Roy Chaderton Matos Cet article sera particulièrement intéressant pour qui suit la situation politique du Venezuela et l´importante influence de la Révolution Bolivarienne en Amérique Latine. Il s´agit d´un article réaliste, sans concessions et une parfaite synthèse de la situation actuelle et de ce que peut réserver l´avenir.

Réflexion condensée au sujet de l´ordre présidentielle des Trois R “RRR” (1), à un an des prochaines élections nationales.
Nous pourrions perdre si nous ne révisons, rectifions et réimpulsons radicalement. Fidel a dit une fois que le Président Chavez ne pouvait être le Maire de tous les villages du Venezuela. Il ne peut pas non plus savoir tout ce qui se passe ni assurer le suivi de toutes ses instructions. Ainsi le comprennent les fonctionnaires d´état et militants de la Révolution qui s´occupent correctement de leurs parcelles bureaucratiques, du parti ou du social pour mieux servir la cause du socialisme et de la démocratie. Nous avons des dirigeants bien préparés et engagés avec la Révolution qui honorent leur engagement avec le Peuple, avec la solidarité de l´accompagner vers un futur de justice sociale, de démocratie et de paix; mais d’autres, incrustés dans le Processus Bolivarien jouissent des miels du pouvoir, sous-estimant les travailleurs ou abandonnant leurs compatriotes humbles et dans leur autisme révolutionnaire n´écoutent pas la voix de la rue. Pour cela, par exemple, nous voyons encore des files de personnes âgées (2) obligées de tomber dans les serres d´un intermédiaire ou de se présenter á l´aube pour obtenir un numéro.
(1) Les trois R, Réviser-Rectifier-Réimpulser, est le mot d´ordre donné par le Président Chavez à ses sympathisants à la suite du référendum en 2007 ou pour peu de votes son parti n´a pas obtenu la réforme constitutionnelle proposée.
(2) “Les files de personnes âgées” se réfère à ce que doivent faire les retraités pour encaisser leurs pensions.
Alors, obligés d´affronter un sérieux problème de cadres et valeurs éthiques, lorsque nous détectons un fonctionnaire á la fois compétent et honnête, nous nous accoutumons à l´utiliser simultanément au Gouvernement et au sein du PSUV (3) avec le risque de “bruler toutes nos chandelles”, jusqu´à découvrir qu´un bon activiste ne fait pas nécessairement un bon administrateur ni vice-versa, et qu´il ne faut pas confondre camaraderie avec compagnonnage.
(3) Le PSUV est le Parti Socialiste Uni du Venezuela, parti qui regroupe les militants de la Révolution Bolivarienne impulsée par le Président Chavez.
Je fais parti de rares hauts fonctionnaires de la Vème République formés de la base jusqu´aux plus hautes fonctions au sein de la IVème République. A 18 ans, comme dirigeant des jeunesses du parti démocrate chrétien, avec d´autres ingénus je me suis dirigé á nos dirigeants ainés pour dénoncer des signes de corruption parmi des fonctionnaires démocrates chrétiens. Avec condescendance ils nous répondirent que “le futur nous appartiendrait, que nous étions un exemple du témoignage chrétien, mais que nous laissions les choses telles que car nous pourrions porter préjudice au Parti...”. Cela fut mon début avec la Realpolitik et depuis, durant ma prolongée militance politique, j´ai assisté á la progressive décomposition de notre démocratie représentative. Pour cela, aujourd´hui je prie le Seigneur que notre démocratie participative ne souffre pas aussi la métastase de la solidarité automatique ou la faiblesse qui puissent nous convertir au bout du compte en pires ennemis de notre propre cause.
Egalement, jeune d´une vingtaine d´années, durant mes débuts comme diplomatique en Europe Orientale, j´ai eu l´opportunité éducatrice d´être témoin de la déviation d´un processus socialiste vers un système de parti unique, taché d´injustice sociale, pauvreté, culte á la personnalité, violation des droits humains et corruption.
Au contraire, le premier grand succès de la Révolution Bolivarienne a été la dignification des exclus, avec des normes constitutionnelles qui blindent la valeur de la dignité de la personne humaine et consacrent le bien commun. Ainsi, après dix ans de révolution, parmi d´innombrables succès, notre Peuple est aujourd´hui plus cultivé, est plus alerte et s´exprime mieux qu´avant Chavez parce qu´il est mieux éduqué et aussi grâce á un intense débat politique qui l´a emmené á descendre dans la rue pour défendre ses droits; sans matraques, machettes ni fusils ; brandissant seulement un magique petit livre bleu (4).
(4) Le petit livre bleu est la Nouvelle Constitution vénézuélienne, proposée par référendum par Chavez et adoptée par majorité absolue.
Ce n’est pas rien, comme dirait Cristina Kirchner, mais l’exaltation des droits des citoyens et les grandes conquêtes sociales et politiques ne sont pas une source illimitée garantissant l’appui populaire ou les votes, et le prestige du Président n´est pas nécessairement endossable pour les Partis qui l’appuient. Le Peuple s´accoutume rapidement des bonnes choses: démocratie participative, Barrio Adentro (5), éducation pour tous, Mercal et autres Missions, conseils communaux, liberté d´expression extrême, médias alternatifs, Télésur, explosion culturelle, chemins de fer, barrages, autoroutes, croissance agroindustrielle et pétrochimie, hôpitaux, systèmes de Métro, diversification de partenaires internationaux, satellites, sécurité sociale, protection de l´enfance et des personnes âgées, téléphériques, tourisme populaire, grands stades, triomphes sportifs, politique énergétique souveraine, diplomatie audace, mondiale et avec succès, etc., mais déjà des millions de bénéficiaires ont oublié ou ignorent que les nouvelles conquêtes populaires étaient il y a dix ans seulement un rêve pour les exclus. Aujourd´hui elles sont un droit acquis et le Peuple, à juste raison, exige plus et mieux ; pour ce motif il punit aux urnes électorales les principales erreurs, la négligence et la corruption.

La solidarité et la participation vont bon train, mais les valeurs éthiques et civiques clament pour être renforcé. Serait-ce une chimère un Venezuela sans gâchis de consommation ni pots de vin, avec une opposition patriotique, sans délinquance débordée ni hommes d´affaires parasites et spéculateurs; avec une liberté de presse et d´information honnête, sans diffamation, avec des flatteurs obséquieux contrôlés ; sans nids de poules ni bouches dégouts obstrués, avec une hiérarchie ecclésiastique main dans la main avec les pauvres, avec des chantiers bien terminés, avec un capital humanisé et sous bonne garde, sans casinos ni placements bancaires d´état frauduleux, ou les autobus n´embarquent pas leurs passagers á tous les coins de rues, ou le public utilise les passages piétonniers et ne jette pas ses poubelles n´importe où; sans entrepreneurs ou intermédiaires civils ou militaires qui simplifient les démarches ou “solutionnent” et répartissent, etc. “Petits détails ”, entre beaucoup d´autres, que tous les vénézuéliens nous nous devons d´assurer pour vivre chaque jour plus libres et mieux en révolution.
Les super militants bon à rien et corrompus camouflés de rouge (6), pour obtenir des bénéfices de notre Processus, sont effrayants. Sectaires et sélectifs, ils font fuir beaucoup de vénézuéliens indécis et même compromis. Ils effrayent les néo bourgeois bureaucrates amoureux de leur propre importance, qui ne reçoivent pas ni ne répondent à ceux qu´ils ont le devoir de servir, pendant qu´avec des gestes flatteurs ils cherchent à obtenir un petit regard d´assentiment des hauteurs du pouvoir; comme ceux qui ont inventé la “révolutionnaire” idée qu´il n´y aurait pas de station de Métro à Las Mercedes de Caracas (7), ignorant que si les riches n´arrivent pas aux restaurants de luxe en transport public, certainement très déficient, sinon avec leurs propres voitures mais que cette station de métro serait idéale pour les employés de la zone et pour les patients du centre médical gratuit “Salvador Allende”. En plus, et pour comble, il faut supporter quelques profiteurs internationaux qui se filtrent parmi les milliers de camarades généreux et compagnons qui nous appuient de part le monde. Nos compatriotes cubains ont déjà souffert cette expérience avec le dénommé “tourisme de gauche et de solidarité”.
(6) Rouge est la couleur de la Révolution Bolivarienne.
(7) Las Mercedes est un quartier chic de Caracas.
En certaines occasions il semble que nous ayons une carence de supervision sociale et une abondance de cancaniers et cafardeurs. Il est effrayant de voir comment parfois nous nous embourbons dans des intrigues chavistes, jusqu´à l´extrême “qu´entre sapeurs-pompiers les lances incendies ne se foulent pas du pied”. Ainsi, les successifs changements d´autorités officielles entrainent des “massacres” de leurs collaborateurs; absurdité qui fit écrire á l’un des personnages les plus respectés de notre Processus: “Il semble que Rosales (8) aurait gagné !”. Dans ce micro climat fertile aux valeurs de l´extrême droite néolibérale peut éclore l´impossible historique d´un chavisme sans Chavez; mais jamais d’un chavisme sans argent.
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