chaque pierre du campement de Dakhla. Malgré la nuit et l’absence de lampe de poche, il avance sans trébucher. Il ne parle ni de politique ni de femmes ni même de son avenir, si tant est que les réfugiés sahraouis puissent en avoir un. Il parle du présent, du football, du Barça, de la rivalité avec Madrid, du talent de Lionel Messi [milieu offensif argentin de l’équipe et Ballon d’or 2009] et de celui de Karim Benzema [attaquant français du Real Madrid], qu’il aimerait voir signer pour son équipe, entraînée par Josep Guardiola. Karim Benzema est d’origine algérienne et les Algériens sont leurs amis. Ce sont eux qui leur ont donné des terres après l’exode de 160 000 personnes [à partir de 1975], à la suite de l’occupation marocaine du Sahara-Occidental.
“Quand le Barça joue, tout s’arrête, explique Abdallah. Vous n’avez qu’à regarder les enfants. Regardez leurs tee-shirts !” Il suffit en effet que le jour se lève sur le campement de Dakhla, le plus proche de la frontière avec la Mauritanie, pour voir apparaître des dizaines et des dizaines d’enfants arborant fièrement le célèbre maillot blaugrana, bleu et rouge. Ce sont de petits Sahraouis qui apprennent l’espagnol à l’école. Ils ont évidemment choisi pour uniforme le maillot floqué du numéro 10 de Lionel Messi ou le 8 d’Andrés Iniesta. Pieds nus, ils se disputent un ballon, vieux et déchiré, tous vêtus du maillot officiel de la saison.
Abdallah raconte que certains travaillent en Espagne. Ils ont la chance d’être les enfants de Sahraouis ayant conservé la nationalité espagnole qu’avaient leurs parents pendant la période coloniale – le retrait espagnol s’est effectué en 1976 et a été suivi d’une occupation partagée initialement entre le Maroc et la Mauritanie. Ils reviennent dans les camps avec les valises pleines non pas de souvenirs, mais de maillots du Barça. “J’ai réalisé le rêve de ma vie le jour où j’ai pu aller à un entraînement de l’équipe. C’était l’été dernier et j’ai même obtenu un autographe de Valdés”, raconte Moha, un garçon de 16 ans. Tous les étés, il passe deux mois dans une famille barcelonaise de Sant Andreu, grâce au programme d’accueil d’enfants sahraouis.
Moha vit dans le camp de réfugiés de Tsmara, près de Tindouf, une ville algérienne située à moins d’une heure de voiture. Dans le marché animé de Tindouf, on peut acheter davantage de maillots, et notamment quelques imitations qui donnent le change. La nuit tombe sur Tsmara. A l’entrée d’une boutique de photographie, un téléviseur est posé. On se presse bruyamment autour de l’appareil. Ce soir, le Barça se rend à Stuttgart pour disputer un match de Ligue des champions. La télévision algérienne diffuse tous les matchs en direct. Gratuitement, bien sûr. Tout pour le Barça !
Sergi López-Egea ( Courier international)
Dans un camp de réfugiés, l’équipe barcelonaise domine toutes les conversations, reléguant au second plan les questions politiques et les difficultés quotidiennes.
Abdallah a 19 ans et connaît par cœur chaque pierre du campement de Dakhla. Malgré la nuit et l’absence de lampe de poche, il avance sans trébucher. Il ne parle ni de politique ni de femmes ni même de son avenir, si tant est que les réfugiés sahraouis puissent en avoir un. Il parle du présent, du football, du Barça, de la rivalité avec Madrid, du talent de Lionel Messi [milieu offensif argentin de l’équipe et Ballon d’or 2009] et de celui de Karim Benzema [attaquant français du Real Madrid], qu’il aimerait voir signer pour son équipe, entraînée par Josep Guardiola. Karim Benzema est d’origine algérienne et les Algériens sont leurs amis. Ce sont eux qui leur ont donné des terres après l’exode de 160 000 personnes [à partir de 1975], à la suite de l’occupation marocaine du Sahara-Occidental.
“Quand le Barça joue, tout s’arrête, explique Abdallah. Vous n’avez qu’à regarder les enfants. Regardez leurs tee-shirts !” Il suffit en effet que le jour se lève sur le campement de Dakhla, le plus proche de la frontière avec la Mauritanie, pour voir apparaître des dizaines et des dizaines d’enfants arborant fièrement le célèbre maillot blaugrana, bleu et rouge. Ce sont de petits Sahraouis qui apprennent l’espagnol à l’école. Ils ont évidemment choisi pour uniforme le maillot floqué du numéro 10 de Lionel Messi ou le 8 d’Andrés Iniesta. Pieds nus, ils se disputent un ballon, vieux et déchiré, tous vêtus du maillot officiel de la saison.
Abdallah raconte que certains travaillent en Espagne. Ils ont la chance d’être les enfants de Sahraouis ayant conservé la nationalité espagnole qu’avaient leurs parents pendant la période coloniale – le retrait espagnol s’est effectué en 1976 et a été suivi d’une occupation partagée initialement entre le Maroc et la Mauritanie. Ils reviennent dans les camps avec les valises pleines non pas de souvenirs, mais de maillots du Barça. “J’ai réalisé le rêve de ma vie le jour où j’ai pu aller à un entraînement de l’équipe. C’était l’été dernier et j’ai même obtenu un autographe de Valdés”, raconte Moha, un garçon de 16 ans. Tous les étés, il passe deux mois dans une famille barcelonaise de Sant Andreu, grâce au programme d’accueil d’enfants sahraouis.
Moha vit dans le camp de réfugiés de Tsmara, près de Tindouf, une ville algérienne située à moins d’une heure de voiture. Dans le marché animé de Tindouf, on peut acheter davantage de maillots, et notamment quelques imitations qui donnent le change. La nuit tombe sur Tsmara. A l’entrée d’une boutique de photographie, un téléviseur est posé. On se presse bruyamment autour de l’appareil. Ce soir, le Barça se rend à Stuttgart pour disputer un match de Ligue des champions. La télévision algérienne diffuse tous les matchs en direct. Gratuitement, bien sûr. Tout pour le Barça !
Sergi López-Egea ( Courier international)
Commentaire