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Hamid Karzaï reste roi en Afghanistan

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  • Hamid Karzaï reste roi en Afghanistan

    C’est le grand bal des perdants. Avec un président affaibli par une interminable mascarade électorale, des alliés occidentaux qui l’accablent mais n’ont d’autre solution que de lui donner une nouvelle légitimité, une présidence américaine incapable de se décider rapidement sur la stratégie militaire à suivre. Avec aussi, dans la coulisse, les talibans qui, eux, comptent tous les faux pas. Affaibli, Hamid Karzaï l’est à l’évidence : à cause de la fraude massive à la présidentielle du 20 août. A cause aussi de la faible participation, de l’ordre de 30%. Au bout du compte, il n’aura été choisi que par 13 ou 14% des électeurs. S’ajoutent les sévères admonestations de la Maison Blanche à son encontre. Mais est-il autant amoindri qu’il le paraît ?

    «Un homme brisé». Deux hypothèses s’opposent. L’une le décrit comme un homme qui a mordu la poussière et devra composer pour garder le pouvoir. L’autre souligne, au contraire, qu’il a résisté aux pressions américaines, refusé de former un gouvernement de coalition avec son principal adversaire, Abdullah Abdullah - une solution qui a la préférence de Washington -, et qu’il pourrait dès lors encore donner du fil à retordre à ses alliés occidentaux. «Je ne vois pas où est la victoire de Karzaï», insiste Homayoun Chah Assefy, cousin du défunt roi Zaher, qui était le numéro 2 sur le «ticket» présidentiel d’Abdullah Abdullah. «Même sa réélection est illégale : selon la Constitution, la Commission électorale n’avait aucune légitimité pour valider son élection, seule la Cour suprême le pouvait.»«A présent, Karzaï est un homme brisé. Les Etats-Unis et leurs alliés ont voulu le punir, la campagne contre lui a d’ailleurs été orchestrée là-bas comme le montrent bien toutes ses révélations publiées dans le New York Times [qui a récemment présenté son frère, Ahmed Wali, comme un trafiquant de drogue et un agent de la CIA, ndlr]. Mais en même temps, les Occidentaux le voulaient comme président. Ils lui ont donc tout reproché afin de l’affaiblir et lui imposer leurs conditions», ajoute-t-il. D’où cette analyse : «Il va être contraint de changer, d’ouvrir son cabinet, de se débarrasser des seigneurs de guerre [qui ont tous soutenu sa candidature] et de sa clientèle la plus corrompue. La communauté internationale veut ce changement et il n’y a aucune raison qu’il ne s’y plie pas. Sinon, je ne le vois pas terminer son mandat.»

    Potentats locaux. Une autre analyse est possible. Celle qui voit Karkaï continuer d’ignorer les injonctions de Washington de changer de cap, de mettre fin à sa gestion de chef tribal, avec la corruption et le népotisme qui vont de pair. Car, même humilié, il reste au centre du jeu afghan. Et celui-ci ne se déroule jamais comment les chancelleries occidentales l’imaginent. D’abord, dans un pays soumis à la guerre depuis trente ans et où la démocratie balbutie, les élections ne sont pas si importantes - elles le sont davantage pour les Occidentaux qui en ont besoin pour justifier leur présence militaire. De plus, dans le contexte afghan, où les renversements d’alliance sont permanents, nombre de potentats locaux, de leaders tribaux, de chefs petits et grands vont chercher à se rapprocher «On a touché le fond. Il faut qu’on remonte. Pendant trois mois, je vais me taire», indique justement Homayoun Assefy, l’allié d’Abdullah. Ce dernier va donc peiner pour réunir une coalition d’opposants. Dans cette hypothèse, ce sera à Washington et ses alliés de prendre le chemin de Damas et de tendre la main à Karzaï. Une route difficile : les relations entre les présidents afghan et américain sont si mauvaises qu’ils ne se parlent pas au téléphone. «Fin août, lorsque Richard Holbrooke [l’émissaire américain pour l’Afghanistan et le Pakistan] est venu à Kaboul, Karzaï l’a fait attendre quatre jours avant de le recevoir. Il l’a convoqué un soir alors que celui-ci présidait un dîner dans une ambassade», raconte Shahir Zahine, directeur du réseau de radios Kilid. Dès lors, c’est plutôt Obama qui fera le premier pas, selon lui. Il estime déjà que les deux présidents se sont «réconciliés».

    source : Liberation
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