Le Maghreb United applaudit par les pieds
par Kamel Daoud
par Kamel Daoud

Pour la fable, c'est du Soudan et de la rencontre Algérie/Egypte et de la crise de fascisme arabo-centriste des Egyptiens. Cet ex-pays frère a même réussi ce que le Nassérisme n'a fait que rêver: réunir des pays par leurs peuples et pas par leurs pouvoirs et colonels putschistes ou rois piteux. C'est dire que tout se joue avec des peuples et des images et pas avec des Etats et des discours. La chaîne Nessma TV a réussi ce que n'ont pas réussi les chefs d'Etat et la haine des médias égyptiens soude le Maghreb avec moins de ridicule que les télégrammes de félicitations pour quelques vagues anniversaires officiels. Qu'est-ce que donc ce Maghreb United ? Pas encore une géographie mais déjà un début d'histoire. Une sorte de ferveur populaire, d'ovations de plus en plus cycliques et de retrouvailles par dessous les lignes Morrice politiques.
Tout ce qu'il faut aujourd'hui pour que se lève le jour, c'est de ne pas polluer ces rencontres avec sa crasse politique, les quelques jalousies obliques et des rappels de guerres de sables. «Nous, enfants d'octobre, nous n'avons que deux projets comme horizon vital: la démocratie et le Maghreb», dira un collègue au chroniqueur. Est-ce un rêve que de rêver avec les pieds de nos joueurs de foot d'un Maghreb uni autrement qu'avec de la salive ? Oui, mais c'est déjà un rêve pour nous qui n'en avions plus. Se lever le matin à Tanger pour déjeuner à Alger et dormir à Djerba sans faire un grand détour par Madrid ou Paris, ni s'user le ventre à ramper sous les miradors, ou s'user les yeux à lire des journaux qui se mordent les mollets comme une meute.
Comme à l'époque où Messali n'avait même encore sa barbe, un Maghreb est en train de naître dans les ovations des cafés maures et c'est là où commencent chez nous les drapeaux.
Le Quotidien d'Oran
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