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Extension des drones de combat US au Pakistan

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    l y a deux semaines, au Pakistan, des tireurs d’élite de la CIA ont tué 8 personnes soupçonnées d’être des talibans et des militants d’Al-Qaida. Ils en ont blessé deux autres sur un site qui aurait servi à l’entraînement de terroristes.Puis, une fois le travail accompli au Waziristan, les agents ont pu rentrer chez eux, en quittant le quartier général de la CIA, à Langley, dans la banlieue de Washington. Leur seul risque était de se retrouver pris dans les embouteillages qui engorgent la région.

    C’est la dernière opération en date menée par la CIA dans le cadre d’un programme clandestin d’élimination des membres d’Al-Qaida, des talibans et de leurs alliés, à l’aide de missiles Hellfire tirés par des drones de combat Predator, lesquels sont téléguidés depuis des bureaux situés à l’autre bout de la planète.

    La Maison-Blanche a autorisé la CIA à développer son programme et à déployer davantage de drones armés dans les Zones tribales, au Pakistan, tout décidant d’envoyer 30 000 soldats supplémentaires en Afghanistan.

    Les autorités américaines négocient avec leurs homologues pakistanais quant à la possibilité de procéder pour la première fois à des frappes au Baloutchistan. Une intervention qui pourrait susciter la controverse, car elle concerne une région située hors des Zones tribales. Les drones sont sans doute l’un des secrets les moins bien gardés du Pentagone. Toutefois, dans le milieu de la lutte antiterroriste, on se félicite discrètement du succès retentissant de leur utilisation. Reste qu’en dépit d’une coopération étroite avec les services de renseignements pakistanais, le programme suscite la colère de l’opinion publique au Pakistan.

    L’ire de la population pakistanaise est liée essentiellement à des articles fragmentaires parus dans la presse. Ceux-ci parlent de plusieurs centaines de victimes civiles. Des chiffres très éloignés de la réalité, estime un responsable du gouvernement qui a accepté de s’exprimer sous couvert d’anonymat. En moins de deux ans, “plus de 400” combattants ennemis ont été tués par le tir d’environ 80 missiles à partir de drones, affirme-t-il. En revanche, les dommages collatéraux sont, selon lui, nettement moins importants. “Les pertes civiles dépassent à peine la vingtaine de morts. Il s’agit de personnes qui, soit se trouvaient aux côtés de terroristes de haut rang, soit étaient présentes dans les installations utilisées par les terroristes.” Tom Parker, chargé des questions de lutte antiterroriste à Amnesty International, considère cette estimation “peu probable”, et rappelle que les pertes civiles lors de guerres précédentes se sont toujours avérées sous-évaluées.

    Mais le programme des drones bénéficie du soutien des deux grands partis au Congrès et a déjà été renforcé par le gouvernement Obama en janvier. Il y a eu plus d’attaques de drones sous la présidence d’Obama que sous celle de George W. Bush. Le programme fait l’objet d’un consensus au sein de la classe politique, pour son côté antiseptique, high-tech et secret, ce qui fait oublier son caractère radical. Pour la première fois dans l’Histoire, un service de renseignement civil utilise des robots pour mener à bien une mission militaire et tuer des gens dans un pays où, officiellement, les Etats-Unis ne sont pas en guerre.

    La CIA fait figure de pionnière de la guerre des drones au Pakistan, tout comme l’armée de l’air américaine en Irak et en Afghanistan. Cela devrait amener la communauté internationale à se poser des questions d’ordre légal, moral et politique, estime le spécialiste P. W. Singer, expert à la Brookings Institution.

    Sur les 44 pays qui disposent d’avions sans pilote, seuls les Etats-Unis et Israël s’en sont servis pour des frappes, mais ce nombre devrait augmenter.

    Par Scott Shane, NYT, Courrier International
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