Jean-François Debargue a décidé ainsi d'interpeller le gouvernement français sur le Sahara occidental.
Agé de 53 ans, Jean-François Debargue est installé dans les camps de réfugiés sahraouis près de Tindouf dans le sud-ouest algérien où des milliers de personnes transitent depuis 35 ans depuis 2007. Il travaille pour l'ONG française Comité catholique contre la faim et le développement qui lui a demandé instamment de mettre fin à son action.
La Délégation catholique pour la coopération (DCC), organe dont dépend juridiquement Jean-François Debargue et le Comité catholique contre la faim et le développement (CCFD) disent comprendre et accompagner l'humanitaire "dans son souci d'aller au-delà du simple support matériel et moral à des populations en souffrance, et dans sa volonté d'interpeller (...) le gouvernement français".
Mais le comité "ne peut faire sienne la méthode retenue par ce volontaire dont la radicalité (dirigée contre sa propre personne), va à l'encontre des convictions de ces deux organisations, et met en outre en danger sa santé", selon son communiqué de presse.
Ancienne colonie espagnole, le Sahara occidental a été annexé en 1975 par le Maroc. Il n’a toujours pas de statut juridique définitif. Depuis le cessez-le-feu de 1991, une Mission des Nations Unies pour l’Organisation d’un Référendum au Sahara Occidental (MINURSO) est présente et surveille cette zone. Le plan de paix prévoyant la tenue du référendum d’autodétermination n’est cependant toujours pas appliqué.
Dans cette attente, les Sahraouis réfugiés se sont organisés et luttent pour la reconnaissance de la République Arabe Sahraouie Démocratique (RASD). Ils vivent dans un contexte extrêmement rude et dépendent presque entièrement de l'aide humanitaire internationale (sous mandat du Haut Commissariat pour les Réfugiés), tandis que la communauté internationale se montre "trop silencieuse sur le sort de ces populations", toujours selon le CCFD qui juge cette attitude inacceptable.
Les deux associations manifestent également leur solidarité concrète avec les populations sahraouies en soutenant dans le camp d’El-Aïoun, depuis maintenant près de 15 ans, une exploitation agricole (Ferme Théodore Monod), ainsi que des jardins maraîchers destinés à améliorer l'alimentation des réfugiés. Depuis deux années Jean-François Debargue, ancien agriculteur à Saint-Pierre-sur-Ifs, près de Lisieux apporte "son expertise et sa passion de la justice" tant aux responsables de la ferme Théodore Monod qu’à l’ensemble de la population du camp d’El Aïoun, avec un grand succès sur le terrain, écrit le CCFD dans son communiqué.
Il coordonne sur une dizaine d'hectares un projet complet avec élevage d'ovins et de caprins, production de sorgho, d'orge et de luzerne, de tomates, carottes, salades et autres légumes. Son objectif étant de permettre aux populations des camps de s'approprier ces techniques pour les mettre en place à leur tour et assurer ainsi leur survie.
Mais cette aide matérielle et ce dévouement ne suffisent malheureusement pas à apporter une solution durable à la situation vécue par ces populations réfugiées ; la résolution passe par un appui de la communauté internationale, et notamment de la France, à la mise en oeuvre du plan de paix adopté par les Nations Unies, comprenant l’organisation du référendum d’autodétermination.
France3
humanitaire
15/10/2009
par Catherine BERRA
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